samedi 3 septembre 2016

Happy together (Wong Kar-wai, 1997)

1997. Cette année-là est celle de la rétrocession de la colonie britannique à la Chine et c’est tout naturellement que le scénario de Wong Kar-wai parle d’un voyage à l’autre bout du monde, loin de Hong Kong et des rues encombrées, de son bruit permanent et de l'agitation poltique, à Buenos Aires et encore plus loin, au Nord aux cascades d’Iguazu ou au sud à Ushuaia. Le but dans Happy together est de fuir sans que l’on ne sache pourquoi les personnages fuient, si ce n’est pour reprendre leur vie à zéro ou pour simplement ne pas vivre ce Hong Kong incertain décrit juste plus haut.

Deux amants, une voiture, un lieu désert. Po-wing (Leslie Cheung) et Yiu-fai (Tony Leung Chiu-wai) se disputent. Ils se sont perdus en chemin et n’arriveront jamais à destination. Leur couple ne tient pas la route, mais est-on sûr qu’ils sont vraiment en couple. Ils semblent être deux pôles que tout oppose mais comme un aimant, ils sont complémentaires. Cette première partie de voyage, filmée dans un noir et blanc sépia qui évoque un flash-back. Cette errance, métaphore de l’inconnu avant le rattachement à la Chine, s’interrompt brusquement. Le seul souvenir qu’ils ramènent de ce périple est une lampe qui reproduit la cascade.

Retour en ville après leur première séparation. Une longue série de séparations. Fai vit de petits boulots. Il accueille des touristes asiatiques (les harcèlent plutôt) pour qu’ils viennent dans l’hôtel qui l’emploie. Po-wing lui a piqué tout son fric, il ne peut pas bouger. La couleur est arrivée, couleurs criardes aux teintes chaudes, rouge et jaune. Et un jour, Po-wing revient, leur romance reprend. Ils s’embrassent, ils apprennent à danser le tango, ils se caressent. Po-wing reproche à Fai son boulot minable mais est bien content de profiter de sa paie. Leurs disputes sont quotidiennes. Fai dort sur le canapé, Po-wing dans le lit.

Tout est prétexte à des engueulades. Po-wing se fait tabasser un soir où il va draguer. Mais il est vert de jalousie de Fai. Quand ce dernier va lui acheter une cartouche de clopes, Po-wing s’énerve, les balance à terre et quitte le minuscule appartement en claquant la porte. Fai change de boulot, il bosse dans un restaurant chinois à Buenos Aires. Il appelle au téléphone toutes les cinq minutes Po-wing qui s’est blessé aux mains et ne peut rien faire. Il devient de plus en plus jaloux d’autant que Fai sympathise avec Zhang (Chang Chen), un jeune taiwanais qui bosse avec lui à la plonge.

Happy together est un film entièrement autour du motif de la rupture. Les amours entre les deux hommes sont d’une grande simplicité mais Wong Kar-wai choisit de n’en filmer que les piques d’émotions, que les crises de nerf. Toujours ensemble parce qu’aucun d’eux ne parle espagnol, mais séparés par la force des choses : lits séparés, horaires différents et surtout, ils ne semblent pas vouloir la même chose. Ainsi après le départ définitif de Po-wing, quand Fai rencontre Zhang avec lequel il n’aura pas d’histoire d’amour, une nouvelle vie pourra commencer ailleurs, avec ce jeune homme sans doute. Cette histoire plus calme, il faut l’imaginer quand Fai part à Taiwan avec la chanson de Frank Zappa I have been in you, morceau ô combien sexuel.





















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