C'est
le dépaysement total pour Géraldine quand elle arrive au Sénégal.
Son téléphone n'a pas de réseau, elle veut faire la bise mais on
ne dit pas bonjour comme ça, elle offre du parfum à sa mère qui
n'en met plus à cause des moustiques. Un homme lui dit, pendant son
attente, qu'elle devrait se mettre au bon tempo, celui de l'Afrique.
Elle ne comprend pas cette mentalité, ça viendra. Séquence
d'ouverture sous le signe de l'humour.
Géraldine
est venue apporter des médicaments à ses parents. Pharmaciens, ils
ont ouvert un dispensaire en pleine brousse. Quand Géraldine arrive,
après plusieurs heures de route et autant de retard, elle veut
reprendre l'avion immédiatement. Elle se rend compte que sa grande
sœur Alice est aussi là. Elle ne lui parle plus depuis douze ans.
On lui fait comprendre, sans prendre de gants, que cette dispute et
ces caprices n'ont pas leur place ici.
Africaine
est autant un portrait croisé de ces deux sœurs, l'une blonde
l'autre brune, qui sont fâchées (on en connaît l'explication
depuis la scène d'ouverture) que le portrait d'un Sénégal
mystérieux que veut découvrir Géraldine. Cette Afrique l'attire
autant qu'elle lui fait peur. Elle doit d'abord perdre ses habitudes
de jeune parisienne qui peut faire ce qu'elle veut quand elle veut.
Elle doit ensuite se réconcilier et recoller les morceaux.
L'Afrique
que montre Stéphanie Girerd est multi-culturelle. Auguste, le
gardien de la maison, est un chrétien avec beaucoup d'humour. Il a
un pansement sur l’œil droit. Le marabout le soigne parce qu'il ne
croit pas à la médecine des blancs. Fatti, employée à la
pharmacie, est musulmane mais elle respecte les croyances des
anciens. C'est justement ces anciens qui attirent Géraldine. Elle
n'a qu'une envie : rencontrer le marabout et aller dans la forêt
sacrée. On lui déconseille.
Tout
le récit d'Africaine est traversé par l'idée du conte.
Géraldine écrit des livres pour enfants. Un écolier lui dit
qu'elle est une sorte de griot. Sa sœur s'appelle Alice comme chez
Lewis Carroll. La cinéaste filme son entrée dans la forêt sacrée
comme dans un rêve éveillé. Les ombres de baobabs se reflètent
sur les pas de la jeune femme comme pour l'avertir qu'un danger peut
la menacer, qu'elle devrait rebrousser chemin.
Parisienne
à son arrivée, et ignorante de tout, Géraldine semble vouloir
devenir plus africaine qu'une africaine. Sa transformation radicale
pendant le film a de quoi effrayer. Auguste et Fatti ont beau lui
demander de ne pas se frotter de trop près aux croyances, elle n'en
fait qu'à sa tête. Le film crée une tension de plus en plus forte
au fur et à mesure que son personnage se métamorphose et qu'elle
met en danger sa sœur aînée. Africaine a lors des allures
de film fantastique.
Africaine,
premier long-métrage de Stéphanie Girerd est passé un peu inaperçu
lors de sa sortie en février 2015. Il passe depuis de salles en
salles, est programmé dans des festivals, où la cinéaste vient
présenter son film. Il faut être à l’affût d'une séance près
de chez vous.
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