Les
risques que la pseudo association « Promouvoir »,
liberticide et infantilisante, demande l'interdiction aux moins de 18
ans de Théo & Hugo dans le
même bateau sont réelles.
Tout simplement à cause de sa première séquence d'une bon gros
quart d'heure où les deux garçons se rencontrent. Cette ouverture
se déroule dans un sexclub nommé L'Impact (vers Rambuteau). On
descend l'escalier qui mène au sous-sol, là dans une lumière rouge
vif, une dizaine de gars baisent. Tous sont nus, tous sont en
érection.
Théo
(Geoffrey Coët) a un partenaire, tout comme Hugo (François Nimbot).
Ils ne se connaissent pas, ils se voient pour la première fois et le
regard de Théo se porte inlassablement sur Hugo, il le toise,
cherche à attirer sa fascination sur lui. Il y parvient tandis
qu'ils se font baiser par d'autres gars, ils se rapprochent,
commencent à s'embrasser et décident de baiser ensemble. Ils
s'allongent sur le lit rouge au milieu de la pièce, Théo enfile une
capote et Hugo, tandis que la lumière alterne le rouge et le bleu au
rythme des mouvements du bassin.
La
scène n'impressionne pas seulement parce que c'est la première fois
dans un film hors porno qu'on pénètre dans un sexclub et dans une
backroom. Elle frappe par sa grande pudeur, sa douceur intime et son
romantisme qui irradient les deux visages du petit bouclé au torse
poilu et du grand brun imberbe. La dernière fois qu'un jeu de regard
avait été aussi précisément décrit, avec autant de justesse,
c'était ceux de Louis Garrel et Gaspard Ulliel dans le subtil
travelling de Saint Laurent
de Bertrand Bonello. Les bites en érection en moins.
Seulement
voilà, après ce moment aussi intense, aussi mémorable et aussi
réussi, Jacques Martineau et Olivier Ducastel semblent avoir tout
donné. Que peuvent-ils bien proposer ? Le titre l'expose assez
bien. C'est d'abord un hommage à Agnès Varda, à Cléo
de 5 à 7, le film des deux
cinéastes se déroule en temps réel de 5 à 7 heures du matin.
C'est aussi une variation déambulatoire qui évoque Jacques Rivette
et Céline et Julie vont en
bateau. Le décor est Paris au
tout petit matin et ses rues vides que les deux garçons vont visiter
le sourire aux lèvres.
Les
deux hommes quittent ensemble le club. Ils se rhabillent et se
présentent enfin. Ils vont rentrer chez eux en louant un vélib. Sur
leur vélo, ils discutent quand tout à coup, au détour d'une
banalité, le sourire d'Hugo se fige quand Théo lui annonce qu'il
croit que son préservatif a craqué. Et là c'est le drame, comme
dirait l'autre, car Hugo est séropositif. Les dialogues prennent
alors les atours d'une brochure de Sida Info service, ce qui n'est
pas un reproche en soi, ces conseils sont nécessaires et vitaux,
mais leur intégration dans les dialogues sonnent faux.
Les
deux amoureux, car ils le sont, le film le transpire à chaque plan,
poursuivent leur chemin. Les reproches haineux de l'un comme de
l'autre alternent avec les gestes de tendresse. Ils filent à
l'hôpital, rencontrent un vieux râleur homophobe puis une interne
épatante. Ils s'arrêtent dans un parc pour se dire leurs quatre
vérités. Ils vont manger un kébab chez un Syrien exilé puis
discutent avec une dame qui prend le premier métro pour aller
travailler. Leur univers commence à se peupler, ils ne sont plus
seuls au monde, ils vont encore s'aimer éperdument.
Une
source sûre m'informe que les rôles de Théo et Hugo avaient été
proposés à Vincent Dedienne (humoriste et chroniqueur sur France
Inter) et à son compagnon.
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