En
découvrant pour la première fois La Troisième partie de la
nuit, j'ai beaucoup pensé aux débuts de Paul Verhoeven. Les
deux cinéastes ont tous les deux fait leur études en France avant
de revenir chez eux pour leurs premiers films en 1971, Paul Verhoven
dans sa pudibonde monarchie des Pays-Bas, et Andrzej Zulawski dans la
sinistre république soviétique de Pologne. Ces hasards
chronologique et biographique sont une chose, l'énergie et la fougue
de la mise en sont une autre et La Troisième partie de la nuit,
tout comme Business is business, sont gorgés de cette
énergie, de cet enthousiasme du premier long-métrage.
C'est
dans la campagne polonaise que se déroule le film, à l'époque de
la naissance du cinéaste (1942). Le pays est occupé par l'armée
nazie et des soldats assassinent, devant ses yeux, Helena (Malgorzata
Braunek) l'épouse, Lucas le tout jeune fils et la mère de Michal
(Leszek Teleszyński). Michal était simplement allé se promener
dans les bois avec son père (qui n'avait jamais accepté cette bru),
ce devait être une après-midi calme et elle se termine dans le sang
et la mort. L'ouverture du film se faisait sur une lecture par Helena
d'un extrait de l'Apocalypse (« et le premier ange sonna de la
trompette »), comme une annonciation de leur fin.
Dire
que j'ai tout compris au scénario serait un peu trompeur. Michal se
déplace en ville pour entrer en résistance et cherche un réseau.
Ce sera un chef surnommé L'Aveugle qui le recevra. Au détour d'une
rue, dans une cour d'immeuble et dans un escalier d'un immeuble, il
est poursuivi par la Gestapo. Michal porte un pardessus jaune et un
chapeau qui me fait irrémédiablement penser à Alan Delon dans Le
Samouraï. Il traverse les rues en courant, désorienté, hagard,
le bras blessé et le manteau taché de sang. Un homme dans cet
escalier, portant le même pardessus, est alors arrêté par la
police à sa place.
Andrzej
Zulawski élabore un double récit avec un second personnage que joue
Malgorzata Braunek, un double de Helena que Michal va approcher et
aider à mettre au monde son nouveau né (une naissance sans
trucage), puis faire accueillir chez sa sœur nonne. Marta, ce double
vivant et donnant vie, renvoie Michal à ses souvenirs, à cette vie
avec Helena, et Andrzej Zulawski brode deux histoires parallèles qui
se répondent et se contredisent en tout liberté pour créer un
palimpseste de film fantastique heurté et hiératique qui évoque
les scènes oniriques des films de Paul Verhoeven, notamment celles
des meurtres dans ses tous premiers films.
Trois
éléments de La Troisième partie de la nuit scandent les
dialogues. Tout d'abord la musique, une composition mêlant classique
et riffs stridents de guitare. L'effet pour un film d'époque est
détonnant. Ensuite, ce sont ces portes (un hommage à celles de La
Prisonnière du désert ?)
qui émaillent les plans, des ouvertures vers un autre monde. Enfin,
c'est l'élevage de poux, unique moyen de survie pour Michal. Tout le
monde parle des poux, on les voit accrochés aux jambes des cobayes,
on les voit être nourris avec une seringue. Le film est un peu trop
long pour me passionner constamment, mais il est quand même très
fort. Ça me plaît de découvrir les films de Zulawski.
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