C'est
une histoire vraie qui a fait couler beaucoup d'encre en 1889 (des
articles de journaux sont introduits dans le film), une romance qui a
inspiré plusieurs films, une chanson connue de tous les Scandinaves,
les éditeurs de musique ont renommé « Elvira Madigan »
le morceau de Mozart qui scande de nombreuses scènes. Ce scandale
amoureux qui choqua la puritaine Suède est tout autant l'adultère
que le fait que les deux amants venaient de classe différente.
Hedvig Jensen (Pia Degemark) est une artiste de cirque sous le nom
d'Elvira Madigan. Une profession de saltimbanques largement condamnée
par l'Eglise protestante. Son amant est le comte Sixten Sparre
(Thommy Berggren), officier de l'armée de Suède qui porte fièrement
l'uniforme ampoulé de son corps de cavalerie.
Ils
fuient la Suède où ils se sont rencontrés lors d'une
représentation du cirque. Monsieur Loyal s'aperçoit qu'Elvira n'est
plus là, elle l'attraction centrale avec son numéro de funambule.
Dans le même temps, les officiers supérieurs constatent le manque à
l'appel de Sixten. Ils batifolent dans la campagne danoise, loin du
tumulte qu'ils vont provoquer. Les 25 premières minutes d'Elvira
Madigan décrivent le calme
des deux amoureux. Au milieu des herbes folles, des fleurs du
printemps, sous le soleil enchanteur. Sixten décide de raser sa
barbe, d'enlever les boutons dorés de son uniforme pour les troquer
contre ceux de la veste d'un épouvantail. Il passera ainsi inaperçu.
Hedvig sourit que son amant l'appelle par son vrai prénom et non par
son prénom d'artiste, elle a l'impression de vivre pour la première
fois.
Parce
qu'ils ne vont pas se nourrir d'amour et d'eau fraîche, Sixten et
Hedvig font escale dans une auberge du littoral. Sixten a de l'argent
pour vivre avec aise. Ils donnent des faux noms. Sixten range la
Bible au fond d'un tiroir. La gouvernante Cleo (Cleo Jensen), solide
bonne femme les accueille avec un grand sourire. Quand elle n'est pas
en cuisine ou au ménage, elle tricote. Elle apprend à Hedvig à
tricoter. Elle fait un pull pour les mauvais temps. Elle emprunte la
corde à linge pour la tendre entre deux arbres et pratiquer son art
de funambule. Mais le scandale est tel que même les journaux du
Danemark annoncent leur fuite. Sixten lit les articles à Hedvig. Ils
doivent fuir l'auberge, au petit matin, avec la complicité de Cleo
qui les a pris en sympathie.
Loin
des lieux peuplés, Sixten, aristocrate qui n'a jamais rien fait de
ses mains, tente de pécher un poisson dans un lac. Il faut bien
manger. De loin, un militaire les observe. C'est Kristoffer (Lennart
Malmer) aussi blond que Sixten est brun. Bo Widerberg change pour sa
deuxième partie le ton du film. Il met hors champ Hedvig tandis que
les deux hommes se retrouvent. Certes Kristoffer évoque la difficile
vie de l'épouse de Sixten, abandonnée en Suède avec leur deux
enfants, mais la complicité des deux officiers laisse planer un
doute sur leur relation réelle. Kristoffer offre sa veste à Sixten
qu'il porte torse nu, ils jouent au cow-boy et à l'Indien, ils se
regarde intensément tous les deux dans les yeux. Kristoffer cherche
à séparer Sixten d'Elvira, à le faire revenir en Suède. Sixten
comprend la manigance et la fuite recommence.
La
troisième et dernière partie se lance dans le plus grand mélodrame.
Le soleil a disparu, les bons repas au restaurant sont derrière eux,
ils doivent se nourrir de baies et de champignons. Hedvig en vomira.
Ils doivent vendre leurs effets personnels pour s'acheter des
framboises et de la crème qu'ils dévoreront goulûment. Hedvig
accepte de faire un spectacle de charme pour ramener de l'argent.
Sixten s'en offusque, ajoute de la colère à la tension. Filmé
constamment dans le même cadre au début du film, ils sont désormais
séparés par les éléments, une rivière, l'horizon crépusculaire,
une fenêtre. Tous les signes de leur destin funeste sont déclinés,
même la visite d'une diseuse de bonne aventure qui tire deux fois
des cartes de mauvaise augure ne peut plus rien pour sauver du sort
fatal qui les attend.
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