This is Spinal Tap est l’étalon du faux documentaire. Moins loufoque
que The Rutles sur un groupe qui
ressemblerait à The Beatles mais vivrait dans une autre dimension, moins
roublard que Borat. Le genre pourrait
aussi inclure tous ces films de found
footage qui ne sortent que rarement du film d’horreur. La tournée
américaine du groupe anglais de heavy
metal Spinal Tap est au cœur du film. Le film est lancé par le vrai faux
réalisateur du film, Marty DiBergi (Rob Reiner lui-même), qui explique que le
groupe est né en 1964, qu’il a surfé sur la vague du rock pour gamines,
changeant de style au fil des époques pour arriver au heavy metal avec son
cortège de tenues exubérantes et ridicules.
Le
film propose trois sortes de moments. Les entretiens que DiBergi mènent auprès
des cinq membres du groupe, ils racontent leur passé commun, leur ambition,
leur passion pour la musique. Les deux guitaristes, David et Nigel (Michael
McKean et Christopher Guest par ailleurs scénaristes du film), se connaissent
depuis l’enfance, ils sont complémentaires, ils écrivent les chansons ensemble,
comme Lennon et McCartney. Le premier chante, le deuxième fait des solos
mémorables, notamment avec deux guitares et un violon. On comprend assez vite
qu’ils ne sont pas très malins, voire très bas de plafond. Les autres ne valent
guère mieux.
Puisque
le groupe fait une tournée, logiquement ils sont sur scène pour chanter. Les
chansons sont filmées dans leur intégralité. Les paroles sont un mélange de
sexisme puéril (toutes les femmes vont tomber amoureuses) et de mégalomanie
(ils se voient comme des dieux de la musique). Sur scène, ils sont à fond dans
leurs rôles de metalleux, maquillage outrancier, cheveux longs qu’ils agitent,
visages grimaçants. Le comique naît de cette manière de filmer au premier degré
des personnages qui jouent au premier degré. L’ironie bienveillante devant un
spectacle aussi immature et ringard n’en devient que plus évidente.
Enfin,
ce sont les coulisses de la tournée que Rob Reiner filme. La tournée est
foireuse. Leur manager, qui les suit depuis des années, est incompétent. Les
dates s’annulent les unes après les autres, les séances de dédicaces sont
vides. L’ombre des Beatles plane sur le récit : une pochette toute noire
parce que les Fab Four avaient fait l’album blanc, mais surtout la venue
impromptue sur la tournée de Jeannine, la copine du chanteur, pastiche hilarant
de Yoko Ono. Elle veut prendre la carrière de son copain en main. C’est surtout
Nigel, le vieux pote de David, qu’elle entend évincer, elle veut détruire le
couple que David formait avec son lead guitar.
La
tournée est une catastrophe et les nouvelles solutions qu’apporte Jeannine vont
encore plus plonger le groupe dans la débâcle. Férue d’astrologie, elle propose
de faire des costumes qui reprendront leur signe du zodiaque. Elle trouve de
nouvelles dates pour un public peu réceptif au hard rock menant à la rupture
entre David et Nigel. Dernier détail, quelques caméos amusants, Fran Drescher
(d’Une nounou d’enfer) en attachée de presse, Patrick McNee (John Steed), Billy
Chrystal en mime et Anjelica Huston en décoratrice. Constamment crédible et
férocement drôle, This is Spinal Tap
est un chef d’œuvre qui n’a pas pris une ride.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire