C'est
une bonne nouvelle que la sortie de Trois sublimes canailles
en DVD. Pour l'instant, l’œuvre muette de John Ford n'est pas
encore facilement disponible. Le cinéaste a beaucoup tourné entre
1917 et le début du parlant, mais la plupart de ses films sont
perdus. Son seul film muet disponible est Le Cheval de fer qui
a des points communs avec Trois sublimes canailles. La
conquête de l'ouest y est décrite en tenant compte du point de vue
des petites gens et non des puissants à qui John Ford attribue des
volontés vénales. Le Cheval de fer montrait la construction
d'une ligne de chemin de fer, Trois sublimes canailles se
déroule en 1876 lors de la colonisation du Dakota par les migrants.
Avant
de rencontrer ces canailles, trio aux mines patibulaires mais au cœur
généraux, John Ford présente un jeune migrant d'origine irlandaise
(forcément) qui part dans cette ruée ver l'or. Il rencontre Lee,
une jeune femme décidée et qui porte des pantalons, ce qui à cette
époque ne se faisait pas. Il en tombe immédiatement amoureux, mais
elle résiste. Les chevaux de Lee et de son père sont attaqués par
une bande contrôlée par le shérif local, un homme corrompu et
vicieux. Ce sont les trois canailles qui vont venir en aide à Lee.
Elle décide de les engager dans son convoi malgré leur réputation
et les petits larcins qu'ils ont pu commettre. Ils lui seront fidèles
et dévoués jusqu'au bout.
En
faisant des trois voleurs les héros de son film et du shérif un
homme dépravé, John Ford inverse les valeurs habituels du western.
Il faisait de même dans Le Cheval de fer où un homme
d'affaires voulait s'accaparer le tracé du train pour se faire de
l'argent. Le film est truffé de gags où les trois amis en font voir
des vertes et des pas mûres au shérif et à ses hommes. En
comparaison à leur esprit pittoresque, le jeune blanc-bec irlandais
est très fade. Le morceau de bravoure du film est la course à la
terre où John Ford filme des centaines de chariots et de chevaux
(sans effets spéciaux) avec une inventivité et une force qui
laissent, 90 ans plus tard, toujours pantois et ravis.
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