mercredi 28 septembre 2016

Kaboom (Gregg Araki, 2010)

Hier soir, j'ai regardé Kaboom en DVD et je ne reconnaissais pas le film. Pour dire vrai, c'était Smiley face avec Anna Faris que je pensais voir. J'avais stupidement confondu deux films de Gregg Araki. Kaboom n'est pas vraiment une comédie, contrairement à Smiley face, et bonne nouvelle, j'avais tout oublié du film depuis que je l'avais vu au cinéma à sa sortie. J'ai ainsi redécouvert toute l'histoire. Un Gregg Araki, ça a toujours un peu les mêmes éléments, des couleurs vives et saturées, des mecs tatoués à moitié nus et de la drogue.

Là, le mec totalement nu qui ouvre le film s'appelle Smith (Thomas Dekker), nom de famille ultra commun, à moins que ce ne soit son prénom. On ne le saura jamais. Smith avec ses grands yeux bleus qui fixent le spectateur raconte son rêve (américain) récurrent. Il est dans un couloir, il croise sa maman, sa meilleure amie et deux filles, une rousse et une brune jamais vues de sa vie et un vieil homme. Au fond du couloir, une porte sur laquelle il peut lire le chiffre 19, derrière la porte une grande pièce et une poubelle. Tout le récit tend à résoudre l'énigme de ce rêve.

Et là il se réveille en sursaut dans sa petite chambre d'étudiant. Le bleu de la nuit lui permet de voir Thor (Chris Zylka), son cothurne, qui pénètre dans la chambre. Thor enlève son t-shirt, puis son froc, et propose de venir s’asseoir sur le lit de Smith. Il est plutôt étonné de cette soudaine et inespérée proximité avec son grand colocataire blond. Ils sont près de se rouler un patin quand Smith se réveille à nouveau et Thor rentre, se déshabille mais il est là pour coucher avec une fille sans prendre garde à Smith qui observe ce coït sans tendresse.

Dans cette ouverture de Kaboom, Gregg Araki nous dit donc que Smith est gay et que Stella (Haley Bennett), sa meilleure amie depuis le lycée est lesbienne. Jeune femme blonde à l'air blasé, Stella se moque de Smith et de son fantasme pour le stupide Thor. Elle-même a flashé sur la brune et bien nommée Lorelei (Roxane Mesquida). Et c'est parti pour une soirée étudiante, la marque de fabrique de Gregg Araki. Cette fois moins flamboyante que celle de Nowhere par exemple, sans ces créatures beefcake que le cinéaste a toujours aimé montrer.

Avec ses grands yeux écarquillés, Smith croise, à cette soirée, les deux filles inconnues de son rêve. La grande rousse vomit sur ses chaussures. Il découvrira plus tard qu'elle s'appelle Madeleine O'Hara (Nicole LaLiberte) et que la brune est Lorelei. Après avoir ingurgité un cookie en forme d'étoile bourré de drogue, il rencontre London (Juno Temple) dans les toilettes. Ils causent trois minutes. Et ils finissent tous les deux dans la piaule de Smith à baiser, non sans mal. Au même moment, Stella couche avec Lorelei qui s'avère être une sorcière.

A partir de ce moment, Kaboom s'emballe et se lance dans le péché mignon de Gregg Araki, le fantastique débridé. La fille rousse est pourchassée par des hommes portant des masques d'animaux. Smith, Stella et London mènent l'enquête pour démêler les fils. C'est bien entendu l'inverse qui se produit, plus ils avancent plus tout cela devient obscur. Pratiquement tout le reste du film se déroulera d'ailleurs de nuit, dans les chambres d'étudiant, sur le campus universitaire composé de grands bâtiments en métal et verre, froids comme la mort.

Les personnages secondaires ne manquent pas, chacun représente un archétype que le film se fera un plaisir de faire exploser. Le « Messie » (James Duval) est-il vraiment un fumeur de joints ? Rex (Andy Fischer-Price), alter ego de Thor est-il stupide ? Oliver (Brennan Mejia) est-il un stalker ou drague-t-il gentiment Smith ? Pourquoi Hunter (Jason Olive), rencontré sur une plage nudiste, couche avec Smith ? Et Nicole (Kelly Lynch) la mère de Smith est-elle aussi occupée qu'elle le prétend à chaque coup de téléphone à son fils ?

Kaboom répondra à toutes ces questions et même à quelques autres. Le film de Gregg Araki semble essentiellement vouloir syncrétiser tous les teen-movies gay des années 2000. Il en fait le deuil ironique. On passe des Lois de l'attraction de Roger Avary aux séries Z de David DeCoteau en passant par Short bus, les Eating out de Q. Allan Brocka et les propres films de Gregg Araki. Ce petit monde illusoire de jeunes et musclés garçons et de jolies jeunes femmes, tous bien minces, bien souriant, bien riches, bien insouciants, et bien, Gregg Araki décide de le faire exploser, littéralement.




























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