Pascal
Chaumeil est décédé le 27 août 2015 et il laisse quatre films.
Pour Un petit boulot, il revenait avec Romain Duris qui avait
enchanté L'Arnacoeur en 2010 (le plus gros succès public du
comédien) et s'adjoint les services de Michel Blanc, ici au scénario
et aux dialogues mais aussi dans l'un des deux rôles principaux.
Passée une courte présentation de Jacques où Romain Duris, en voix
intérieure, explique sa situation, le film se lance dans son projet.
Cette situation, que l'on voit dans la bande annonce est simple,
Jacques se retrouve au chômage, sa femme le quitte et il ne lui
reste que ses deux potes losers, Tom (Gustave Kervern) et Jeff
(Charles Dupont).
Dans
ce genre de petite ville du Nord que le cinéma français se plaît à
utiliser comme décor pour décrire la misère du monde (enfin de la
France), la vie se résume donc à aller au café (joli tour de
divination des chiffres du loto) à boire des Chinon, à s'affaler
dans le clic-clac de son appart (les huissiers ont pris tout le
mobilier) et à traîner dans la station service où bosse Tom (qui
permet à Jacques de piquer deux ou trois trucs). Le ton est
résolument celui de la comédie et l'entretien d'embauche par Gardot
(Michel Blanc) se fait en deux minutes, sur un air innocent dans un
resto « tu veux tuer ma femme ? », ah ben oui, ça
fait un peu d'argent même si Jacques a un peu de remords, mais pas
trop.
Ce
retour à la comédie pour les deux acteurs (tant mieux) rappelle le
rythme des films de Bertrand Blier (enfin, certains, pas tous) où il
faut forcer à tout prix le récit et ne pas s'encombrer du poids du
réalisme social présent en écho avec des personnages secondaires,
tel cet inspecteur de Motul (Alex Lutz) intransigeant avec les gilets
à porter dans la station service et les produits à mettre en tête
de gondole. Tel ce décor improbable de salle de poker, le repère de
Gardot au milieu d'une forêt où un étrange chauffeur conduit
Jacques après l'avoir réveillé en sursaut, sorte de gag récurrent,
comme celui du son du revolver quand il abat ses cibles.
Malgré
quelques écueils, notamment à cause de son grand nombre de
personnages secondaires, Un petit boulot poursuit son buddy
movie en prenant comme parti d'approcher les scènes clés de ce
genre de film de tueur à gages et d'en faire exploser les ressorts.
Ainsi, cette visite à la Brigade criminelle où Jacques est
trimballé de pièces en pièces, chaque flic ne comprenant pas ce
qu'il fait là. Ou encore le passage aux Baléares à la recherche
d'un fusil plein de pisse. Et pour une fois, la romance, avec Alice
Belaïdi en joueuse de billard, n'est pas cucul la praline. Bref,
l'ultime film de Pascal Chaumeil est une comédie bien troussée.
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