Quelle
horreur : le Premier ministre de Malaisie a décidé que le
travail des enfants serait réglementé dans son pays. C'est un
tremblement de terre pour l'industrie du textile qui se mobilise en
secret. Les plus grands créateurs (on reconnaît les silhouettes des
sosies de Giorgio A. d'Anna W. ou de Karl L.) mènent la lutte pour
assassiner le chef d'état. Ils ont convoqués Mugatu (Will Ferrell)
pour trouver un mannequin suffisamment manipulable et docile, donc
stupide, pour accomplir cette mission. Ce mannequin, Mugatu l'a
trouvé, ce sera Derek Zoolander (Ben Stiller).
Pour
le présenter, quoi de mieux que de faire intervenir une journaliste
de Time Magazine, Matilda (Christine Taylor) abasourdie par la bêtise
de son sujet et par les réponses qu'il lui donne où le mannequin
semble avoir un vocabulaire bien limité. Zoolander a une marque de
fabrique, le regard « blue steel », qui s'avère être le
même regard que le « tiger » ou « Ferrari ».
Soit un regard de poisson mort et des lèvres en cul de poule.
Zoolander prépare aussi son nouveau look, appelé « Magnum »
et qu'il peaufine depuis 8 ou 9 ans.
En
attendant la parution de l'article que Derek imagine élogieux, la
cérémonie annuelle de la mode arrive. Derek Zoolander a été élu
trois années de suite meilleur mannequin. Il brigue un quatrième
trophée. C'est sans compter sur Hansel (Owen Wilson) aussi blond que
Zoolander est brun, aussi hipster que son concurrent est metrosexuel,
mais tout aussi stupide. Quand Lenny Kravitz (l'une des nombreuses
stars qui jouent leur propre rôle, on y voit aussi Donald Trump et
Winona Ryder) annonce que Hansel est vainqueur, Zoolander monte tout
de même récupérer la récompense.
Il
devient la risée de toute la profession et des médias. Il annonce à
son manager, le sublimement vulgaire Maury Ballstein (Jerry Stiller,
le propre père de Ben Stiller) qu'il abandonne sa carrière.
Direction le sud du New Jersey où il retrouve sa famille. Son père
(Jon Voigt) et ses frères (Vince Vaughn et Judah Friedlander) ont la
même chevelure que Derek mais leur vie est bien différente. Il est
la honte de la famille à la découverte d'un pub où il est une
sirène. Zoolander devient comme eux mineur de fond, il va au fond de
la mine avec style et se débarbouille de la suie avec du
démaquillant.
L'échec
de sa nouvelle vie est patent mais Zoolander rebondit vite et accepte
l'invitation de Mugatu pour se nouvelle collection, Derelicte axée
sur les détritus. Mugatu est génialement incarné par Will Ferrell
avec toute la démesure que l'acteur peut proposer dans son jeu.
Mugatu, c'est d'abord un visuel monstrueux. Des cheveux blancs en
forme de M, des yeux vicieux qui annoncent son mépris pour son
prochain, des tenues extravagantes qu'il porte avec une gaine. Sans
Will Ferrell dont le comique réside aussi dans sa voix outrée, le
film de Ben Stiller n'aurait pas la même force.
Tout
le scénario tourne désormais autour du complot que fomente Mugatu
avec l'aide de son assistant Todd (Nathan Lee Graham) son
souffre-douleur et de Katinka (Milla Jovovich) son bras armé tout de
cuir vêtu. Il lui font subir un lavage de cerveau dans une séquence
psychédélique aussi hilarante qu'improbable où Mugatu déguisée
en petite fille affirme, une sucette à la main, que le travail des
enfants c'est génial. Zoolander est maintenant aux mains des ennemis
du Premier ministre de Malaisie.
Conçu
comme un polar parodique, Zoolander
fait fi de toute vraisemblance. Matilda comprend vite la manipulation
de Mugatu et Katinka grâce à des coupures de journaux. Quelle
idiote cette Katinka de s'être laissée photographiée autour des
mannequins qu'elle a flingué. L'enquête se poursuit avec un
mannequin main (David Duchovny) qui explique au cimetière
Saint-Adonis que toute cette histoire est un vaste complot. X-Files
n'est pas très loin. Hansel se réconcilie avec Derek et acceptent
de l'aider pour mettre fin à la tentative d'assassinat.
Quatre
chansons scandent le film dans quatre séquences devenues des
morceaux de bravoure. Wake me up before you go go de Wham! quand les
colocataires de Derek font une bataille à la pompe à essence. Beat
it de Michael Jackson lors du défi défilé où s'affronte Hansel et
Derek sous l'arbitrage de David Bowie. Love to love you baby de Donna
Summer lors de la partouze sous stupéfiant dans le loft de Hansel.
Et évidemment Relax de Frankie goes to Hollywood lors du lavage de
cerveau mais aussi pendant le défilé Derelicte où le sinistre DJ
(Justin Theroux) actionne le plan diabolique de Mugatu. Pour faire
une courte conclusion : un film génial.
3 commentaires:
Ah oui, absolument génial. À hurler de rire.
Représenter la connerie
nécessite beaucoup de sérieux et d'inspiration :
Zoolander en a à revendre.
Loin d'être grossier et facile, le film est précis, avec un soucis
du détail juste qui fait mouche.
Petit succès en salles à sa sortie en France (comment vendre
un film pareil ?) mais oeuvre indispensable dans toute
vidéothèque qui se respecte.
Le succès a été faible aussi aux Etats-Unis. Certes, il est sorti trois jours après le 11 septembre 2001. Pour Zoolander 2, je crains que la plupart des séances ne soient en VF. Font chier ces distributeurs qui massacrent les comédies.
J'ai peur que tu aies raison : mardi matin, seules sont annoncés des copies vf au 6 Rex
et au Pathé Échirolles. Et après ils vont pleurer contre le téléchargement.
Qu'ils commencent par faire correctement leur boulot et on en reparlera.
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