Résumé
des épisodes précédents. Le duo Eric et Ramzy au cinéma reste et
demeure La Tour Montparnasse infernale de Charles Némès (un
compagnon de route de l'équipe du Splendid), un film calibré pour
le duo où il développait ce qu'on avait pu voir d'eux dans leurs
spectacles mais axé sur un solide mais minimaliste scénario, qui a
raflé la mise. Puis, la terrible dégringolade de Double zéro
par Gérard Pirès (l'auteur du premier Taxi), suivie de celle
des Dalton et enfin la rencontre avec Quentin Dupieux, petit
prince du surréalisme moderne. Je me rappelle mon ébahissement
devant Steak, puis de cette suite de films qu'Eric Judor a
fait sans Ramzy Bedia pour Dupieux. Pour enfin arriver, 15 ans plus
tard à La Tour 2 contrôle infernale. L'histoire de deux
spationautes au cerveau délavé après être passés à la
centrifugeuse du centre spatial d'Aix en Provence. Ils deviendront
bagagistes à l'aéroport d'Aurly (l'orthographe vient du film).
Trois
groupes se distinguent. Le duo Eric et Ramzy, les terroristes et les
technocrates. Le mode comique global du film est celui du futur
antérieur. Une manière de revisiter le passé, ici nous sommes en
1981, avec les yeux d'aujourd'hui. Les Austin Powers de Mike
Myers ou les Ron Burgundy d'Adam McKay et Will Ferrell ont
exploré ce futur antérieur. Dans La Tour 2 contrôle infernale
cela crée des néologismes pour l'époque que certains s'acharnent
à corriger pour cadrer avec leur temps. L'exemple le plus frappant
est celui de « cyber-terrorisme » qu'utilise Marina Foïs
parce que les terroristes qui attaquent Aurly utilisent un
ordinateur, des portables ancestraux et de taille gigantesque et des
images 3D. Immédiatement, le ministre de l'Intérieur rétorque que
le mot cyber n'existe pas et qu'il faut parler, en se moquant de sa
secrétaire, d'ordinateur-terrorisme.
Le
film décline ce futur antérieur tout simplement parce qu'il
organise les origines de La Tour Montparnasse infernale,
exactement de la même manière que les deux trilogies de Star
Wars. Il faut faire coïncider entre les deux récits les
personnages incarnés par les mêmes acteurs. Eric et Ramzy parlent
tout le temps de leur bébés respectifs qu'ils doivent vite aller
nourrir (le film est en temps unitaire). Ce seront ces enfants qui
seront les laveurs de carreaux en 2001 quand ils auront 20 ans, aussi
stupides que leurs parents. Marina Foïs est enceinte jusqu'aux dents
et sa fille sera sans doute cette femme qui attaque la Tour.
D'ailleurs, pour se placer en 1981, tout le monde fume des clopes
autour de cette femme enceinte, parce qu'en 1981, le tabac n'était
pas nocif. Quant à Serge Riaboukine, il affirme avoir un frère
jumeau qui aura 40 ans dans 20 ans et qui se vengera.
L'humour
d'Eric et Ramzy, comme celui du personnage de Philippe Katerine
repose sur l'escamotage des mots. En premier lieu sur les noms de
leurs personnages. Eric est Ernest Krakenkirk, mais le kirk est muet
et on prononce Kraken, Ramzy est Bachir Bouzouk, mais le R final de
Bachir est muet lui aussi. C'est un plaisir réel de retrouver ces
jeux de mots, certains très élaborés (le plan épervier) certains
plus faciles. Philippe Katerine joue avec le plus grand sérieux le
chef des terroristes (aux motivations plus que maigres) qui sait à
peine parler français, sujet de moqueries de ses sbires qu'il abat à
la moindre contrariété. Malgré quelques beaux moments, quelques
plans poétiques (le hangar avec les valises suspendues), quelques
trouvailles visuelles (le sang qui n'en finit pas de couler des mains
de Ramzy), le film manque paradoxalement de liant entre les groupes.
Eric Judor n'a pas encore tout à fait percé le mystère du montage,
ça viendra si le public lui en laisse l'occasion.
1 commentaire:
Bonjour Jean,
Je viens de découvrir votre nouveau blog!
AU sujet de la tour2controle infernale, vous n'en parlez pas dans votre critique, mais Eric Judor a réalisé la série Platane, où il joue son propre rôle. Il y a d'ailleurs plusieurs épisodes où tourne la suite de la Tour Montparnasse Infernale... dans un aéroport.
La série est pas mal foutue. L'humour développé y est différent de leurs premiers films ou ceux avec Dupieux.
Si vous ne l'avez pas vue, je vous la recommande.
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