Je
crois que je n'avais pas vu Pain amour et fantaisie depuis mon
enfance, quand on n'avait que trois chaînes télé et que le film
passait régulièrement, sans doute en VF, comme Le Petit monde de
Don Camillo, autre film sur l'Italie post néo-réalisme. J'ai
regardé ce film avec ma mère qui, elle, l'avait vu à sa sortie.
Elle avait 19 ans. Le film se tient toujours grâce à Gina
Lollobrigida dans sa petite robe grise qui déambule pieds nus dans
les rues et chemins caillouteux de cette petite ville imaginaire des
Abruzzes, un bourg tout en haut d'une colline où l'on ne s'y rend
qu'en marchant, aucune route n'a été construite.
Elle
n'arrête pas de courir, toujours en mouvement, dans ce village où
le temps s'est arrêté, où les coutumes et les traditions ont la
vie dure. Elle a une drôle de réputation, celle d'une fille légère
comme sa petite robe qui virevolte quand elle avance tel un
personnage d'un film d'Howard Hawks. Les autres femmes sont toutes
engoncées dans leur lourds vêtements, des jupes qui descendent
jusqu'aux pieds, un fichu sur la tête, des blouses à manches
longues. Elle est surnommée la « Bersagliera », la
fantassine. Son meilleur ami est un âne, sa seule richesse. Elle vit
avec sa maman et ses petits frères et sœurs dans un minuscule
maison.
Pain
amour et fantaisie commence avec l'arrivée en car du nouveau
capitaine des carabiniers. Le maréchal des logis Antonio Carotenuto
(Vittorio de Sica) vient de Naples. Dans le village, il comprend
assez vite que la vie sera tranquille. Aucun crime, aucun
cambriolage, aucun délit. La seule chose qui va pimenter sa nouvelle
vie, c'est l'amour. Antonio est un vieux beau, très fier de son
uniforme qu'il arbore à toute occasion, tel un paon. Il est un peu
ridicule parce que tous les villageois vivent avec simplicité. Des
petits vieux l'observent à la jumelle et se moquent gentiment de lui
et de ses habitudes de citadin.
L'amour,
donc, est le sujet du film de Luigi Comencini. Antonio remarque vite
la Bersagliera, et son caractère indépendant, son insolence et sa
beauté. Le naturel de Gina Lollobrigida fait merveille. Il remarque
aussi Annarella (Marisa Merlini), la sage-femme qui n'a pas la
frivolité de la Bersagliera. Cette dernière n'a pas envie de ce
vieux beau, qu'elle repousse tant qu'elle peut. Elle n'a d'yeux que
pour un jeune carabinier d'une timidité maladive. Pietro Stulleti
(Roberto Risso), très épris d'elle, n'a pas compris qu'elle est
amoureuse de lui.
Le
film regorge de personnages. Le collègue de Stulleti, un carabinier
qui lui donne des conseils. Le curé (Virgilio Riento) qui aide
Stulleti et la Bersagliera à trouver l'amour. La nièce du curé,
une pimbêche jalouse de la Bersagliera et qui ment pour mettre le
grappin sur son carabinier. La bonne du capitaine, la rugueuse
Caramella (Tina Pica) qui n'a pas la langue dans sa poche. Tout le
monde parle sur tout le monde, les rumeurs courent encore plus vite
que Gina Lollobrigida. Mais bien entendu, l'amour va triompher.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire