Epouse-moi
mon pote (Tarek Boudali, 2017)
Depuis
la loi sur le mariage pour tous, le cinéma français peine toujours
autant à nous sortir enfin une bonne comédie sur le sujet. Toute
première fois (un gay qui tombe amoureux d'une Suédoise et
annule son mariage), Les Tuche 2 (le fils aîné qui se marie
à Las Vegas avec un homme) et aujourd'hui l'histoire de deux amis
hétéros qui se marient pour empêcher l'expulsion de l'un d'eux. Ce
refus de fiction du cinéma français a une raison simple : la
peur des stéréotypes et sa conséquence directe, plonger dans
l'homophobie. Ce qu'évite Epouse-moi mon pote tant
l'accumulation et l'exagération des situations tendent vers un
burlesque joyeux et libérateur. Cette année, le cinéma LGBT
français est peu farouche. Jours de France s'embourbe dans
les effets poétiques, Embrasse-moi d'Océane Rosemarie
recycle un récit stupidement normatif et 12 battements par minute
est un film d'époque. Pour que l'on arrête de se plaindre des
stéréotypes, il va falloir que les cinéastes LGBT fassent preuve
d'un peu plus de talent et d'imagination et qu'ils plongent dans
notre époque et la regardent en face.
The
Square (Ruben Ostlund, 2017)
Dans
The Square, l'art contemporain est au centre du récit et de
la vie de Christian (Claes Bang), commissaire d'exposition. On n'est
pas dans une petite galerie indépendante, mais au cœur d'un musée
d'état, un peu comme le MoMa ou le Centre Pompidou, à une
différence fondamentale, ce musée d'art contemporain se trouve dans
un palais ancien devant lequel se fige une statue d'un homme sur un
cheval. La manière de Ruben Ostlund de parler de l'art contemporain
dans son film sera la même pendant les 2h20 de son récit :
comparer l'art contemporain avec la réalité, pour en faire un choc
esthétique. Cette comparaison commence dès l'ouverture du film avec
la destruction en règle de cette statue ancienne par les ouvriers et
son remplacement par un carré lumineux au ras du sol (ah ouais,
c'est ça l'art ?, doit spontanément se dire le spectateur). Au
ras du sol, on trouve aussi des clochards et des mendiants qui
doivent faire réagir par rapport au couple de vieillards qui fait
une très forte donation au musée, ce couple est montré par le
cinéaste comme n'ayant plus toute sa tête et Christian et sa
patronne sont désignés comme des rapaces qui tournent autour d'eux
pour pouvoir acheter des œuvres telles que ce carré lumineux. L'art
contemporain est toujours une cible facile avec sa réputation sur
l'argent (c'est du gaspillage) et sur la facilité (tout le monde
pourrait le faire). De P.R.O.F.S où Fabrice Lucchini étendait
des tonnes de couches pour bébé à Mon pire cauchemar d'Anne
Fontaine (et son prochain film Marvin s'attaque cette fois au
théâtre) en passant par La Vie d'Adèle (la comparaison des
deux modes de vie des héroïnes), l'art contemporain est la risée
des cinéastes, subit une critique acerbe et fournit l'occasion de
montrer que ceux qui en vivent sont hors du monde réel, tel ce grand
bourgeois qu'est Christian qui se trouve confronté à un gamin de
banlieue. De purs stéréotypes que le cinéaste énumère sans les
remettre en cause, l'hôpital qui se fout de la charité.
Logan
Lucky (Steven Soderbergh, 2017)
Moi
qui croyais que Steven Soderbergh avait arrêté le cinéma, mais le
voilà avec Channing Tatum en tête de gondole prêt à reprendre du
service pour un casse comme au siècle dernier. Finis les beaux
costumes de George Clooney et Brad Pitt, voici les shorts et chemises
hideuses de Channing, la main en moins d'Adam Driver, les tatouages
et les cheveux peroxydés de Daniel Craig et les fanfreluches de
Katie Holmes et Riley Keough. Les Logan et toute la troupe habitent
en Virginie Occidentale, terre d'élection de Trump, on a droit à à
peu près tous les stéréotypes sur les rednecks et autres ploucs.
Le film met un peu de temps à démarrer et ne dépasse pas les
limites de vitesse. Tout tourne justement autour des bagnoles, de
Fast & Furious qu'un père de famille veut montrer à ses
enfants pour les calmer, à une compétition de NASCAR (le film
regorge de noms de marque = publicité à chaque séquence) et au
plan-plan des voitures automatiques. On s'amuse un peu.
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