En
1955, Orson Welles accepte de tourner une série de courts
documentaires (26 minutes chacun) titrée Around the world with
Orson Welles. Le cinéaste, qui sortait difficilement de la
production de Mr. Arkadin, a sans doute trouvé là le moyen
de débusquer des financements pour son projet d'adapter Don
Quichotte, tandis que la nouvelle chaîne britannique qui
produisait avait un réalisateur prestigieux pour lancer ses
programmes. Les six documentaires qui se trouvent sur le premier DVD
édité par Carlotta ne se déroulent pas partout dans le monde mais
uniquement en Europe. Les deux premiers sont consacrés au Pays
Basque (Pays Basque, La Pelote basque), à Vienne
(Revisiting Vienna), à Paris (Saint-Germain-des-Près),
à Londres (London) et à Madrid (Spain). Le deuxième
DVD comprend un documentaire de Christophe Cognet sur l'épisode de
Welles consacré à l'affaire Dominici, filmé peu après le procès
du paysan des Basses-Alpes (l'ancien nom des Alpes de Haute
Provence). Dans chaque épisode, Orson Welles apparaît dans son beau
costume noir avec un nœud papillon et un chapeau, souvent avec une
petite caméra portable.
Dans
Pays Basque, il s'intéresse d'abord aux coutumes locales (la
pêche aux pigeons, à la langue, à la frontière qui sépare les
deux régions) avant d'interviewer un berger qui a vécu des années
au Colorado puis une Américaine installée là. On apprend que les
USA avait fait venir de nombreux basques car ce sont d'excellents
bergers. Dans La Pelote basque, il s'intéresse à ce sport
local symbole de leur particularisme, un ado de 11 ans lui apprend
les règles du jeu. Dans Revisiting Vienna, après avoir
célébré les lieux de tournage du Troisième homme, il va
dans la boulangerie Demel où il cause des différentes pâtisseries
qui sont, selon lui, les meilleures du monde. Dans
Saint-Germain-des-Près, il interviewe un excentrique artiste
américain puis filme quelques vedettes (Jean Cocteau, Eddie
Constantine, Juliette Gréco), mais sans les interviewer. Dans
London, il rencontre cinq veuves puis trois soldats à la
retraite qui parlent de leur retraite. Enfin dans Spain, il
filme une corrida, d'abord ses coulisses puis son action, tout en
commentant, en expert, les règles.
La
série s'avère relativement décevante tant les questions que pose
le cinéaste aux gens qu'ils rencontrent sont insipides. Il est
toujours d'accord avec ses interlocuteurs, les flatte parfois et
n'approfondit jamais le sujet, sauf pour la pelote basque et les
pâtisseries. Quand les personnes ont des choses à dire (les soldats
de Londres), il les laisse parler sans intervenir à l'image, mais
parfois, notamment au Pays Basque, il recrée les entretiens. En
champ, on voit les gens s'exprimer dans des courtes phrases puis en
contrechamp, Orson Welles commenter puis poser une autre question à
laquelle la réponse sera toujours aussi brève. Ces contrechamps
semblent tous avoir été recréés ultérieurement (le son, le cadre
et la lumière différents en attestent). Welles et son équipe
devaient filmer avec une seule caméra pour plus de facilité. Cela
donne parfois une impression de fausseté un peu gênante. Cependant,
il est intéressant de voir que Welles s'intéressait à des
personnes en marge, comme lui-même l'a souvent était. On est loin,
à part pour Vienne et Paris, des clichés touristiques.
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