Ce
qui m'a toujours frappé dans les films d'aventures exotiques, et
surtout ceux qui se déroulent en Afrique comme les Tarzan, c'est la
tenue des blancs quand ils débarquent. Les Africains (tous joués
par des acteurs et figurants américains, aucun plan, si ce n'est des
stock shots, n'a été tourné hors de Hollywood) dont tous en short,
pieds nus et torse nu, entouré de colliers. Certains, notamment ceux
que les Anglais rencontrent dans le jungle, sont jugés de
« sauvages », on les reconnaît grâce à leur peinture
rituel, leur ornement (dents aiguisées surtout) qu'ils portent
autour du cou et leurs armes et leur boucliers, largement moins
efficaces que les fusils.
Prenons
Eric et Rita Parker (William Henry et Benita Hume) dans Tarzan
s'évade. Ils débarquent frais comme des gardons, au milieu de
la chaleur infernale, la preuve tout le monde sue et transpire. Ils
sont en costumes blancs, le col serré jusqu'au menton par une
cravate, et bien entendu ces chapeaux coloniaux. Ils sont accueillis
par le capitaine Fry (John Buckler) et son fidèle homme de main
Rawlins (Herbert Mundin), en tenue coloniale plus légère. Eric
troquera son costume étriqué pour un short plus large et une
chemise ouverte, mais sa sœur Rita, même au milieu de la jungle
gardera sa cravate noire pendant tous le trajet. Quant à Jane,
finies les tenues courtes qui dévoilaient sa peau, elle porte
désormais une robe qui couvre tout son corps.
Comme
dans les deux premiers Tarzan, celui-ci ne déroge pas à la règle,
les Anglais veulent aller sur la montagne Mutia désormais « Ju-ju »,
soit tabou. Eric et Rita veulent rejoindre leur cousine Jane pour lui
annoncer qu'elle touche un héritage, et éventuellement pour la
faire revenir sur sa terre natale. Tarzan s'évade reprend les
plans de Tarzan et sa compagne (on voit même Maureen
O'Sullivan pas encore présente dans le récit) pour le passage entre
la forêt et la montagne, très peu habilement montée avec de
nouveaux plans montrant les nouveaux acteurs. Comme d'habitude, les
pauvres Africains portent des malles fort peu commodes sous les coups
de fouet.
Rien
de nouveau du point de vue aventures. Fry est un épouvantable
pilleur venu capturer Tarzan pour en faire une attraction de foire.
Mais encore plus grave pour Tarzan (Johnny Weissmuller), il capture
des animaux pour les vendre à un cirque. Il élabore un piège. Il
installe une cage d'un métal très solide dans lequel il enferme un
bébé chimpanzé. Tarzan, en venant le libérer, se fera prendre
dans la cage. Mais le Roi de la jungle est bien plus malin que cela
et déjoue le piège. Comme d'habitude, il ira aussi sauver cette
petite idiote de Rita venue caresser des lionceaux et que la lionne
menace. Et aussi un bébé antilope monté bien malgré sur un tronc
d'arbre et qu'un crocodile s'apprête à croquer.
Le
film subit un léger glissement vers la comédie. Rawlins est un
gaffeur né, sa maladresse a pour effet de retarder le vilain projet
de son patron. Cheetah est désormais un personnage plus important,
on l'entend même rire aux éclats. La maison de Jane et Tarzan est
équipée de tout le confort moderne. La preuve qu'elle n'a pas
besoin de revenir en Angleterre. En 1939, les publicitaires
écrivaient « Garbo rit » au sujet de Ninotchka.
Pour Tarzan s'évade, les publicitaires auraient pu écrire
« Weissmuller pleure » quand il apprend que sa bien-aimée
va rentrer à Londres. Mais son jeu reste terriblement limité, c'est
sans doute pour cela que le rôle de Cheetah est si important.
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