Charlot
joue Carmen est sorti au cinéma le 22 avril 1916, il y a un
siècle jour pour jour, mais il est resté croupir sur les étagères
du studio Essenay pendant près de six mois. Faut dire que Chaplin
avait décidé de quitter la compagnie pour la Mutual où il restera
deux ans. Pendant l'année 1914, il a fait presque un film par
semaine, en 1915, environ un par mois, et là six mois d'attente
laissés libres pour les concurrents du splastick (et ils étaient
nombreux). Mais business is business, malgré un remontage
désapprouvé par Chaplin, le film est projeté au public.
Un
jeune officier fraîchement muté, une gitane, un toréador, Charlot
joue Carmen est une adaptation de l'opéra de Georges Bizet, très
libre comme on l'imagine et truffée de gags burlesque. Dès le
premier plan, Chaplin (qui a troqué son costume de vagabond pour un
uniforme avec un casque à poils hérissés) butte sur un caillou au
milieu de son chemin. Il demande à des soldats au garde à vous de
tirer sur la pierre. Puis, il passe en revue et se moque de
l'originale moustache d'un des soldats.
Dans
ce film en costumes, chose rare chez Chaplin, des contrebandiers
veulent soudoyer l'officier. Sans résultat probant. Carmen, la belle
gitane qui fait chavirer les cœurs de tous les hommes, décide de
séduire l'officier pour eux. C'est sans compter sur le toréador,
épris de la gitane. Ils se croisent et se toisent dans l'auberge.
Les deux hommes, au bas d'un escalier, vantent chacun leur mérite.
Leurs deux mains se touchent pensant prendre celle de Carmen.
L'éventail
des gags ne dépasse jamais le splastick simple. Coup de pied au cul,
coup de sabre (celui de Chaplin est minuscule), confusion entre les
personnes, chute des personnages et envoi d'objets dans le figure.
Etonnement, le film évite les anachronismes, mais transforme en
charabia les mots de l'anglais à l'espagnol (saloon devient saluno).
Le film dure 30 minutes. Après avoir découvert la supercherie de la
belle, Charlot quitte son uniforme pour endosser celui du vagabond
avec son chapeau melon.
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