Comme
tous les ans, le mois d'avril est celui du grand calme
cinématographique où les distributeurs ne sortent que ce qui est
resté longtemps dans le placard (Le Fantôme de Canterville
prêt depuis des mois). Avril, c'est les vacances donc que des films
dits « de famille » à potentiel de haut box-office,
c'est l'annonce des sélections cannoises, donc aucun film d'auteur
ne sort attendant une éventuelle annonce, car il n'y a pas que la
compétition où Frémaux invite toujours les mêmes cinéastes, il y
a ces fameuses sections parallèles, Un Certain Regard, La Quinzaine
des réalisateurs, La Semaine de la critique et également l'ACID et
Ecrans Juniors. Une bonne cinquantaine de films. Pendant ce temps, le
public se repose les yeux. En avril, tu ne découvres pas un film.
13
hours (Michael Bay, 2016)
Ce
qui est pénible dans cette nouvelle ode à la gloire de l'armée
américaine, c'est son extrême mollesse. Comme d'habitude Michael
Bay confond la vitesse avec le rythme. La vitesse n'est qu'une
impression alors que le rythme est une question de montage. Jamais le
temps ne se confronte à l'espace. Soit deux lieux, l'ambassade
américaine en Libye et le centre secret de la CIA séparés de 1,5
km et une durée, 13 heures pour les soldats pour se rendre de l'un à
l'autre. L'heure est donné toutes les dix minutes pour rappeler ce
compte à rebours, manière paresseuse de ne pas faire confiance au
spectateur. Cette mollesse éclate lorsque les bidasses prient pour
leurs conjointes et enfants restés au pays, c'est pour eux qu'ils se
battent. L'habituel catéchisme néo-conservateur dans toute sa
crasse bêtise.
Five
(Igor Gotesman, 2016)
Cinq
amis aménagent ensemble dans un immense appartement d'un quartier
chic parisien (la ville n'existe pas en tant que telle, si ce n'est
pour aller en banlieue). Le plus riche d'entre eux (Pierre Niney)
paiera le loyer. Son papa a du pognon. Il en profite pour ne pas
aller à ses cours de médecine et faire le comédien. Quand papa
surprend l'entourloupe, il coupe les vivres. Le jeune con décide de
vendre de la beuh. Attention, comédie pleine de quiproquos où on ne
rit jamais, pleine d'obsédés sexuels qui sont en fait des cœurs
tendres, pleine de vannes anémiques. Le pauvre Idrissa Hanrot n'a
qu'une phrase de dialogue pour faire exister son personnage. Un film
génération youtube.
Good
luck Algeria (Farid Bentoumi, 2015)
Un
problème : deux amis (Sami Bouajila et Franck Gastambide, duo
qui fonctionne à merveille, drôle et tendre) ont des soucis avec
leur entreprise de skis en bois. Une solution : se faire de la
pub en devenant skieur pour l'équipe nationale d'Algérie au JO
d'hiver de Turin. Dans cette histoire vraie inspirée par le parcours
du frère du réalisateur, les obstacles à la solution ne manquent
pas. L'épouse enceinte (Chiara Mastroianni) qui n'en peut plus de ne
plus voir son mari, les parents qui couvent le fiston, les autorités
olympiques algériennes qui les plongent dans un dédale kafkaïen,
les incompréhensions mutuelles lors du séjour au Bled. Ce qui plaît
dans ce feel good movie c'est d'abord qu'il évite le folklore
à la Rasta Rocket (tant mieux), et surtout l'interprétation
de l'ensemble du casting, et enfin que le réalisateur évite
l'enfilage de clichés. Pour couronner le tout, on voit quelques
plans tournés à Grenoble. Quel dommage que le film n'ait pas
conquis un public plus nombreux.
Le
Fantôme de Canterville (Yann Samuell, 2015)
Depuis
que Kev' Adams est l'idole de la cours récré, Michael Youn a un peu
de mal à récupérer son public. Ce n'est pas cette comédie
gothique bien ratée qui va le faire revenir au firmament du public
de moins de 12 ans. Le film est un succédané du cinéma de Tim
Burton (Beetlejuice et Dark shadows), des humains
s'incrustent dans une demeure peuplée de spectres. Même la musique
est pompée sur celle de Danny Elfman. L'horreur dans cette panade,
ce ne sont pas les deux fantômes (Audrey Fleurot qui se prend pour
Eva Green ; Michael Youn qui s'en sort plutôt bien en larbin
brimé, il a réussi à m'esquisser quelques sourires), non l'horreur
ce sont les dialogues que l'adolescente débite. Chaque réplique
veut faire jeune tendance vénère de banlieue tel qu'on peut les
voir dans ces reportages sensationnels de la télévision.
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