dimanche 11 septembre 2016

La Troisième partie de la nuit (Andrzej Zulawski, 1971)

En découvrant pour la première fois La Troisième partie de la nuit, j'ai beaucoup pensé aux débuts de Paul Verhoeven. Les deux cinéastes ont tous les deux fait leur études en France avant de revenir chez eux pour leurs premiers films en 1971, Paul Verhoven dans sa pudibonde monarchie des Pays-Bas, et Andrzej Zulawski dans la sinistre république soviétique de Pologne. Ces hasards chronologique et biographique sont une chose, l'énergie et la fougue de la mise en sont une autre et La Troisième partie de la nuit, tout comme Business is business, sont gorgés de cette énergie, de cet enthousiasme du premier long-métrage.

C'est dans la campagne polonaise que se déroule le film, à l'époque de la naissance du cinéaste (1942). Le pays est occupé par l'armée nazie et des soldats assassinent, devant ses yeux, Helena (Malgorzata Braunek) l'épouse, Lucas le tout jeune fils et la mère de Michal (Leszek Teleszyński). Michal était simplement allé se promener dans les bois avec son père (qui n'avait jamais accepté cette bru), ce devait être une après-midi calme et elle se termine dans le sang et la mort. L'ouverture du film se faisait sur une lecture par Helena d'un extrait de l'Apocalypse (« et le premier ange sonna de la trompette »), comme une annonciation de leur fin.

Dire que j'ai tout compris au scénario serait un peu trompeur. Michal se déplace en ville pour entrer en résistance et cherche un réseau. Ce sera un chef surnommé L'Aveugle qui le recevra. Au détour d'une rue, dans une cour d'immeuble et dans un escalier d'un immeuble, il est poursuivi par la Gestapo. Michal porte un pardessus jaune et un chapeau qui me fait irrémédiablement penser à Alan Delon dans Le Samouraï. Il traverse les rues en courant, désorienté, hagard, le bras blessé et le manteau taché de sang. Un homme dans cet escalier, portant le même pardessus, est alors arrêté par la police à sa place.

Andrzej Zulawski élabore un double récit avec un second personnage que joue Malgorzata Braunek, un double de Helena que Michal va approcher et aider à mettre au monde son nouveau né (une naissance sans trucage), puis faire accueillir chez sa sœur nonne. Marta, ce double vivant et donnant vie, renvoie Michal à ses souvenirs, à cette vie avec Helena, et Andrzej Zulawski brode deux histoires parallèles qui se répondent et se contredisent en tout liberté pour créer un palimpseste de film fantastique heurté et hiératique qui évoque les scènes oniriques des films de Paul Verhoeven, notamment celles des meurtres dans ses tous premiers films.

Trois éléments de La Troisième partie de la nuit scandent les dialogues. Tout d'abord la musique, une composition mêlant classique et riffs stridents de guitare. L'effet pour un film d'époque est détonnant. Ensuite, ce sont ces portes (un hommage à celles de La Prisonnière du désert ?) qui émaillent les plans, des ouvertures vers un autre monde. Enfin, c'est l'élevage de poux, unique moyen de survie pour Michal. Tout le monde parle des poux, on les voit accrochés aux jambes des cobayes, on les voit être nourris avec une seringue. Le film est un peu trop long pour me passionner constamment, mais il est quand même très fort. Ça me plaît de découvrir les films de Zulawski.






















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