Comme
Ridley Scott (Legend),
Ron Howard (Willow),
Wolfgang Petersen (L'Histoire
sans fin) ou Richard Donner
(Ladyhawke),
Rob Reiner s'est lancé dans un difficile pari cinématographique,
raconter un conte. C'était la mode dans ces années 1980. La
trouvaille du cinéaste est de commencer aujourd'hui (dont en 1987)
avec un plan sur un jeu vidéo auquel joue un jeune garçon malade
(Fred Savage). Son grand-père (Peter Falk), cheveux gris et lunettes
vient lui rendre visite et lui propose de lire un livre. Berk, un
livre, dit le gamin qui ne sait pas encore que le pouvoir de
narration du grand-père le portera vers un univers qu'il ne connaît
pas encore mais qui le tiendra en haleine. L'enfant, prêt à
accepter ce récit, c'est le spectateur qui sommeille en chacun de
nous. Il est prêt à ce que la réalité soit abolie tant que les
rebondissements soient contés comme il faut.
Le
conte Princess Bride
commence par un romantisme niais. La princesse Bouton d'Or (Robin
Wright) se fait servir par Westley (Cary Elwes) son garçon de ferme
qui dans un regard langoureux sur un chromo orangé ne répond que
par « as you wish » (comme il vous plaira). Le garçon
interrompt son grand-père – et le spectateur de cinéma est
d'accord avec lui - « on non pas encore un baiser ». Car,
oui, pourquoi encore raconter sans cesse la même histoire de la
princesse et du fermier pauvre. Il faut passer à autre chose. Ce
second départ qu'amorce Peter Falk, c'est la mort soudaine du valet,
parti faire fortune dans une autre contrée pour pouvoir épouser la
belle. Pas fou, le fils du roi du coin (Chris Sarandon) au nom
(Humperdinck) et à l'accoutrement ridicules (celui du prince
charmant) décide d'épouser Bouton d'Or, puisqu'elle est la plus
belle femme du royaume.
Ce
nom et cette tenue sont le premier grain de sable qui vient enrayer
les rouages du conte du grand-père. Et ce sera toute une galerie de
personnages engagés dans des situations pittoresques qui vont
émailler le récit. D'abord, on a bien remarquer que Rob Reiner
accepte l'imagerie du conte. Lors de la présentation de la future
princesse aux sujets du roi, on a pu voir ce dernier sur le balcon
désigné comme dans les lieux les plus communs, grande barbe
blanche, tunique ornée de joyaux et couronne dorée. Plus tard dans
le film, on se rendra compte que ce vieux souverain est complètement
gâteux. Ainsi, les clichés sur le conte, une fois qu'ils sont
énoncés et présentés au spectateur, sont tous retournés pour
créer un effet comique. On est en terrain connu mais tout va se
désintégrer petit à petit, pour le plus grand plaisir du
spectateur.
On
continue avec trois brigands pas très malins. Leur chef se présente
comme un grand stratège (Wallace Shawn), il donne des ordres au
géant Fezzik (André The Giant) et à Inigo Montoya (Mandy
Patinkin). Le trio décide de capturer Bouton d'Or. Ils vont vite
être poursuivis par Robert le Pirate et par l'armée du Prince.
Inigo est le personnage le plus cocasse, veut se venger de son père
(référence à Conan le Barbare, autre conte de l'époque) en
répétant sans cesse la même phrase devenue culte (pour le coup, la
formule n'est pas galvaudée). Son ennemi est un mercenaire qui a six
doigts à la main droite. Comme par hasard, cet homme (Christopher
Guest) est le bras droit vicieux du prince Humperdinck. Sa grande
passion est d'écouter la douleur des gens qu'il fait torturer. Au
fil des aventures, on rencontrera un tortionnaire albinos (Mel
Smith), un sorcier vérolé (Billy Crystal) et sa femme (Carol Kane)
et un étrange prêtre (Peter King).
La
force de l'humour de Princess
Bride tient à un principe
aussi simple qu'efficace : jouer avec le plus grand sérieux des
choses insensées. Pas d'anachronismes (à la Monty Python) ni de
parodie (ce « lampoon » typiquement américain à la Mel
Brooks) pour créer et réussir des gags. Le plus intéressant dans
Princess Bride
est le ton de plus en plus noir qui se développe tandis que le
nombre de gags ne cessent d'augmenter. Un film sans aucune mièvrerie
que l'on peut regarder sous plusieurs degrés. Ce qui a, en revanche,
particulièrement mal vieilli, c'est la musique de Mark Knopfler avec
ses claviers simplistes. Princess
Bride peut constituer, dans le
cinéma de Rob Reiner, une trilogie sur les « amours
contrariées ». Le second volume en sera Quand
Harry rencontre Sally et le
troisième Misery.
dans chacun, le rapport à la narration est original. Après Princess
Bride, tous les contes avec
des princesses ont paru ringards.
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