Le
Fils de Jean (Philippe Lioret, 2016)
Dans
Toutes nos envies, Vincent Lindon passait son temps à faire
le trajet Valence-Lyon et à s'arrêter sur l'autoroute pour faire
une pause restaurant, ce qui sur une distance d'à peine 100km et
d'une durée d'à peine une heure semblait bien forcé, tout ça pour
permettre de longues discussions. Inversement, dans Le Fils de
Jean, non seulement son personnage principal s'achète un billet
Paris-Montréal au dernier moment sans que le scénario ne pose le
souci du coût (on a tous 1500€ sur son compte pour partir au
dépoté). Ensuite, avec son hôte il quitte Montréal pour aller, en
voiture, au bord d'un lac. Là, il semble complètement passer à
côté de l'impression de longue distance (ce qui était gravé dans
Guibord
s'en va-t-en guerre) qui aurait permis de faire de longues
discussions entre deux personnages qui ne se connaissent pas. Au lieu
de ça, le cinéaste se contente de faire entendre des conversations
secrètes où le fils de Jean tombe pile au bon moment, d'échanger
un objet qui permet de reconnaître qui est le vrai père de Jean (au
cas où on n'aurait pas compris). Bref, ces petits problèmes de
topographie sont toujours ces détails qui déraillent dans le cinéma
de Philippe Lioret, parfois le réel refuse de coïncider avec le réalisme.
Frantz
(François Ozon, 2016)
En
1932, Ernst Lubitsch tournait son unique mélodrame, Broken
lullaby dont s'inspire Frantz. Le titre français en était
L'Homme que j'ai tué et Lubitsch annonçait immédiatement
que son héros avait tué l'autre. Dans Frantz, François Ozon
fait durer plus longtemps le suspense et passe du noir et blanc à la
couleurs pour ses scènes parisiennes, au Musée du Louvre, où sa
mise en scène laisse supposer que le secret de Pierre Niney est
qu'il aurait pu être l'amant de Frantz. Passé cela, le film déroule
les regards fébriles et le souffle haletant de son acteur, la
routine quoi.
Ben-Hur
(Timur Bekmambetov, 2016)
Une
seule séquence est réussie dans cet horrible remake du pudding
antédiluvien de Charlton Heston : non pas celle de la course de
char d'un ennui mortel, mais celle où Judah Ben-Hur se trouve dans
les galères. Les navires romains se trouvent pris dans une bataille
maritime et le point de vue est entièrement celui de Ben-Hur en
train de ramer. La vision sur la bataille est limitée du fond de la
cale, il faut presque reconstituer les scènes aperçues depuis les
brèches du navire. Le sang des soldats gicle sur les esclaves, les
flèches tombent sur leur corps et le bateau s'éventre. On retrouve
la Timur's toch quelques minutes. Le duo d'acteurs Ben-Hur Messala
joue terriblement mal, il paraît que c'est le petit fils de John
Huston qui débite ses dialogues de Ben-Hur avec la voix de Christian
Bale. Le film touche au nanar dans les quatre scènes où Jésus
apparaît. Impossible de ne pas rire de nervosité devant cet étalage
de bondieuserie à la louche sur un pain azyme, d'autant que Jésus
est incarné par Rodrigo Santoro qui jouait Jimmy le premier amant de
Jim Carrey dans I love you Phillip Morris. Contrairement au
chef d'œuvre de Timur, le si bien nommé Abraham Lincoln chasseur
de vampires, film complètement dingos et merveilleusement
vulgaire, Ben-Hur est d'une platitude visuelle incroyable,
comme si Paramount et MGM avaient expliqué au cinéaste kazakh qu'il
fallait pas choquer les futurs spectateurs chrétiens. En vérité,
je vous le dis, le film est un bide international.
En
encore plus bref, War dogs de Todd Philips est évidemment
mieux que ses Very bad trip précédents, mais pas encore
aussi bien que The
Big short d'Adam McKay. Le film ne possède pas ce petit truc
qui le ferait décoller (chez McKay, c'était les explications de
texte extra narratives), à moins que ce ne soit le rire de Jonah
Hill qui semble venir de Goldmember, j'ai eu l'impression d'entendre
le bad guy batave joué par Mike Myers pendant tout le film. En
encore plus plus bref, Blood father de Jean-François Richet
promet le retour de Mel Gibson (ah bon?) comme The Last stand
annonçait celui d'Arnold. Le seul coup de théâtre narratif est
quand Mel rase cette barbe qu'on voit sur l'affiche.
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