J'ai
toujours trouvé que Maps to the stars était un drôle de
film (drôle n'est peut-être pas l’adjectif qui convient le
mieux), totalement différent de ce que David Cronenberg a fait
jusque là et l'opposé extrême de Cosmopolis. C'était là
New-York vu de l'intérieur d'une limousine (cette fois Robert
Pattinson devient Jerome chauffeur et apprenti acteur / scénariste à
Hollywood qui conduit ses riches clients pour gagner sa vie), c'est
maintenant la côte ensoleillée de Los Angeles filmée
essentiellement de jour, grand paradoxe pour un film qui donne les
cartes des étoiles.
La
constellation des personnages centraux est inhabituelle dans son
cinéma et le passage de l'un à l'autre, s'il est toujours aussi
harmonieux, provoque un chaos narratif. Des cercles se dessinent
autour de Havana Segrand (Julianne Moore) et Agatha (Mia Wasikowska).
La première est une actrice un peu sur le déclin, son rêve est
d'incarner sa mère, qui fut autrefois une star du cinéma, dans le
remake de son film le plus connu. La deuxième se fait engager par la
première pour devenir son assistante personnelle.
Les
longs gants noirs d'Agatha cachent un secret, certes elle annonce à
tout ceux qu'elle rencontre que sa peau est brûlée de toutes parts,
non seulement sur ses bras mais aussi sur le reste de son corps, mais
David Cronenberg distille les indices sur cet incendie au compte
goutte, ménageant le suspense. Le premier lieu qu'Agatha souhaite
visiter à Hollywood et où l'emmène Jerome est le lieu où la
maison familiale a brûlé quelques années plus tôt. Jerome n'en
demande pas plus, il attend, à l'image du spectateur, d'en savoir
plus.
Agatha
dit qu'elle vient de Floride (elle était dans un asile), qu'elle
connaît Carrie Fisher (l'actrice s'est effectivement reconvertie en
agent se stars, le film développe sa cruauté sur Hollywood en
faisant dire aux personnages les pires horreurs sur les acteurs réels
ou fictionnels) et qu'elle a de la famille à Hollywood. Et quelle
famille, David Cronenberg et son scénariste n'y sont pas allés de
main morte dans la décadence et la perversion. Le film ne cesse
jamais d'en rajouter (n'en jetez plus, ça manque de subtilité mais
ça gagne en force corrosive).
A
quelques pas de là vit la famille Weiss, Le fiston Bennie (Evan
Bird), tout mignon, star d'une comédie titrée Bad babysitter.
Il s'apprête à tourner la suite mais son agent Genie (Dawn
Greenhalgh) négocie un fort contrat à condition que Bennie accepte
de faire un test sanguin. L'adolescent est précoce, il est accroc à
la drogue et sort d'une cure de désintoxication. « Drew s'en
est bien sortie » dit sa mère Christina (Olivia Williams) à
l'assemblée des producteurs aux visages de croque-morts. Le tournage
peut enfin commencer.
Capricieux,
jaloux de son jeune partenaire (un gamin rouquin qu'il traite comme
une merde), Bennie tente de s'acheter une bonne conduite en visitant
des enfants malades à l'hôpital. Là, la part fantastique de Maps
to the stars enveloppe le récit, cette enfant malade décédée
le lendemain de la visite du jeune acteur, vient hanter Bennie. Quant
à Havana, c'est sa mère morte dans un incendie qui lui apparaît,
qui l'insulte pour sa carrière défaillante, qui se moque d'elle en
affirmant qu'elle ne pourra jamais jouer ce rôle qu'elle attend
tant.
Le
hasard fait bien les choses, le père d'Agatha, Stafford Weiss (John
Cusack) est le thérapeute de Havana, il lui enseigne comment
contrôler sa haine pour sa mère pour jouer ce rôle. La scène la
plus terrifiante de Maps to the stars tourne autour de ce
rôle, attribué à une concurrente dont l'enfant meurt noyé. Quand
Genie (également son agent) lui apprend, Havana, après avoir hurlé
sa déprime, entame une danse de joie où elle entraîne Agatha. Oui,
David Cronenberg appuie bien le message, ces gens de Hollywood (qu'il
fuit depuis des décennies) sont dégénérés.
Je
parlais de cercles plus haut, ils se croisent, se fondent les uns les
autres, se mêlent, ils représentent aussi les anneaux de mariage.
Ceux que s'échangeaient Bennie et Agatha quand ils étaient enfants
dans un jeu malsain, avant cet incendie fatal. C'est franchement
poussif comme la répétition du poème de Paul Eluard (J'écris ton
nom Liberté) déclamé ad libidum par Agatha et l'enfant
fantomatique. Ce film bizarre qu'est Maps to the stars, je le
trouve toujours aussi bancal, à la fois trop long et inachevé,
faussement méchant et d'une grande naïveté, un demi-ratage de
David Cronenberg.
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