Vous
avez aimé entendre Meryl Streep chanter du Abba dans Mamma Mia!,
vous avez aimé entendre Meryl Streep chanter de la country dans The
Last show de Robert Altman, vous allez adorer entendre Meryl
Streep chanter du rock dans Ricki and the Flash. Guitare en
main, avec ses quatre musiciens, elle est sur scène dès le début
du film en interprétant (en entier) une chanson de Tom Petty. Ce qui
ne l'empêche pas d’enchaîner avec du Lady Gaga « pour le
public jeune ». Blouson de cuir, tatouages, cheveux tressés,
Ricky est une chanteuse rock qui fait des concerts dans un bouge de
San Fernando Valley (où se déroule aussi We are your friends),
ville monotone de la banlieue de Los Angeles. Caissière le jour,
rockeuse le soir, elle joue pour un public maigre et plus très jeune
depuis une quinzaine d'années. Elle sort avec Greg son lead
guitar, qu'elle taquine sur scène au lieu de lui faire des
grandes déclarations.
Ricki
s'appelle en vérité Linda et son ex-mari Pete Brummell (Kevin Kline
que je n'avais pas vu dans un film depuis des siècles) l'appelle
pour lui annoncer que leur fille Julie ne va pas très bien. Ricky
file à Indianapolis pour la soutenir. Là, on découvre la vie que
Linda-Ricki a abandonné depuis 25 ans. Une vie en résidence haut de
gamme alors qu'elle vit dans un minuscule appartement, un frigo bien
rempli alors qu'elle mange des hamburgers, une vie bien rangée alors
qu'elle a choisi d'être Bohème. Si la rencontre avec Pete se passe
bien, les retrouvailles avec sa fille abandonnée enfant sont
explosives. Pires sont celles avec ses deux fils. L'un ne veut pas
lui annoncer son prochain mariage de peur qu'elle le gâche, l'autre
a toujours souffert qu'elle n'accepte jamais son homosexualité et
refuse de lui parler. Linda se revendique Républicaine dans sa
frange la plus réac, celle des bien-nommés « Neo-con ».
Le
film de Jonathan Demme est construit sur un schéma bien classique
des retrouvailles difficiles, de la réconciliation suivie par la
rupture brutale et amère en milieu de film pour arriver au finale où
tout le monde s'embrasse et danse sur un morceau de Bruce
Springsteen. Conservateurs et progressistes, gay et hétéro, noirs
et blancs, Sprinsteen et Gaga peuvent s'entendre. Le film serait
d'une démagogie éprouvante sur les différents franges des
Etats-Unis qui peuvent se réconcilier grâce à leur bien commun, la
musique donc, sans le génie de Meryl Streep et Kevin Kline (et des
autres acteurs) pour faire passer la pilule. Leur jeu permet
d'insuffler un peu d'ironie (on rit beaucoup) dans ce message très
unanimiste et convenu. Dans la grande tradition du cinéma
hollywoodien, les personnages s'améliorent. Ricki and the Flash
est un feel good movie, comme on dit, et c'est bien agréable
de voir tout le monde s'amuser sur l'écran.
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