Free
State of Jones (Gary Ross, 2016)
Tiré
d'une histoire vraie (1). Dans ce film du réalisateur du premier
Hunger games (le meilleur de la franchise) et de
Pleasantville, on apprend pas mal de choses sur la Guerre de
Sécession. D'abord que certains sudistes, tel ce personnage de
Newton Knight qu'incarne Matthew McConaughey, sont opposés à la
guerre et à l'esclavage. C'est la raison de sa désertion. Il
apprend à ses amis soldats que le gouvernement confédéré exempte
d'armée ceux qui possèdent des esclaves. Une guerre pour les riches
et non pour l'honneur. On apprend que ce sont les Démocrates qui ont
instauré les lois de ségrégation dans les états du sud (ceci,
Selma le rappelait aussi). Or notre héros est Républicain,
comme l'était le président Lincoln. On apprend aussi, qu'une fois
l'esclavage aboli, ces états ont inventé une loi sur
l'apprentissage obligatoire pour faire travailler les Noirs sans les
payer. Et enfin, on apprend l'existence de cet état libre de Jones
fondé, non sans mal, par des pacifistes / abolitionnistes /
adversaires de la ségrégation au beau milieu des marais de l'état
du Mississippi. Le film fonctionne sur le réalisme le plus cru
possible. Un peu trop long mais pas mal.
Blair
witch (Adam Wingard, 2016)
Tiré
d'une histoire vraie (2). Ce dernier avatar du film en mode found
footage repose sur une aberration initiale : l'un des
personnages cherche à retrouver sa sœur Heather, 20 ans après,
l'une des protagonistes du Projet Blair witch (1999).
Aberration parce que du coup, le film se place comme une suite
directe et ne prend même pas la peine de ménager du suspense sur
les raisons de cette troisième visite dans la forêt maudite. On a
du mal à croire qu'il ait réussi à embarquer trois de ses potes en
leur disant « hey, ma sœur est vivante depuis 20 ans, allons
vite la retrouver dans une forêt infestée par une sorcière ».
Pour le reste, on double les personnages (de 3 à 6), on multiplie
les caméras (2 en 1999, un drone, des caméscopes, des go-pros et
des caméras oreillettes en 2016). Toutes ces images donnent encore
plus mal à la tête, il y en a beaucoup trop. Le film détourne
l'idée de 1999 où tous tournaient en rond, là, c'est le temps qui
se dérègle. Pour certains, le trip dure des jours, pour d'autres
quelques minutes. Mais peut-on encore croire à un film found
footage ?
La
Danseuse (Stéphanie Di Giusto, 2016)
Tiré
d'une histoire vraie (3). Dans mon texte sur les
films Lumière, j'avais mis des images d'une danse serpentine
filmée en 1897. C'était Loïe Fuller, l'héroïne de La
Danseuse. Soko lui prête ses
traits avec le souffle haletant à chaque dialogue, nouvel écueil du
cinéma réaliste français qui veut donner de l'émotion à chaque
instant. Mademoiselle Fuller est l'inventrice de cette superbe danse,
épuisante mais hypnotique, que la réalisatrice s'échine à ne
jamais filmer in extenso en alternant plans d'ensemble où l'on peut
bien voir la magie du numéro et plans en immersion comme en caméra
subjective. La première partie du film est passionnante. Fuller est
filmée en plein processus de création et, pour une fois dans un
biopic artistique, tout est tangible. La financement, la douleur,
l'inventivité. Dans la deuxième partie, c'est la confrontation avec
Isadora Duncan (que joue Lily-Rose Depp) qui est au centre du récit.
Tout est appuyé, convenu et superficiel.
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