Le
cinéma iranien devient de plus en plus rare en France (le dernier
que j'ai vu est Taxi Téhéran de Jafar Panahi) et les films
tournés par des femmes encore plus rares (que deviennent les filles
Makhmalbaf d'ailleurs) et les premiers films ne sont pas non plus
très fréquents. Ida Panahandeh cumule pour Nahid les raretés
à laquelle j'en ajoute une quatrième, son film n'est pas tourné à
Téhéran mais dans une petite ville en bord de mer. Une contrée aux
nuages gris, à la mer agitée et à la pluie fréquente, cela donne
une idée de l'atmosphère dans laquelle les personnages vont
évoluer.
Nahid
est le nom d'une mère (Sareh Bayat), récemment divorcée, qui élève
tant bien que mal son fils Amir Reza (Milad Hassan Pour), dix ans au
compteur mais une insolence à chaque phrase. Sans le sou, elle est
en retard de son loyer. Le propriétaire, qui n'est autre que le
voisin du dessous, a changé les serrures et refuse de donner le
nouvelle clé tant qu'elle ne règle pas son loyer. Elle fait quelque
petits boulots mal payés. Tout ça pour payer au fils ingrat des
cours d'anglais et l'inscrire dans une école privée.
Les
lois iraniennes laissent habituellement au père la garde des
enfants, surtout des fils, mais l'ancien époux a cédé son droit
par le chantage, Nahid ne doit jamais se marier à nouveau. Ahmad
(Navid
Mohammadzadeh) est un raté, un ancien toxico à l'héroïne, forcé
d'épouser Nahid par sa famille. Cela devait le guérir. Grand
escogriffe, Ahmad avec ses cheveux bouclés roux, passe en toute
inconséquence ses week-ends avec son fils au matches de foot ou à
parier de l'argent. Résultat des jeux : Ahmad se fait
copieusement casser la gueule par ses créanciers, des petites
frappes.
Seulement
voilà, Nahid est tombée amoureuse et veut vivre avec Massoud
(Pejman Bazeghi), grand gars aux yeux bleus, directeur d'un hôtel,
aussi calme et travailleur qu'Ahmad est inconstant et paresseux.
Nahid
décrit la guerre que mène son héroïne pour vivre librement ses
nouvelles amours. Et dans cette guerre, tous les coups sont permis
pour faire céder l'autre. La famille d'Ahmad, mais aussi les voisins
de Nahid, l'accablent de tous les maux. La fille de Massoud et le
Amir Reza se liguent également contre elle.
Ida
Panahandeh adopte le point de vue de Nahid, mais avec une distance
critique étonnante. Nahid ne sera pas vue comme une sainte. Son héroïne accumulent les erreurs (acheter une beau
canapé rouge alors qu'elle n'a pas d'argent), les tromperies (elle
échange sa bague de mariée contre de l'argent) et les mensonges
dans lesquels elle s'enfonce, la menaçant de ne jamais pouvoir
résoudre ses problèmes. Sur un sujet proche, Une
séparation
d'Ashgar Farhadi était bien plus habile et retors à mener son
suspense, souvent insoutenable, à son terme.
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