samedi 26 septembre 2015

Princess Bride (Rob Reiner, 1987)

 
Comme Ridley Scott (Legend), Ron Howard (Willow), Wolfgang Petersen (L'Histoire sans fin) ou Richard Donner (Ladyhawke), Rob Reiner s'est lancé dans un difficile pari cinématographique, raconter un conte. C'était la mode dans ces années 1980. La trouvaille du cinéaste est de commencer aujourd'hui (dont en 1987) avec un plan sur un jeu vidéo auquel joue un jeune garçon malade (Fred Savage). Son grand-père (Peter Falk), cheveux gris et lunettes vient lui rendre visite et lui propose de lire un livre. Berk, un livre, dit le gamin qui ne sait pas encore que le pouvoir de narration du grand-père le portera vers un univers qu'il ne connaît pas encore mais qui le tiendra en haleine. L'enfant, prêt à accepter ce récit, c'est le spectateur qui sommeille en chacun de nous. Il est prêt à ce que la réalité soit abolie tant que les rebondissements soient contés comme il faut.

Le conte Princess Bride commence par un romantisme niais. La princesse Bouton d'Or (Robin Wright) se fait servir par Westley (Cary Elwes) son garçon de ferme qui dans un regard langoureux sur un chromo orangé ne répond que par « as you wish » (comme il vous plaira). Le garçon interrompt son grand-père – et le spectateur de cinéma est d'accord avec lui - « on non pas encore un baiser ». Car, oui, pourquoi encore raconter sans cesse la même histoire de la princesse et du fermier pauvre. Il faut passer à autre chose. Ce second départ qu'amorce Peter Falk, c'est la mort soudaine du valet, parti faire fortune dans une autre contrée pour pouvoir épouser la belle. Pas fou, le fils du roi du coin (Chris Sarandon) au nom (Humperdinck) et à l'accoutrement ridicules (celui du prince charmant) décide d'épouser Bouton d'Or, puisqu'elle est la plus belle femme du royaume.

Ce nom et cette tenue sont le premier grain de sable qui vient enrayer les rouages du conte du grand-père. Et ce sera toute une galerie de personnages engagés dans des situations pittoresques qui vont émailler le récit. D'abord, on a bien remarquer que Rob Reiner accepte l'imagerie du conte. Lors de la présentation de la future princesse aux sujets du roi, on a pu voir ce dernier sur le balcon désigné comme dans les lieux les plus communs, grande barbe blanche, tunique ornée de joyaux et couronne dorée. Plus tard dans le film, on se rendra compte que ce vieux souverain est complètement gâteux. Ainsi, les clichés sur le conte, une fois qu'ils sont énoncés et présentés au spectateur, sont tous retournés pour créer un effet comique. On est en terrain connu mais tout va se désintégrer petit à petit, pour le plus grand plaisir du spectateur.

On continue avec trois brigands pas très malins. Leur chef se présente comme un grand stratège (Wallace Shawn), il donne des ordres au géant Fezzik (André The Giant) et à Inigo Montoya (Mandy Patinkin). Le trio décide de capturer Bouton d'Or. Ils vont vite être poursuivis par Robert le Pirate et par l'armée du Prince. Inigo est le personnage le plus cocasse, veut se venger de son père (référence à Conan le Barbare, autre conte de l'époque) en répétant sans cesse la même phrase devenue culte (pour le coup, la formule n'est pas galvaudée). Son ennemi est un mercenaire qui a six doigts à la main droite. Comme par hasard, cet homme (Christopher Guest) est le bras droit vicieux du prince Humperdinck. Sa grande passion est d'écouter la douleur des gens qu'il fait torturer. Au fil des aventures, on rencontrera un tortionnaire albinos (Mel Smith), un sorcier vérolé (Billy Crystal) et sa femme (Carol Kane) et un étrange prêtre (Peter King).

La force de l'humour de Princess Bride tient à un principe aussi simple qu'efficace : jouer avec le plus grand sérieux des choses insensées. Pas d'anachronismes (à la Monty Python) ni de parodie (ce « lampoon » typiquement américain à la Mel Brooks) pour créer et réussir des gags. Le plus intéressant dans Princess Bride est le ton de plus en plus noir qui se développe tandis que le nombre de gags ne cessent d'augmenter. Un film sans aucune mièvrerie que l'on peut regarder sous plusieurs degrés. Ce qui a, en revanche, particulièrement mal vieilli, c'est la musique de Mark Knopfler avec ses claviers simplistes. Princess Bride peut constituer, dans le cinéma de Rob Reiner, une trilogie sur les « amours contrariées ». Le second volume en sera Quand Harry rencontre Sally et le troisième Misery. dans chacun, le rapport à la narration est original. Après Princess Bride, tous les contes avec des princesses ont paru ringards.














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