Aujourd'hui,
les fêtes du Nouvel an lunaire débutent. L'occasion de revenir sur
Le Roi singe de Jeff Lau, et surtout pour de faire quelques
captures d'écran du film (le texte est quasiment le même que celui
que j'avais écrit pour mon ancien blog AsieVision). D'ailleurs,
mercredi le dernier film de Soi Cheang sort en France. The Monkey
King 2 est une nouvelle adaptation du Voyage vers l'ouest, on
imagine que le film sort également à l'occasion du Nouvel an
chinois (mais où est passé The Monkey King 1 ?).
Il
n'est pas simple de résumer Le Roi Singe. Le film part dans
tous les sens et le récit devient plus complexe au fur et à mesure.
Le scénario plein de coups de théâtre, de personnages, de
batailles. Stephen Chow est bien entendu la star de son film. Il y
est ce roi singe arrogant qui défie une déesse. Au lieu d’aller
chercher les racines du bouddhisme, c'est-à-dire en Inde, il s’est
amusé à faire de nombreuses facéties. La déesse décide de lui
retirer son statut de dieu et devra errer cinq cents ans sans
mémoire.
Devenu
humain sous le nom de Chi Juen-bo, le roi singe est un mortel, chef
d’une bande de brigands minables. Le roi singe porte encore les
stigmates de son ancienne vie. Ses sourcils se rejoignent, il a des
poils partout, y compris sous les pieds. Chi ignore qu’il fut un
dieu. Il ne sait pas non plus que la malédiction va bientôt
s’achever. Ainsi quand il rencontre deux jeunes et jolies femmes
Jing-jing (Karen Mok) et Spider (Nam Kit-ying, il ne se rend pas
compte que ce sont deux démones, Jing-jing se transforme en zombie
et Spider est une araignée géante.
Les
démones le recherchent. Comme le roi taureau (Lu Xu-ming), son beau
frère qui veut se venger d’une infidélité. Arrive aussi Fruit du
Savoir (Jeff Lau), venu pour aider Chi. Le
début du Roi Singe pourrait faire croire à un wu xia pian
classique avec des divinités, des moines, des combats (bien réglés
par Ching Siu-tung qui imprime fortement de sa marque la mise en
scène). Mais très vite on arrive dans le mo tei lo, comme le
dit Jing-jing dans un dialogue. Soit le grand n’importe quoi de la
comédie absurde et non-sensique.
Pour
faire rire avec ses gros gags, Stephen Chow est accompagné par son
fidèle Ng Man-tat qui sera l’homme cochon de la légende initiale.
Il a aussi oublié son passé, mais un miroir magique révèle la
personnalité première de nos héros. L’humour dans Le Roi
Singe se décline sur différents niveaux. Bien sûr Stephen et
Ng Man-tat en font des tonnes, comme dans la scène où ils
apparaissent à moitié à poil, persuadés que les démones ne
peuvent les voir. L’humour vient aussi des dialogues d’une belle
et saine vulgarité.
Question
dialogues drôles, Law Kar-ying, qui interprète le moine gardien de
Chi, est grandiose. Il est montré comme un homme pénible, qui ne
cesse jamais de parler. L’humour vient évidemment aussi des
situations incongrues, des costumes de certains personnages comme
celui du Roi Taureau. Il vent aussi des mimiques de tous les acteurs,
d'un burlesque enfantin, au moins dans sa première partie, la plus
déchaînée. Stephen Chow, véritable auteur du film, ose tout (un
gag de pet par exemple pour chasser des soldats) et je l'aime pour
ça.
Et
puis derrière, se trouve aussi des histoires d’amour contrariées
et foisonnantes. A vrai dire, on ne sait plus au bout de deux heures
de film qui aime qui. A combien de femmes, Chi a-t-il promis de se
marier, l'une des grandes questions de la deuxième partie. Grâce à
une boîte de lune, Chi remonte dans le temps, d’abord pour sauver
Jing-jing d’une mort certaine, ensuite pour résoudre les problèmes
qu’il a engendrés. Jeff Lau effectue deux grands flash-backs dans
la deuxième partie, pour rappeler quelques nœuds du récit.
On
s’amuse comme des fous à regarder Le Roi Singe. Tout va si
vite qu’on peut apprécier chaque morceau du film comme un moment
d’anthologie. Un des meilleurs films de Stephen Chow avec son
comparse Jeff Lau. Le Roi Singe est sorti à deux semaines de
distance au moment du Nouvel An Lunaire 1995. Jeff Lau a tourné une
nouvelle version du récit en 2002 avec Tony Leung Chiu-wai. Le film
était produit par Wong Kar-wai. Et Stephen Chow a réalisé un
magnifique remake en 2013, Journey to the West Conquering the demon, sans jouer dedans, hélas.
Bonne
année ! 恭喜發財
!
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