Une
grande voiture break jaune arrive derrière un couple en train de
s'embrasser. Université de Chicago en 1977, fin des études. Sally
Albright (Meg Ryan) vient chercher Harry Burns (Billy Crystal) pour
se rendre à New York. Sally propose de conduire en alternance sa
voiture. 18 heures pour faire les 850 km. Que faire pendant tout ce
temps ? Discuter, tout simplement et, très vite, les caractères
de Sally et Harry s'opposent totalement. Harry, qui embrassait sa
copine dans la première scène, a une conception des rapports entre
les hommes et les femmes qui fait se dresser les cheveux de Sally. Il
est convaincu que les hommes ne peuvent pas être amis avec les
femmes parce qu'ils veulent coucher avec elles, qu'elles soient
séduisantes, comme Sally, ou pas. La traversée finie, ils se
serrent la main persuadés qu'ils ne se verront plus jamais. Comment
se rencontrer par hasard dans une ville de huit millions
d'habitants ? Ils se croisent en 1982 dans un terminal
d'aéroport, puis en 1987 dans une librairie. Chacun expose l'échec
de sa vie maritale et ils décident de boire un verre ensemble.
Que
l'on découvre Quand Harry rencontre Sally ou pas, on sait
exactement comment l'amitié entre Harry et Sally va se terminer :
bien, très bien même. Rob Reiner et sa scénariste Nora Ephron ne
cachent pas qu'ils veulent que le duo finisse en couple. L'important
pour eux est le chemin qui les mènent jusque là. L'inspiration
vient des comédies classiques de l'âge d'or du cinéma américain.
Harry Burns aimerait se prendre pour Humphrey Bogart dans Casablanca.
Il le cite littéralement en exemple, argumentant sur le dialogue
final et sur le fait qu'Ingrid Bergman ne le suive pas. Ils
regarderont le film ensemble, mais séparés, chacun dans son
appartement en train de se téléphoner. Seulement voilà, la seule
chose que Harry Burns partage avec Humphrey Bogart, ce sont ses
initiales. Le film se tourne plutôt vers ces comédies débridées
où les rencontrent se soldent par une succession de grosses disputes
et de malentendus avant de s'aimer vraiment : La Huitième
femme de Barbe-Bleue d'Ernst Lubitsch, Désir de Frank
Borzage ou L'Impossible Monsieur Bébé d'Howard Hawks.
Connaître
la fin du récit est l'obsession de Harry. Il commence toujours un
roman par la fin par peur de ne pouvoir la lire au cas où il meurt.
Cet élément placé dès le début du film fait de lui le narrateur
du film. Il observe pendant tout le film Sally avec ses petites
manies bien étranges, comme celle, hilarante, de toujours vouloir
qu'on lui serve ses plats avec les éléments séparés. Sally veut
tout séparer, et notamment séparer l'amitié de l'amour. Mais ce
sont ces petites manies qui créent le personnage et façonnent leur
lien. Harry les récapitulera tous dans sa déclaration d'amour. On
entend la chanson de Louis Armstrong et Ella Fitzgerald Let's call
the whole thing, ritournelle sur deux amoureux aux opinions
divergentes, chanson immédiatement mise en opposition avec It had to
be you de Frank Sinatra. Même les classiques de la chanson savent
comment tout cela va se terminer. Pour appuyer encore plus
l'inéluctable, la trouvaille est de faire parler face à la caméra
quelques couples, en mode documentaire, sur leur rencontre et la
longueur de leur mariage. On se doute bien quel couple conclura le
film.
Mais
en attendant que le couple se forme, Harry et Sally discutent et se
disputent. Beaucoup. Très souvent ensemble, parfois avec leurs
meilleurs amis. La confidente de Sally est Marie (Carrie Fisher) qui
attend éternellement qu'un certain Arthur veuille enfin quitter sa
femme pour elle (ça n'arrivera pas, lui répond chaque fois Sally).
Le meilleur ami de Harry est Jess (Bruno Kirby) journaliste avec qui
il partage une passion pour le sport. Bons samaritains, Sally se
propose de sortir avec Jess et Harry avec Marie dans un dîner à
quatre épique où finalement Jess va tomber amoureux de Marie. Et
quand ils discutent de sexe, Sally simule un orgasme dans un
restaurant pour bien montrer à Harry qu'il n'est peut-être pas le
bon coup qu'il prétend être. C'est sans aucun doute cette séquence
qui est la plus connue du film. Parfois, le duo chante dans un
magasin de karaoké où se trouve également l'ex-femme de Harry
transformant une scène joviale en tragédie. Le film passe d'un
registre à l'autre, alterne les tons, avec une élégance et une
facilité que ne retrouvera jamais Nora Ephron dans ses scénarios
suivants (Nuits blanches à Seattle ou Vous avez un
message). Ce second volume des « amours contrariées »
en forme de comédie sophistiquée se poursuivra dans la terreur avec
Misery.
2 commentaires:
Je suis ravie de vous retrouver sur la toile ! Merci d'être revenu.
Merci à vous !
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