Depuis
que j'ai commencé ce blog, j'ai toujours noté les grandes qualités
de Virginie Efira même quand le film n'est pas terrible (Et ta sœur en janvier, Un homme à la hauteur en avril) ou
qu'elle a un second rôle (Elle de Paul Verhoeven) mais
tellement marquant). On remarquera que c'est la première fois avec
Victoria qu'un titre de film porte le nom de son personnage et
non celui d'un autre, sa sœur, son homme ou une autre femme.
J'espère que cela amorce un changement dans sa florissante carrière
d'actrice. J'espère surtout (et encore plus) que les gens ne vont
pas commencer à dire des phrases de cancres « y a-t-il encore
un film sans Virginie Efira ? ».
Pour
ne pas dépayser ceux qui avaient aimé La Bataille de Solférino,
Justine Triet commence son film à peu près pareil. Une femme
débordée par ses deux enfants, deux fillettes qui apparaîtront
régulièrement dans le film toujours en train de jouer en culotte et
Victoria, clope au bec à côté d'elles, comme le faisait Laetitia
Dosch dans le premier film (ah, ça m'avait bien marqué ce genre de
détails, mais que fait la DDASS ?). Elles sont toutes deux
séparées du père des gamines, dont j'ai l'impression que jamais
leurs prénoms ne seront donnés dans les dialogues, ce qui change
des répliques où les personnages se sentent obligés de décliner
leur identité (un bon point pour le film).
Victoria
est une femme bordélique. Le décor de son appartement est étonnant,
pas un objet ne semble vraiment rangé, ça déborde de livres
partout posés n'importe comment (oui, comme chez tout le monde), les
jouets des filles, les culottes de la mère, les paquets de chips,
les dossiers etc. Un bazar qui fait vrai, un décor d'appartement qui
ne semble pas sortir d'un catalogue Ikéa (contrairement à
L'Economie du couple par exemple). Ça vit un peu là-dedans
et ça décrit l'univers mental de son héroïne sans avoir à passer
par une explication en bonne et due forme. Bref, le spectateur gagne
du temps pour entrer de plein pied dans le récit.
L'autre
force remarquable de Victoria, c'est la description du
travail. Elle est avocate et le film tourne autour de trois procès,
l'un où elle est avocate de la défense, l'autre où elle est
plaignante et le troisième où elle est mise en examen. Beaucoup de
films de procès français sont terriblement ratés, parce que la
justice et les procès en France sont terriblement lents, sans coups
de théâtre et sans coup de semonce. Pour Justine Triet, c'est un
triple défi de faire de ces trois procès des histoires
intéressantes et surtout crédibles. Et comme Virginie Efira est
formidable (je ne le dirai jamais assez), tout passe comme une lettre
à la poste. Les procès sont sans cesse entremêlés avec les
histoires de cœur de Victoria.
Trois
hommes l'entourent. David (Laurent
Poitrenaux) le
père des fillettes aspire à devenir écrivain en s'inspirant de la
vie de Victoria. Vincent (Melvil Poupaud) accusé d'avoir tenté de
tuer sa fiancée et qu'elle défend. Sam (Vincent Lacoste) un ancien
client de Victoria débarque dans son appartement, devient babysitter
et s'incruste. Et au milieu, des mecs rencontrés sur un site qui
viennent coucher et son psy (les séances, encore une chose difficile
à filmer). Pas hilarant (pas la peine de comparer le film à
Lubitsch ou Hawks, ça n'y ressemble absolument pas), mais souvent
drôle y compris quand il parle de dépression, le film manque un
chouia de rythme à certains passages (les ellipses paradoxalement).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire