Avec
sa voix de velours et son regard de braise, Vincent Price apporte un
charisme inégalé au personnage de Dr. Goldfoot. Ne nous y trompons
pas, Goldfoot est un méchant, un homme qui veut vole les biens
d'autrui, un affreux qui assassine ses cibles pour parvenir à ses
fins. Et l'habit fait le méchant : un veste en tissu rouge
côtelé, un beau nœud papillon noir, une barbe finement taillée et
des babouches en or. Il est le héros de deux films, Dr.
Goldfoot and the bikini machine
(Norman Taurog, 1965) et Dr.
Goldfoot and the girl bombs
(Mario Bava, 1966). Seul ce dernier a droit à une édition DVD,
double proposition même car Mario Bava qui a commis la chose a
tourné deux versions, l'une américaine (regardable), l'autre
italienne titrée L'Espion qui
venait du surgelé
(dispensable). Quoi qu'il en soit, les titres font figure de
programme et parodient Goldfinger.
Les
deux films fonctionnent avec les mêmes personnages. Un homme, la
vingtaine, plutôt beau garçon, qui est un agent secret pour la SIC
(Secret Intelligence Command). Deux rockers à la mode, histoire
d'attirer au cinéma les jeunes spectatrices, incarnaient cet agent,
respectivement Frankie Avalon et Fabian. Séducteur invétéré,
Craig (Frankie Avalon) est aussi un agent qui multiplie les bévues
et qui, tel une tornade, détruit tous les meubles sur son passage,
un peu à la manière de l'inspecteur Clouseau. Dans L'Espion
qui venait du surgelé, ce
sont deux agents gaffeurs qui travaillent avec Fabian, deux comiques
italiens, stars chez eux, Franco Franchi et Ciccio Ingrassia (connus
en France essentiellement pour Les
Aventures de Pinocchio de
Luigi Comencini). Le montage italien met en valeur ce duo au
détriment des scènes avec Vincent Price.
L'action
de Dr. Goldfoot and the Bikini
machine se déroule à San
Francisco. Le Dr. Goldfoot a ordonné à son robot N°11, prénommée
Diane (Susan Hart) d'aller séduire Todd Armstrong, un riche homme
d'affaires pour lui voler ses titres de propriété et ses actions.
Mais Igor, le stupide assistant de Goldfoot s'était trompé dans les
programmes du robot. Et c'est d'abord Craig qu'elle rencontre. Il
s'ensuit de nombreuses réprimandes du docteur qui punit Diane à
« la chaise », Craig qui va convaincre son oncle, chef du
SIC qu'un complot se ourdit contre de nombreux hommes très riches,
une visite dans la demeure gothique de Goldfoot, remplie
d'instruments de torture hérités d'un ancêtre qui les inventés
lors de l'Inquisition. Et des effets spéciaux issus des gadgets
confectionnés par le savant fou, des rouges à lèvres qui envoient
un laser destructeur, par exemple
Dans
L'Espion qui venait du surgelé,
qui se passe à Rome, le savant fou décide d'envoyer ses femmes
robots se faire exploser chez des généraux de l'OTAN qui prépare
une réunion dans la capitale italienne. Bill Dexter (Fabian) veut
convaincre son oncle, toujours chef du SIC, qu'il peut mener à bien
cette mission, mais l'oncle choisit les deux comiques italiens pour
s'infiltrer, causant des gaffes, des dégâts et des quiproquos qui
nuisent à l'enquête. Ils confondent Bill avec un sbire du docteur,
bien que cet homme de main soit un Chinois. La nièce du chef des
espions, la belle Rosanna (Laura Antonelli) aide Bill dans sa lutte
contre Goldfoot, mais ce dernier la kidnappe et la remplace par un
robot bombe. Il duplique, dans sa machine diabolique, les deux
crétins qui se sont égarés dans l'antre du docteur.
Dans
chacun des films, on découvre une kyrielle de jeunes femmes en
bikini doré, histoire, cette fois, d'attirer dans les salles des
jeunes hommes. Les femmes en bikini, les filles robots ne causent
guère, mais elles dansent parfois (belle scène de miroir dans
L'Espion qui venait du
surgelé), provoquant l'ire du
savant fou. Chaque film se termine par une folle course poursuite où
les personnages changent de véhicules en court de route, mention
spéciale à celle dans San Francisco entre un bateau et un trolley,
celle de Rome se finit en train et en montgolfière. Les deux films,
au comique balourd, avec ses faux raccords et au scénario inepte, se
regardent pourtant bien volontiers, ne serait que pour Vincent Price,
génial, ou la chanson des Supremes dans Dr.
Goldfoot and the bikini machine,
le meilleur des deux films.
Les
captures d'écran sont issues du montage américain de Girl bombs à
partit du DVD édité par Artus en 2015. Pas de captures d'écran de
Bikini machine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire