dimanche 6 septembre 2015

Thermae Romae (Hideki Takeuchi, 2012)

 
Tous les chemins mènent à Rome. En revanche, un seul chemin va de la Rome Antique made in Japan à Tokyo en 2012. C'est le voyage qu'accomplit Lucius Modestus (Hiroshi Abe), architecte de thermes romains en 138 après Jésus-Christ, sous le règne de l'empereur Hadrien. L'idée est cocasse, faire jouer des Romains causant japonais dans un décor antique, mais pas moins absurde que dans les péplums hollywoodiens.

Passé ce léger temps d'adaptation, on suit Lucius qui râle (en voix off, il sera le narrateur étonné du film) dans un bain public où il estime que les Romains (joués par des figurants italiens) ne mesurent la chance et l'honneur qu'ils ont de pouvoir se lever dans de si beaux thermes. Il rêve de thermes parfaits, sublimes et grandioses mais l'empereur l'a écarté d'un projet. On l'a attribué à un de ses concurrents.

Ses nouvelles idées, il va les trouver au Japon en 2012. Comment atterrit-il là-bas ? Par une astucieuse faille temporelle qui se trouve dans l'eau. Il est attiré par un tourbillon et se retrouve dans un bain public de Tokyo où les petits vieux qui barbotent semblent à peine étonnés de voir ce grand gaillard complètement à poil surgir de nulle part. Qui plus est qui parle latin. Il observe les méthodes locales, persuadé d'être dans les thermes attenant à ceux du palais impérial et toujours dans la Rome antique.

Il ramène quelques idées : un seau pour s'arroser, un panier pour déposer les tuniques, un rideau pour séparer les pièces. Il fait plusieurs allers-retours entre les deux époques, il découvre les WC qui aspergent les fesses, la baignoire individuelle et d'autres choses que les Japonais connaissent bien. Au Japon, il commet aussi quelques facéties, notamment parce qu'il est toujours nu. Le décalage entre les deux civilisations tourne à l'absurde.

Chaque idée est mise en œuvre à Rome avec les moyens du bord, des bricolages qui composent des gags visuels. Ces anachronismes sont le terreau de l'humour de Thermae Romae, d'abord le regard éberlué de Lucius (ses yeux s’écarquillent comme dans un manga), les gentilles moqueries des Japonais puis du visage plein de jouissance de l'architecte devant le plaisir de s'être bien lavé. Ses rêves de thermes idéaux sont près d'être concrétisés.

Du Japon, il ne ramène pas que des inventions mais aussi la jolie Mami (Aya Ueto), sa guide attitrée à Tokyo. Mangaka désargentée, elle voit dans les aventures temporelles de Lucius l'occasion de créer un manga. Et aussi un petit ami. Pas de chance, elle sera embarquée à Rome en 138. A son tour, elle devra découvrir une époque où tout est différent, à part les thermes qui ressemblent désormais à ceux qu'elle connaît bien.

Lucius Modestus prend vite du galons grâce à ses inventions. L'empereur Hadrien est ravi de ces nouveautés, il lui confie des grands travaux pour créer des bains publics pour le peuple romain, mais la gloire de Lucius fait des jaloux. L’héritier de l'empereur veut s'attribuer sa gloire et complote contre lui. La deuxième moitié du film change de ton, plus sombre mais moins inspirée. Seule l'arrivée des petits vieux, des amis de Mami, apporte un petit sursaut de plaisir.











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