Après
deux Zulawski bien costauds et avant d'attaquer Sur
le globe d'argent, je reviens
à des choses plus calmes, plus reposantes et plus courtes. Dans Pour
l'amour du ciel (55
minutes au compteur),
Harold Lloyd joue un milliardaire inconséquent (un peu dans la veine
de Faut pas s'en faire où il
partait se dorer la pilule dans une île en pleine révolution) et
passionné de voitures. On le découvre sur une photo que regarde ses
amis, milliardaires eux aussi, qui affirment que Harold s'est acheté
un bolide qui aille avec le gris de son pantalon. La voiture ne
durera pas longtemps, elle est vite emboutie. Mais comme l'accident a
eu lieu devant un concessionnaire, il descend du véhicule, entre
dans le magasin, s'installe au volant de l'automobile que les clients
regardent avec envie, signe le chèque et sort aussi sec. Et aussi
sec itou, un deuxième accident, qui fait les gros titres des
journaux. 10000$ dépensés et deux voitures cassées en une heure.
Cet
article ne passe pas inaperçu aux yeux de Hope (Jobyna Ralston),
fille d'un pasteur installé dans un quartier pauvre de Los Angeles
gangrené par la délinquance. Elle écrit à Harold pour lui
demander de l'argent : il pourrait aider la mission plutôt que
de le dépenser dans des bagnoles. La lettre finit à la poubelle à
cause d'un secrétaire récalcitrant mais par une coïncidence
certaine, Harold se retrouve à faire un chèque au pasteur qui aide
à ouvrir un centre d'accueil. Comme il se doit, il va tomber
amoureux de Hope. La partie romantique de Pour l'amour du ciel est
nunuche à souhait. Harold n'a d'yeux que pour la belle fille de
pasteur et n'ose jamais la contredire. Les gags sont tout au plus
mignons, comme celui où elle distribue des biscuits et que, par
malchance, Harold doit croquer, avec un grand sourire forcé, dans un
poudrier de maquillage puis dans une éponge ou cette fausse plage
sous la lune, en fait un chantier éclairé par un néon.
Les
meilleurs gags sont dans la confrontation entre les bas-fonds peuplés
de solides gaillards aux trognes pas possibles et patibulaires (mais
presque) et Harold qui n'a pas encore compris qu'il a affaire à des
gangsters. Deux courses poursuites rythment le film. La première
quand Harold attire tous les gangsters dans la mission, le groupe de
poursuivants ne cesse d'augmenter à chaque coin de rue (coups de
pied au cul à gogo). La deuxième est plus réussie et ressemble à
celle ultra rythmée et rapide de Ça t'la coupe). Cinq
gangsters ont picolé (on est en pleine prohibition) et, revêtus de
leurs beaux costumes pour le mariage de Harold et Hope, ils tentent
de retourner à la mission. Les soûlards font penser à ces chatons
indisciplinés qui partiraient dans tous les sens et que Harold doit
guider sains et saufs au milieu du trafic, voitures, vélos,
tramways. Les dix dernières minutes sont poilantes.
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