Hier
soir, j'ai regardé Kaboom en DVD et je ne reconnaissais pas
le film. Pour dire vrai, c'était Smiley face avec Anna Faris
que je pensais voir. J'avais stupidement confondu deux films de Gregg
Araki. Kaboom n'est pas vraiment une comédie, contrairement à
Smiley face, et bonne nouvelle, j'avais tout oublié du film
depuis que je l'avais vu au cinéma à sa sortie. J'ai ainsi
redécouvert toute l'histoire. Un Gregg Araki, ça a toujours un peu
les mêmes éléments, des couleurs vives et saturées, des mecs
tatoués à moitié nus et de la drogue.
Là,
le mec totalement nu qui ouvre le film s'appelle Smith (Thomas
Dekker), nom de famille ultra commun, à moins que ce ne soit son
prénom. On ne le saura jamais. Smith avec ses grands yeux bleus qui
fixent le spectateur raconte son rêve (américain) récurrent. Il
est dans un couloir, il croise sa maman, sa meilleure amie et deux
filles, une rousse et une brune jamais vues de sa vie et un vieil
homme. Au fond du couloir, une porte sur laquelle il peut lire le
chiffre 19, derrière la porte une grande pièce et une poubelle.
Tout le récit tend à résoudre l'énigme de ce rêve.
Et
là il se réveille en sursaut dans sa petite chambre d'étudiant. Le
bleu de la nuit lui permet de voir Thor (Chris Zylka), son cothurne,
qui pénètre dans la chambre. Thor enlève son t-shirt, puis son
froc, et propose de venir s’asseoir sur le lit de Smith. Il est
plutôt étonné de cette soudaine et inespérée proximité avec son
grand colocataire blond. Ils sont près de se rouler un patin quand
Smith se réveille à nouveau et Thor rentre, se déshabille mais il
est là pour coucher avec une fille sans prendre garde à Smith qui
observe ce coït sans tendresse.
Dans
cette ouverture de Kaboom, Gregg Araki nous dit donc que Smith
est gay et que Stella (Haley Bennett), sa meilleure amie depuis le
lycée est lesbienne. Jeune femme blonde à l'air blasé, Stella se
moque de Smith et de son fantasme pour le stupide Thor. Elle-même a
flashé sur la brune et bien nommée Lorelei (Roxane Mesquida). Et
c'est parti pour une soirée étudiante, la marque de fabrique de
Gregg Araki. Cette fois moins flamboyante que celle de Nowhere
par exemple, sans ces créatures beefcake que le cinéaste a
toujours aimé montrer.
Avec
ses grands yeux écarquillés, Smith croise, à cette soirée, les
deux filles inconnues de son rêve. La grande rousse vomit sur ses
chaussures. Il découvrira plus tard qu'elle s'appelle Madeleine
O'Hara (Nicole LaLiberte) et que la brune est Lorelei. Après avoir
ingurgité un cookie en forme d'étoile bourré de drogue, il
rencontre London (Juno Temple) dans les toilettes. Ils causent trois
minutes. Et ils finissent tous les deux dans la piaule de Smith à
baiser, non sans mal. Au même moment, Stella couche avec Lorelei qui
s'avère être une sorcière.
A
partir de ce moment, Kaboom s'emballe et se lance dans le
péché mignon de Gregg Araki, le fantastique débridé. La fille
rousse est pourchassée par des hommes portant des masques d'animaux.
Smith, Stella et London mènent l'enquête pour démêler les fils.
C'est bien entendu l'inverse qui se produit, plus ils avancent plus
tout cela devient obscur. Pratiquement tout le reste du film se
déroulera d'ailleurs de nuit, dans les chambres d'étudiant, sur le
campus universitaire composé de grands bâtiments en métal et
verre, froids comme la mort.
Les
personnages secondaires ne manquent pas, chacun représente un
archétype que le film se fera un plaisir de faire exploser. Le
« Messie » (James Duval) est-il vraiment un fumeur de
joints ? Rex (Andy Fischer-Price), alter ego de Thor est-il
stupide ? Oliver (Brennan Mejia) est-il un stalker ou
drague-t-il gentiment Smith ? Pourquoi Hunter (Jason Olive),
rencontré sur une plage nudiste, couche avec Smith ? Et Nicole
(Kelly Lynch) la mère de Smith est-elle aussi occupée qu'elle le
prétend à chaque coup de téléphone à son fils ?
Kaboom
répondra à toutes ces questions et même à quelques autres. Le
film de Gregg Araki semble essentiellement vouloir syncrétiser tous
les teen-movies gay des années 2000. Il en fait le deuil ironique.
On passe des Lois de
l'attraction de Roger Avary
aux séries Z de David DeCoteau en passant par Short
bus, les Eating
out de Q. Allan Brocka et les
propres films de Gregg Araki. Ce petit monde illusoire de jeunes et
musclés garçons et de jolies jeunes femmes, tous bien minces, bien
souriant, bien riches, bien insouciants, et bien, Gregg Araki décide
de le faire exploser, littéralement.
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