Adopte
un veuf (François Desagnat, 2015)
Sans
doute la présence d'André Dussollier me pousse à le penser, mais
Adopte un veuf c'est un peu Trois hommes et un couffin 30
ans plus tard. Sauf que c'est l'inverse, dans cette colocation
parisienne et super bourgeoise, le veuf qu'est Dussollier, grognon et
dévitalisé, accueille d'abord une blonde pimpante (Bérengère
Krief) vaguement sans logement qui s'incruste chez lui et suggère de
prendre deux autres recalés de la vie, un avocat séparé (Arnaud
Ducret) et une infirmière timide (Julia Piaton). Comme on s'y
attend, le trio enquiquine le veuf puis tout le monde s'aide
mutuellement, chacun apporte ses qualités pour effacer les défauts
de l'autre. Sympatoche et drôle, le film de Desagnat fils et frère
des autres (il a déjà commis La Beuze et Les 11
commandements jadis) est à peu près 100 fois supérieur à Five
chroniqué il y a quinze jours.
Mandarines
(Zaza Urushade, 2013)
Encore
(ou presque) une histoire de colocation, cette fois dans une maison
perdue au fin fonds de l'Abkhazie, une province de la Géorgie. Ivo,
un vieillard estonien établi là depuis des lustres et son voisin
Margus, également vieux et estonien, sont restés là malgré le
début de la guerre de 2008 et le départ de leur famille respective.
Le premier fabrique des cagettes qui contiendront des mandarines que
cultive le second. Ils vont soigner et héberger un mercenaire
tchétchène, engagé par les Russes de Poutine, et un soldat
géorgien. Dans ce beau paysage, ces quatre hommes vont tenter de
cohabiter avec l'habituelle ritournelle des haines qui se
transforment en amitié quand ils finissent par se connaître. Ivo
sert de père à ces deux ennemis qui se comportent comme des gamins.
Ce qui procure quelques scènes bien vues, souvent caustiques et
assez drôles, car, oui, la guerre peut faire rire, jaune certes. La
polyphonie des langues, chacun parle sa langue mais russe entre eux,
ne cesse de dire, entre tension et moments d'humour, qu'une seule
chose : quelle connerie la guerre.
Dalton
Trumbo (Jay Roach, 2015)
Les
frères Coen avaient traité à leur manière, légère et ironique,
la chasse aux sorcières à Hollywood dans Ave César, Jay
Roach, l'auteur des 3 Austin Powers évoque cette sinistre
période de l'industrie du cinéma au premier degré et avec passion.
Il faut d'abord s'habituer au fait que des acteurs inconnus jouent
des acteurs très connus (Edward G. Robinson, John Wayne, Kirk
Douglas), d'où leur nom donné en entier quand ils apparaissent à
l'écran et des reconstitutions des films dans lesquels ils ont joué.
Deux camps s'affrontent dans Dalton Trumbo. Celui du
personnage éponyme incarné avec justesse par Bryan Cranston,
scénariste communiste, et celui des anti-rouges dirigé par la
cancanière Hedda Hopper (Helen Mirren géniale) qui menace tous ceux
qui voudraient travailler avec Trumbo. Le film comporte deux parties,
la première est consacrée à l'éviction des scénaristes
communistes (parmi lesquels Arlen Hird joué par Louis CK) que Jay
Roach filme platement, simples joutes verbales entre les
protagonistes. La deuxième partie se focalise sur le retour secret à
l'écriture de Trumbo. Là, le film est formidable dans sa manière
de voir comment le scénariste dupe Hedda Hopper et ses partisans
dans un jeu du chat et de la souris. John Goodman campe avec délice
Frank King qui offre à Trumbo du travail dans une compagnie qui fait
des séries B. Etonnement, il n'est jamais fait mention pendant les
deux heures de Johnny got his gun.
10949
femmes (Nassima Guessoum, 2014)
Ces
10949 femmes en question dans le documentaire de Nassima Guessoum
(fait en solo, avec une toute petite caméra), ce sont les
moudjahidettes qui ont combattu pour l’indépendance de l'Algérie.
La toute première d'entre elles était Nassyma Hablal, décédée en
2013, qui intègre le FLN dès 1955. Née en 1928, Nassyma est
d'abord une femme qui a adopté le mode de vie français, avant de
rejoindre les mouvements indépendantistes. Le film la suit 4 ans,
dans sa maison d'Alger où elle ouvre le film en chantant, affirmant
qu'elle aurait dû faire une carrière dans la chanson au lieu d'être
résistante. Pleine d’entrain et de rires, Nassyma Hablal raconte
sa vie de femme très indépendante, elle présente ses amies à la
documentariste, elle lui fait visiter Alger. La dernière séquence
la montre en train de discuter avec sa nièce qui sort bondieuserie
sur bondieuserie. Nassyma est désespérée de constater que le
colonialisme n'est plus celui des Français mais de la bigoterie.
Captain
America Civil War (Anthony & Joe Russo, 2016)
Dans
Austin Powers, l'action s'arrêtait régulièrement pour
montrer les réactions des familles quand elles apprenaient que l'un
des sbires et porte-flingues du Dr. Evil venait d'être tué. C'est
vrai personne ne se soucie jamais du sort de ces figurants abattus
par les héros. La nouvelle super production Marvel s'intéresse
quant à elle aux victimes tombées sous les décombres des immeubles
que les Avengers détruisent pour rendre la justice. Plus
précisément, ce sont les membres des familles qui cherchent à se
venger de Captain America (Chris Evans) et Iron Man (Robert Downey
Jr). C'est évidemment un plan ultra machiavélique fomenté par un
jeune Allemand (Daniel Brühl), et qui fait voyager dans une bonne
dizaine de pays pour finir au fin fonds de la Sibérie, qui tient
lieu de scénario. Comme dans l'album d'Astérix, il sème la
zizanie. Mais comme dans Batman V Superman, il est assez
pénible de supporter le caractère buté d'Iron Man qui ne comprend
pas vite (pas futé le mec) que tout cela était un piège. Sans
doute n'a-t-il jamais vu un film d'action ou d'espionnage ? Quel
terrible manque de culture.
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