samedi 10 septembre 2016

Tarzan s'évade (Richard Thorpe, 1936)

Ce qui m'a toujours frappé dans les films d'aventures exotiques, et surtout ceux qui se déroulent en Afrique comme les Tarzan, c'est la tenue des blancs quand ils débarquent. Les Africains (tous joués par des acteurs et figurants américains, aucun plan, si ce n'est des stock shots, n'a été tourné hors de Hollywood) dont tous en short, pieds nus et torse nu, entouré de colliers. Certains, notamment ceux que les Anglais rencontrent dans le jungle, sont jugés de « sauvages », on les reconnaît grâce à leur peinture rituel, leur ornement (dents aiguisées surtout) qu'ils portent autour du cou et leurs armes et leur boucliers, largement moins efficaces que les fusils.

Prenons Eric et Rita Parker (William Henry et Benita Hume) dans Tarzan s'évade. Ils débarquent frais comme des gardons, au milieu de la chaleur infernale, la preuve tout le monde sue et transpire. Ils sont en costumes blancs, le col serré jusqu'au menton par une cravate, et bien entendu ces chapeaux coloniaux. Ils sont accueillis par le capitaine Fry (John Buckler) et son fidèle homme de main Rawlins (Herbert Mundin), en tenue coloniale plus légère. Eric troquera son costume étriqué pour un short plus large et une chemise ouverte, mais sa sœur Rita, même au milieu de la jungle gardera sa cravate noire pendant tous le trajet. Quant à Jane, finies les tenues courtes qui dévoilaient sa peau, elle porte désormais une robe qui couvre tout son corps.

Comme dans les deux premiers Tarzan, celui-ci ne déroge pas à la règle, les Anglais veulent aller sur la montagne Mutia désormais « Ju-ju », soit tabou. Eric et Rita veulent rejoindre leur cousine Jane pour lui annoncer qu'elle touche un héritage, et éventuellement pour la faire revenir sur sa terre natale. Tarzan s'évade reprend les plans de Tarzan et sa compagne (on voit même Maureen O'Sullivan pas encore présente dans le récit) pour le passage entre la forêt et la montagne, très peu habilement montée avec de nouveaux plans montrant les nouveaux acteurs. Comme d'habitude, les pauvres Africains portent des malles fort peu commodes sous les coups de fouet.

Rien de nouveau du point de vue aventures. Fry est un épouvantable pilleur venu capturer Tarzan pour en faire une attraction de foire. Mais encore plus grave pour Tarzan (Johnny Weissmuller), il capture des animaux pour les vendre à un cirque. Il élabore un piège. Il installe une cage d'un métal très solide dans lequel il enferme un bébé chimpanzé. Tarzan, en venant le libérer, se fera prendre dans la cage. Mais le Roi de la jungle est bien plus malin que cela et déjoue le piège. Comme d'habitude, il ira aussi sauver cette petite idiote de Rita venue caresser des lionceaux et que la lionne menace. Et aussi un bébé antilope monté bien malgré sur un tronc d'arbre et qu'un crocodile s'apprête à croquer.

Le film subit un léger glissement vers la comédie. Rawlins est un gaffeur né, sa maladresse a pour effet de retarder le vilain projet de son patron. Cheetah est désormais un personnage plus important, on l'entend même rire aux éclats. La maison de Jane et Tarzan est équipée de tout le confort moderne. La preuve qu'elle n'a pas besoin de revenir en Angleterre. En 1939, les publicitaires écrivaient « Garbo rit » au sujet de Ninotchka. Pour Tarzan s'évade, les publicitaires auraient pu écrire « Weissmuller pleure » quand il apprend que sa bien-aimée va rentrer à Londres. Mais son jeu reste terriblement limité, c'est sans doute pour cela que le rôle de Cheetah est si important.




















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