dimanche 17 avril 2016

Pain amour et fantaisie (Luigi Comencini, 1953)

Je crois que je n'avais pas vu Pain amour et fantaisie depuis mon enfance, quand on n'avait que trois chaînes télé et que le film passait régulièrement, sans doute en VF, comme Le Petit monde de Don Camillo, autre film sur l'Italie post néo-réalisme. J'ai regardé ce film avec ma mère qui, elle, l'avait vu à sa sortie. Elle avait 19 ans. Le film se tient toujours grâce à Gina Lollobrigida dans sa petite robe grise qui déambule pieds nus dans les rues et chemins caillouteux de cette petite ville imaginaire des Abruzzes, un bourg tout en haut d'une colline où l'on ne s'y rend qu'en marchant, aucune route n'a été construite.

Elle n'arrête pas de courir, toujours en mouvement, dans ce village où le temps s'est arrêté, où les coutumes et les traditions ont la vie dure. Elle a une drôle de réputation, celle d'une fille légère comme sa petite robe qui virevolte quand elle avance tel un personnage d'un film d'Howard Hawks. Les autres femmes sont toutes engoncées dans leur lourds vêtements, des jupes qui descendent jusqu'aux pieds, un fichu sur la tête, des blouses à manches longues. Elle est surnommée la « Bersagliera », la fantassine. Son meilleur ami est un âne, sa seule richesse. Elle vit avec sa maman et ses petits frères et sœurs dans un minuscule maison.

Pain amour et fantaisie commence avec l'arrivée en car du nouveau capitaine des carabiniers. Le maréchal des logis Antonio Carotenuto (Vittorio de Sica) vient de Naples. Dans le village, il comprend assez vite que la vie sera tranquille. Aucun crime, aucun cambriolage, aucun délit. La seule chose qui va pimenter sa nouvelle vie, c'est l'amour. Antonio est un vieux beau, très fier de son uniforme qu'il arbore à toute occasion, tel un paon. Il est un peu ridicule parce que tous les villageois vivent avec simplicité. Des petits vieux l'observent à la jumelle et se moquent gentiment de lui et de ses habitudes de citadin.

L'amour, donc, est le sujet du film de Luigi Comencini. Antonio remarque vite la Bersagliera, et son caractère indépendant, son insolence et sa beauté. Le naturel de Gina Lollobrigida fait merveille. Il remarque aussi Annarella (Marisa Merlini), la sage-femme qui n'a pas la frivolité de la Bersagliera. Cette dernière n'a pas envie de ce vieux beau, qu'elle repousse tant qu'elle peut. Elle n'a d'yeux que pour un jeune carabinier d'une timidité maladive. Pietro Stulleti (Roberto Risso), très épris d'elle, n'a pas compris qu'elle est amoureuse de lui.

Le film regorge de personnages. Le collègue de Stulleti, un carabinier qui lui donne des conseils. Le curé (Virgilio Riento) qui aide Stulleti et la Bersagliera à trouver l'amour. La nièce du curé, une pimbêche jalouse de la Bersagliera et qui ment pour mettre le grappin sur son carabinier. La bonne du capitaine, la rugueuse Caramella (Tina Pica) qui n'a pas la langue dans sa poche. Tout le monde parle sur tout le monde, les rumeurs courent encore plus vite que Gina Lollobrigida. Mais bien entendu, l'amour va triompher.














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