Faut
bien l'avouer, personne ne se demandait où était passé Pee-Wee
Herman. Depuis son scabreux scandale sexuel, il y a 25 ans de cela,
Paul Reubens s'était fait très très rare. A part le rôle du père
d'Oswald Cobbelpot dans Batman
returns et une voix dans
L'Etrange Noël de Mr. Jack,
rien de signifiant. 30 ans plus tard, Paul Reubens revêt une
nouvelle fois le costume étriqué de Pee-Wee Herman. Le
plus incroyable est l'impression qu'il n'a pas changé physiquement
depuis ses débuts chez Tim Burton. Pour bien le prouver, la
(presque) première séquence est une déclinaison de celle de
Pee-Wee's
big adventure.
Soit son réveil où toute une mécanique pour le sortir du lit,
préparer son petit déjeuner et l'emmener au travail se déploie.
Le
scénario de Pee-Wee's
big holiday
démarre avec l'une des plus improbables rencontres, celle de Pee-Wee
et Joe Manganiello. L'acteur de True
blood
et Magic
Mike
(comme il le dit lui-même), plus connu pour sa plaquette abdominale
que pour son jeu d'acteur, est censé jouer son propre rôle, ou peu
s'en faut. Ils se croisent au restaurant où bosse Pee-Wee, se
dernier confectionne le milk-shake au chocolat que commande Joe. Ils
visitent ensemble la ville de Fairville qui semble n'avoir jamais
bougé depuis la fin du mandat d’Eisenhower, une plongée
historique dans l'univers WASP de Happy
days.
Pee-Wee affirme n'être jamais sorti de Fairville, Joe l'invite à
son anniversaire qui aura lieu cinq jours plus tard à New York.
Le
film se décline en un road movie où notre héros doit traverser
tous les Etats-Unis. Le film ne serait rien si, au cours de son
périple, Pee-Wee ne rencontrait que des gens normaux. Mais au
contraire, son intérêt tient à la galerie d'invraisemblables
marginaux et excentriques qu'il croise. Tout d'abord trois femmes
tout droit issues du cinéma de Russ Meyer, créatures plantureuses
qui kidnappent Pee-Wee. Ça continue avec un VRP vendeur de gadgets
inutiles. Puis un fermier redneck père de neuf filles rondelettes.
Il oblige Pee-Wee à épouser l'un d'elles. Quatre coiffeurs
afro-américains drag queens. Une milliardaire extravagante. Ensuite
un ermite des forêts qui « invite » Pee-Wee dans sa
cave. Pour finir avec des Amish à qu'il apprend à faire du bruit.
Le
comique du film repose, essentiellement sur un burlesque enfantin
consécutif de la différence entre Pee-Wee, la candeur incarnée, et
ses hôtes, si différents de lui. Cette opposition prend toute sa
saveur avec Joe Manganiello. Il s'agit moins de leur apparence
physique, la demi-portion face à la montagne de muscles que du
scénario affirmant qu'ils sont l'objet d'un coup de foudre mutuel
qui se scande par des séquences de rêve, purs fantasmes érotiques
filmés au ralenti avec des paillettes par milliers. La séquence
finale où les deux acteurs se rejoignent au sommet d'un immeuble,
tels Cary Grant et Deborah Kerr, pour enfin sceller leur union est
tout simplement hallucinante. Si Pee-Wee Herman a écrit ce scénario,
ode au n'importe quoi, Judd Apatow a produit ce film, diffusé sur
Netflix.
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