Tsui
Hark aura mis trois ans avant d’entreprendre Histoires
de fantômes chinois 2 :
le succès fût mitigé
auprès du public du premier film. L’ouverture résume en trois
minutes le scénario du premier film pour lancer une nouvelle
histoire. Le pèlerin Ning (Leslie Cheung) séparé de son maître
Yan (Wu Ma) décide de partir méditer en ermite dans un temple
éloigné. Ning se retrouve seul dans un village et rentre dans une
auberge où les patrons servent de la chair humaine aux clients. Les
malheurs continuent de s’abattre pour lui quand la police le prend
pour un bandit et l’arrête.
En
prison, il fait la connaissance de son compagnon de cellule, Chu
Er-long (Ku Feng), un philosophe emprisonné depuis des années à
cause de ses livres et poèmes. Barbu, le vieux sage se nourrit de
cafards au grand dégoût de Ning. Les semaines passent, la barbe
pousse au menton de notre jeune héros quand il comprend qu’il va
être exécuté dans la nuit. Un bon repas lui a été apporté, le
repas des condamnés. Chu Er-long lui explique tout de go qu’il
pourrait s’évader car il avait construit un tunnel.
Ning
emporte avec lui un manuel du vieillard et son sceau. Dehors, il
saute sur un cheval qui l’attendait là, comme si Chu Er-long avait
tout prévu. En vérité, il s’agit de celui de Zhi Tsao (Jacky
Cheung). Ce dernier, moine taoïste, poursuit Ning en creusant un
tunnel sous la terre. Tous deux terminent dans une demeure en ruine
où huit cercueils les glacent d’effroi. Ning en profite quand même
pour prendre un bain (et il chante pour faire taire sa peur). Dehors,
des fantômes commencent à se manifester.
Pour
déconcerter le public et donner un aspect surnaturel, les revenants
descendent verticalement dans le cadre en scope au milieu de la
forêt, les étoffes colorées contrastent fortement avec la
luminosité bleutée, la musique appuie le sentiment de malaise. La
scène poétique est typique de la mise en scène de Ching Siu-tung
et se démarque de l’univers comique jusque là abordé dans le
film. En vérité, il ne s’agit pas de fantômes mais du clan de
Chin-fan (Joey Wong) et Yue-chin (Michelle Reis), qui partent libérer
leur père, le Seigneur Fu (Lau Siu-ming), injustement arrêté.
Tai-shen
est pris pour Chu Er-long. Chin-fan lui demande un oracle. Le jeune
pèlerin est frappé par la ressemblance entre Chin-fan et Hsiao
Ting, le fantôme dont il était amoureux dans le premier film. Une
romance va s’amorcer entre les deux, encore une fois basée sur
l’illusion. Tai-shen peut revivre son amour perdu tandis que
Chin-fan le prend pour un autre. La tension sexuelle va se développer
dans une scène de bain où il va perdre connaissance, elle va le
déshabiller pour faire sécher ses vêtements, puis enlever les
siens et se coucher nue sur lui pour le réchauffer.
Parlons
maintenant des démons qui arpentent le film. Le premier est un
monstre dégoûtant, sorte d’ectoplasme gluant armé de piques. La
rencontre se fait dans la demeure en ruine et se déroule sur un mode
burlesque. Zhi Tsao, en tant que taoïste, inscrit sur la paume de sa
main un sortilège pour immobiliser le monstre mais la maladresse de
Tai-shen manque de les faire se tuer. Finalement, il tranchera au
sabre le monstre, ce dernier contaminera Chin-fan qui se transformera
en démon.
Le
deuxième monstre est un prêtre bouddhiste impérial (Lau Shun).
Avec son cortège, il arpente les lieux. Le vieux prêtre parle avec
une voix de vieille sorcière. Sa force semble indépassable. Il
jette sur ses adversaires des torrents de flammes, se transforme en
bouddha d’or et entonne des chants qui hypnotisent. Il faudra que
toute la troupe soit solidaire, que le sabreur Hu (Waise Lee) qui
escorte le Seigneur Fu vienne les aider et que maître Yan sorte de
son temple d’ermite pour en venir à bout, dans un sublime
déferlement d’images bariolées comme seule, en cette époque
bénie, la compagnie Film Workshop savait en offrir aux spectateurs
charmés.
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