samedi 2 avril 2016

The Wolfpack (Crystal Moselle, 2015)

Le père s'appelle Oscar, la mère Suzanne. Il vient du Pérou, elle de Chicago. 25 ans plus tôt, ils sont tombés amoureux, ont fondé une famille. Ils voulaient 10 enfants qu'ils auraient prénommés comme les enfants du dieu Hare Krishna. Ils en ont finalement eu 7, six garçons et une fille, qui portent les prénoms suivants : Mukunda, Narayana, Govinda, Bhagavan, Krisna et Jagadesh et leur sœur Visnu. La famille, nombreuse, vit dans un appartement du Lower East Side de Manhattan, au sud-est de l'île. Le père, par conviction politique, a choisi de ne pas travailler, c'est un ancien hippie. La mère est devenue « fonctionnaire », elle a fait l'école à ses enfants à domicile et l'Etat la rémunère pour cela. Voilà comment ils ont réussi à vivre toutes ces années.

Tout l'intérêt de The Wolfpack, documentaire de Crystal Moselle, vient de la décision du père de famille, folle et irrévocable, de ne jamais sortir de l'appartement. Durant toute leur vie, sauf à de rares exceptions, les six frères et la sœur n'ont jamais foulé le sol de New York. Ils racontent leur confinement, on en découvre des bribes par des vieilles vidéos tournées au caméscope et l'aîné veut aller à la rencontre du monde extérieur. C'est toute la bande qui va vouloir descendre dans les rues de Manhattan, aller pour la première fois dans le métro new-yorkais, mettre les pieds dans l'océan à Coney Island, dans une salle de cinéma. La mère est fière de leur « libération », elle-même va se décider à renouer avec sa maman de 88 ans, le père accepte que ses fils veuillent sortir mais n'en pense pas moins.

Quand les six gars sortent dans la rue, c'est un spectacle. Ils ont des cheveux très longs, sont des grands échalas. Ils ont surtout décidé de sortir le grand jeu : ils s'habillent comme les personnages de Reservoir Dogs. Les passants les dévisagent avec circonspection. Leur passion est le cinéma. Depuis toujours, ils regardent des films, leur seul fenêtre sur le monde extérieur. Depuis longtemps, ils rejouent les films qu'ils aiment. Tarantino est leur cinéaste favori et ils ont suédé, comme les personnages de Soyez sympas rembobinez, tout Reservoir Dogs et Pulp fiction. Ils ont recréé les flingues en carton, ce qui leur a valu une vraie descente du SWAT. L'aîné revêt le costume de Batman, tout en carton, pour le remake de The Dark Knight. Une inventivité folle que la cinéaste filme avec gourmandise. Comme le disait François Truffaut dans La Nuit américaine « les films sont plus harmonieux que la vie ».













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