Les
deux jeunes héros de Gosses de Tokyo
aiment beaucoup l’école. Ils aiment y aller, ils aiment en revenir, c’est entre
les deux qu’ils aiment moins, disent-ils sérieusement à leurs parents amusés.
Le père vient d’emménager dans un pavillon de banlieue et habite désormais dans
le même quartier que son patron. La mère prépare aux deux frères leur bento pour le repas du midi. Direction
l’école mais ils rechignent quand ils font face à une bande de sept écoliers
avec lesquels ils s’étaient déjà disputés. Les deux gamins décident de faire
l’école buissonnière mais, pour pas se faire gronder par les parents, notent
eux-mêmes leur devoir de calligraphie. Le père l’apprend par l’instituteur et
leur fait la morale : pour être important, il faut aller à l’école.
Etre
important est donc le sens de la vie dans ce Japon de 1932. Les règles sont les
mêmes pour les écoliers comme pour les employés. Yasujiro Ozu compare le
travail à l’école et le boulot des salarymen.
Avec quelques travellings latéraux, il passe d’un lieu à un autre montrant des
attitudes similaires et de la lassitude à respecter ces règles intangibles
apprises depuis toujours. Par exemple, tous font de la gym, les enfants
obéissent comme des soldats. On découvre que le patron a filmé ses employés en
train de faire des exercices mais aussi le père en train de faire des grimaces.
Cela navre les deux enfants qui en concluent que leur père n’est pas un homme important :
il amuse la galerie mais pas du tout ces deux fils. Cela les chagrine d’autant
plus que le fils du patron est l’un de leur camarade de classe et qu’il est
dans le gang ennemi.
Le
film est clairement divisé en deux parties. La première montre les enfants
vivre dans la confrontation avec leurs sept autres camarades : bagarres,
menaces, peur, rejet. En dehors de l’école, ils ont leur propre code (un doigt
pointé, tu meurs, une paume en avant, tu revis) qui établit la hiérarchie et
que les parents ne peuvent pas comprendre. Galvanisé par leur père, les deux
frères vont évincer le chef de bande et prendre le pouvoir. Mais déçu par la
position sociale de leur père, ils vont décider d’imposer leur règle au foyer
et d’affronter leur père, notamment avec une grève de l’obéissance. Cette
deuxième partie montre avec mélancolie, mais également beaucoup d’humour, le
dur apprentissage des règles sociales. La scène finale de Gosses de Tokyo est tout en tendresse où tous les enfants
deviennent amis. Mais on sent que le cinéaste n’est pas dupe de cette
entente soudaine et forcée.
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