Jouer
au dodgeball, c'est simple. Il faut respecter la règle des 5 D :
« Dodge, Duck, Dip, Dive, and... Dodge » Esquiver,
éviter, échapper, s'écarter et esquiver. Un charmant petit film de
1954 en noir et blanc vient expliquer tout ce que l'on toujours voulu
savoir sur la balle au prisonnier sans jamais oser demander. Une bel
exemple de film parodique où un charmant gamin quitte sa corvée,
repeindre la palissade avec de la peinture au plomb, pour aller jouer
au dodgeball, un jeu épatant où les plus faibles sont éliminés et
les plus forts vainqueurs, comme l'explique, clope au bec, le
champion Patches O'Houlihan.
Les
clampins qui accompagnent Peter La Fleur (Vince Vaughn) dans le
tournoi de dodgeball qui a lieu à Las Vegas sont les clients de sa
salle de gym. Ses rares clients. Un faux pirate, vrai tocard qui
s'exprime par borborygmes (Alan Tudik), un gringalet qui rêve d'être
pom-pom boy (Justin Long), un gros à lunettes mariée à une
Chinoise « achetée » sur Internet (Stephen Root), un
maigrichon pas futé (Joel David Moore) et l'employé de Peter, fan
de fringues fluo (Chris Williams). Pourquoi faire une équipe avec
ces losers : pour sauver Average Joe's , la salle de gym menacée
par White Goodman.
Ben
Stiller incarne ce White Goodman, au patronyme ironique, incarnation
d'une Amérique forte et triomphante. Il reprend dans son personnage
de belle ordure ce qui faisait le sel de Zoolander,
une variation de Mugatu, avec son corps bodybuildé, sa moustache et
sa permanente, et ses maillots ridicules qui le moule à l'extrême.
Il est le patron de Global Gym, prône le culte du corps et méprise
les losers qui entourent La Fleur. Là aussi, des pubs ridicules,
parodies de téléachat présentent l'univers aseptisé de Goodman.
Le décor de son antre, tout à sa gloire (superbe tableau kitsch où
il prend un taureau par les cornes) finit de décrire l'homme.
Tout
le récit de Dodgeball
tient dans l'affrontement entre les gras du bide et les musclés,
entre les losers et les übermenchen, entre les faibles et les forts.
Et évidemment, le spectateur a envie que les faibles triomphent des
forts, malgré la stupidité de tous. La beauté, la force et les
muscles de Goodman sont bien plus grotesques que les efforts des
potes de Pete pour tenter de sauver la salle de gym. Quand ils
s'humilient, c'est toujours pour la bonne cause, même quand il
s'agit de se foutre en slip pour nettoyer le camion d'un pervers.
Goodman, lui, demande à ce qu'on lui obéisse sans sourciller. Voilà
pourquoi on aime ces losers.
La
deuxième moitié de Dodgeball
est entièrement consacrée au tournoi de balle au prisonnier.
L'équipe de Pete est entraînée par Patches O'Houlihan (Rip Torn),
un vrai taré qui jette des clés à molette sur les joueurs. « Tu
peux éviter les clés à molette, tu peux éviter les ballons ».
Patches, de son fauteuil roulant, vaguement sénile, insulte chaque
personnage, notamment Kate (Christine Taylor), la comptable de
Goodman qui décide d'aider Pete à gagner le match. Elle est le seul
personnage féminin construit, contrairement à une pom-pom girl dont
Justin Long est amoureux, ou Fran Stalinovskovichdavidovitchsky, de
l'équipe de Goodman.
Les
matches sont les meilleurs moments, ou plutôt les scènes qui les
entourent. Les costumes des diverses équipes, comme leur nom. Les
commentaires des deux journalistes sportifs, Jason Bateman jouant le
crétin de service à merveille, ne comprenant rien à rien. Les
guest stars qui viennent faire un coucou. David Hasselhoff dans un
exercice, désormais habituel, d'autodérision. Chuck Norris et Lance
Armstrong viennent donner des leçons de courage (c'était avant que
l'un veuille abattre Obama et que l'autre n'avoue son dopage). Ben
Stiller fait le show dans le générique final.
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