Gérard
Lanvin est devenu le « Monsieur Bourru » du cinéma
français. Après Bon rétablissement et son personnage
d'hospitalisé bourru qui ne voulait pas recevoir de visiteurs, voici
Premiers crus et son personnage de vigneron bourru qui ne veut
plus cultiver son raisin. Dans le cinéma français, qui dit bourru,
dit homme au grand cœur. L'un va rarement sans l'autre, c'est un
leçon que donnait Jean Gabin dans ses derniers films et que Gérard
Lanvin prend au pied de la lettre. Voilà son ambition, devenir le
nouveau Jean Gabin.
Pour
montrer que son personnage a un grand cœur, il faut d'abord exposer
tous les malheurs qui tombent sur ce pauvre homme. Quitté par sa
femme cinq ans plus tôt, il a perdu le goût de travailler sa vigne
qui produisait des grands crus depuis des générations. Son vin est
devenu une piquette. Conséquence, les ventes ont chuté et la
faillite est proche. Le banquier menace de saisir la propriété de
Bourgogne. Pire, Edith sa voisine et son adversaire propose de
racheter. Furieux, il va s'expliquer vertement avec elle.
Parlons
maintenant de la famille. La fille (Laura Smet) est devenue
restauratrice. Elle a épousé Marco (Lannick Gautry) que Lanvin a
embauché malgré son absence de qualifications (pas étonnant que
tout périclite). Et le fils Charlie (Jalil Lespert) devenu un
œnologue ultra réputé qui a créé un guide du vins (le Maréchal
car tel est leur nom de famille). Pendant la tournée promo de son
guide, il apprend au détour d'une conversation que son père a fait
faillite. Il ne veut pas reprendre l'exploitation, mais on sait déjà
qu'il le fera (et on devine vite fait qu'il réussira).
Un
fils de vigneron ne peut que devenir vigneron. Son appartement dans
le Marais (?) compte bien moins que la tradition familiale. Il
rechigne à reprendre le flambeau et le caractère bourru de son
paternel ne l'encourage pas. Au contraire, les critiques fusent sur
les méthodes ancestrales que Charlie emploie. Les longs plans qui
survolent les ceps en automne avec leurs feuilles orangées sur
l’assourdissante musique de Jean-Claude Petit, c'est beau comme une
pub Ricoré. On n'a pas le droit de ne pas être ému devant ce
spectacle bucolique. Qu'on se rassure, Charlie deviendra bourru comme
son papa.
Les
disputes père-fils ne sont presque rien comparées à l'autre enjeu
du film : Charlie tombe amoureux de Blanche (Alice Taglioni), la
fille d'Edith. Pas de chance, elle doit se marier avec un Américain
partisan des méthodes industrielles. Non, mais sérieux, ils y
connaissent quoi les Américains en vin ? Ils le boivent comme
du Coca, dit en substance la maman de Blanche. Va-t-il réussir à
faire du bon vin et également vivre avec la femme qu'il aime ?
Gros suspense. Ceux qui s'attendent à voir une fiction de Mondovino,
l'excellent documentaire de Jonathan Nossiter vont se retrouver
devant une bluette bouchonnée.
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