Tout
le monde va causer de Cézanne et moi, pour sans doute en dire
à peu près la même chose, pour ma part j'ai revu le court-métrage
(48 minutes) des Straub filmé en 1989. Cézanne est le
premier film que Danièle Huillet et Jean-Marie Straub consacre à
Paul Cézanne à travers les textes que Joaquim Gasquet. En 2003, ils
feront Une visite au Louvre. Dans Cézanne, c'est la méthode
du peintre qui intéresse les cinéastes. Avec la voix de Danièle
Huillet, reconnaissable comme c'est permis dans cet accent un peu
appuyé qui semble venir d'une Titi parisienne, les textes entre
Cézanne et Gasquet sont donnés à haute voix (Straub lui répond
parfois).
Cet
art de Cézanne rejoint celui des Straub, il s'agit de savoir ce que
l'on doit mettre sur une toile, un carré blanc, ou sur un écran de
cinéma, un autre carré blanc (les Straub filment toujours en 1:33).
A l'image, en plan fixe, une photo du peintre. Puis, tandis que le
texte se fait entendre, un portrait d'une vieille femme rappelle la
description d'une servante dans Madame Bovary. Les Straub lancent un
extrait de l'adaptation par Jean Renoir, la séquence de la foire aux
comices où Madame Bovary est présentée à Rodolphe. Plus tard,
c'est un autre extrait mais d'un propre film des Straub, La Mort
d'Empédocle où il est évoqué la lumière du soleil.
Dans
Cézanne, une dizaine de toiles du peintre sont filmées,
peintures éparpillées dans plusieurs musées. Dans Une visite au
Louvre (43 minutes),
Gasquet continue de dialoguer avec Cézanne (cette fois la voix
contant la prose est celle de Julie Koltaï). Au Louvre, on ne voit
que des toiles de grands maîtres, comme on dit, mais toutes ne se
valent pas. Cette fois, il s'agit de confronter la peinture
académique qui confine au procédé à celle moderne qui annonçait,
selon Gasquet, les œuvres de Cézanne. Le meilleur, c'est Courbet
qui est le « peintre du peuple ». Les deux court-métrages
vus l'un après l'autre durent moins longtemps que le film de Danièle
Thompson.
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