Turkish
delight est l'histoire d'un
amour fou, passionné et destructeur. Un amour entre Eric (Rutger
Hauer, dans le premier des cinq films qu'il tourne avec Paul
Verhoven) et Olga (Monique van de Ven). Ils se rencontrent sur une
autoroute. Eric, sculpteur, part fâché de son boulot où son patron
le traite comme un moins que rien. Parti sans rien, il fait du stop
et Olga le prend dans sa voiture. Olga, à la chevelure rousse, a le
même tempérament de feu. Ils s'arrêtent à une aire d'autoroute et
font l'amour. Quelques kilomètres plus loin, ils ont un accident de
voiture. Eric caressait Olga qui voulait enfiler un manteau de vison
qu'il lui avait donné.
Olga
vit chez papa et maman (Wim van den Brink et Tonny Huurdman), deux
commerçants qui voient d'un bien mauvais œil leur gentille petite
fille (à peine vingt ans) fréquenter un artiste sans le sou comme
Eric. C'est la mère qui est la plus retorse, interdisant l'entrée
de leur appartement à Eric, l'accusant d'être responsable de
l'accident. Mais il lui en faut plus pour l'empêcher d'entrer. Le
père le trouve plutôt sympathique, ils trinquent ensemble et
direction la mairie où ils se marient en toute simplicité avant de
partir en lune de miel au bord de la mer.
Leur
nouvelle vie est très vite réglée. Eric travaille à une nouvelle
sculpture qui sera installée dans le jardin d'un hôpital. Olga sera
son modèle. La Reine viendra l'inaugurer, au grand dam de son
protocole qui craint les débordements du couple qui vient
dépenaillé, Olga sans soutien-gorge et Eric avec une chemise
ouverte. Paul Verhoeven règle quelques comptes avec la bourgeoisie
propre sur elle mais terriblement vulgaire. La scène du repas dans
le restaurant chinois, filmée avec un filtre rouge, montre une
famille qui fait littéralement vomir Eric.
Le
reste du temps, Olga et Eric font l'amour, partout, sans arrêt et
avec des orgasmes. Les deux acteurs passent la moitié du film à
poil, sans une once de vulgarité, dans leur appartement qui sert
aussi d'atelier à Eric. Ils baisent chez les parents d'Olga, dans
des chiottes, dans leur lit. Quand ils se déplacent, toujours en
vélo narguant les automobilistes, c'est pour se dépêcher d'aller
faire l'amour. Eric jette alors le vélo n'importe où, ils courent
comme des dératés et se foutent à poil. Paul Verhoeven filme ces
scènes de sexe comme la chose la plus pure qui soit et avec un bel
humour.
Mais
cette pureté a un coût. Dans l'expression amour
fou, la folie prend vite le
pas sur l'amour. Chez Eric, cela passe par une violence due à sa
jalousie extrême. Visuellement, Paul Verhoeven montre cette folie
avec les asticots qui obnubilent Eric et qui surgissent devant ses
yeux, avec la matière excrémentielle qui lie le couple (belle scène
où Eric ramasse la crotte d'Olga qui se croit malade). Eric ira
trouver l'inspiration, après une nouvelle séparation, dans une
décharge publique. Olga se goinfre de loukoum (ces turks
fruit du titre original) pour
compenser l'absence d'Eric.
Rutger
Hauer déploie une énergie phénoménale pour son personnage de
chien fou, d'inadapté social. Avec ses cheveux mi-longs blonds, il
fait fortement penser à Klaus Kinski. Monique van de Ven n'est pas
en reste dans son incarnation d'une femme enfant coincée entre sa
famille et l'amour de sa vie. La partition musicale du film alterne
magnifiquement entre une musique guillerette quand tout va bien et
des mélancoliques mélopées de l'harmonica de Toots Thieleman quand
tout va mal. La subtilité du film est dans ses passages entre la
comédie et la tragédie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire