samedi 20 février 2016

Monte là d'ssus (Fred Newmeyer & Sam Taylor, 1923)

Monte là d'ssus est sans doute le film le plus connu d'Harold Lloyd. Il contient cette fameuse scène où son personnage est accroché à une horloge murale tout en haut d'un building. Si la mémoire cinéphile ne retient que cette image, elle est cependant entourée d'une bonne vingtaine de minutes dans le film où Harold escalade la façade à mains nues. Je ne sais pas comment en 1923 ce genre de séquence pouvait être tournée, si l'acteur était doublé par un cascadeur, mais elle est encore aujourd'hui redoutablement efficace et procure quelque vertige.

Escalader à mains nues, le personnage d'Harold ne devait pas le faire. Il avait demandé à son ami Bill, ouvrier en bâtiments dans ce Los Angeles qui s'érigeait à l'époque, de grimper. Un concours de circonstance l'en empêche. Bill a donné, dans une séquence précédente, un coup de pied au cul à un policier et ce dernier le poursuit dans les rues. Bill propose un marché à Harold : ce dernier escalade jusqu'au premier étage et Bill, avec les habits d'Harold, le remplacer pour gravir les dix autres étages. Pas de chance, le flic le course aussi dans l'immeuble.

Une course poursuite verticale a donc lieu dans Monte là d'ssus, un cas rare, rondement mené avec un beau sens du suspense, dans les escaliers et sur la façade. A chaque étage qu'Harold parvient à atteindre, un nouveau danger menace de le faire tomber. Un filet s'accroche à ses pieds, des ouvriers poussent leur planche d’échafaudage à l'extérieur, des pigeons volent autour de lui ou une vieille dame lui garantit qu'il va se fracasser les os. Et le point d'orgue, ce numéro d'équilibriste sur cette horloge qui se détache du mur en le met littéralement en suspens dans le vide.

Comment Harold en est-il arrivé là ? Tout simplement parce qu'il n'a cessé de mentir à sa fiancée Mildred. Premier temps : il décide de quitter son village pour faire carrière à Los Angeles. Il lui fait croire qu'il a réussi, il lui envoie un pendentif plutôt que de s'acheter de quoi manger et payer son loyer dans un appartement modeste qu'il partage avec Bill. Harold travaille dans un grand magasin. Il est vendeur de tissus où il se fait malmené autant par les clientes hystériques que par le responsable du rayon, un homme intransigeant.

Deuxième temps : l'arrivée impromptue dans le grand magasin de Mildred. Harold s'enfonce de plus en plus dans les mensonges en faisant croire qu'il est le directeur du magasin. Toute une série de subterfuges sont créés suivis d'autant de quiproquos, risquant de le faire renvoyer. Jusqu'à ce qu'il ait l'idée de convaincre le directeur qu'escalader le building du magasin ferait une bonne publicité. Le directeur est prêt à verser 1000$ à Harold pour ça. Après avoir touché le fonds à cause de ses mensonges, il était temps de remonter la pente.













Aucun commentaire: