Tous
les chemins mènent à Rome. En revanche, un seul chemin va de la
Rome Antique made in Japan à Tokyo en 2012. C'est le voyage
qu'accomplit Lucius Modestus (Hiroshi Abe), architecte de thermes
romains en 138 après Jésus-Christ, sous le règne de l'empereur
Hadrien. L'idée est cocasse, faire jouer des Romains causant
japonais dans un décor antique, mais pas moins absurde que dans les
péplums hollywoodiens.
Passé
ce léger temps d'adaptation, on suit Lucius qui râle (en voix off,
il sera le narrateur étonné du film) dans un bain public où il
estime que les Romains (joués par des figurants italiens) ne
mesurent la chance et l'honneur qu'ils ont de pouvoir se lever dans
de si beaux thermes. Il rêve de thermes parfaits, sublimes et
grandioses mais l'empereur l'a écarté d'un projet. On l'a attribué
à un de ses concurrents.
Ses
nouvelles idées, il va les trouver au Japon en 2012. Comment
atterrit-il là-bas ? Par une astucieuse faille temporelle qui
se trouve dans l'eau. Il est attiré par un tourbillon et se retrouve
dans un bain public de Tokyo où les petits vieux qui barbotent
semblent à peine étonnés de voir ce grand gaillard complètement à
poil surgir de nulle part. Qui plus est qui parle latin. Il observe
les méthodes locales, persuadé d'être dans les thermes attenant à
ceux du palais impérial et toujours dans la Rome antique.
Il
ramène quelques idées : un seau pour s'arroser, un panier pour
déposer les tuniques, un rideau pour séparer les pièces. Il fait
plusieurs allers-retours entre les deux époques, il découvre les WC
qui aspergent les fesses, la baignoire individuelle et d'autres
choses que les Japonais connaissent bien. Au Japon, il commet aussi
quelques facéties, notamment parce qu'il est toujours nu. Le
décalage entre les deux civilisations tourne à l'absurde.
Chaque
idée est mise en œuvre à Rome avec les moyens du bord, des
bricolages qui composent des gags visuels. Ces anachronismes sont le
terreau de l'humour de Thermae Romae, d'abord le regard
éberlué de Lucius (ses yeux s’écarquillent comme dans un manga),
les gentilles moqueries des Japonais puis du visage plein de
jouissance de l'architecte devant le plaisir de s'être bien lavé.
Ses rêves de thermes idéaux sont près d'être concrétisés.
Du
Japon, il ne ramène pas que des inventions mais aussi la jolie Mami
(Aya Ueto), sa guide attitrée à Tokyo. Mangaka désargentée, elle
voit dans les aventures temporelles de Lucius l'occasion de créer un
manga. Et aussi un petit ami. Pas de chance, elle sera embarquée à
Rome en 138. A son tour, elle devra découvrir une époque où tout
est différent, à part les thermes qui ressemblent désormais à
ceux qu'elle connaît bien.
Lucius
Modestus prend vite du galons grâce à ses inventions. L'empereur
Hadrien est ravi de ces nouveautés, il lui confie des grands travaux
pour créer des bains publics pour le peuple romain, mais la gloire
de Lucius fait des jaloux. L’héritier de l'empereur veut
s'attribuer sa gloire et complote contre lui. La deuxième moitié du
film change de ton, plus sombre mais moins inspirée. Seule l'arrivée
des petits vieux, des amis de Mami, apporte un petit sursaut de
plaisir.
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