L'Atelier
(Laurent Cantet, 2017)
Comme
d'habitude, Marina Foïs est très bien. Dans ce rôle d'écrivaine
parisienne, elle joue à merveille de son petit air dédaigneux quand
elle cause littérature et écriture avec ces jeunes gens à l'accent
chantant de La Ciotat. C'est d'abord une histoire de niveaux de
langage, de posture, de refus de communiquer et de travailler
ensemble, de s'écouter, de regards fuyants. Un chouia de racines, un
tantinet d'histoire des chantiers navals de la ville et un meurtre à
la kalachnikov. Jamais on n'apprendra quoi que ce soit de ces jeunes,
le seul qui intéresse Robin Campillo et Laurent Cantet (ils
fonctionnent en duo scénario ou réalisation et la construction de
L'Atelier est très proche de 120 battements par minute) est Antoine
(Matthieu Lucci) jeune adulte solitaire et fasciné par l'extrême
droite identitaire et qu'ils prennent plaisir à dénuder à chaque
occasion. Cette radicalisation est filmée comme l'autre
radicalisation, celle des apprentis djihadistes (La Désintégration
de Philippe Faucon étant le meilleur, Made in France de
Nicolas Boukhrief le pire). Il joue avec son flingue comme symbole
phallique dans un jeu de séduction avec l'écrivaine malsain et
franchement peu assumé par le cinéaste. Personne ne triomphe, balle
au centre.
Kingsman
le cercle d'or (Matthew Vaughn, 2017)
Le
film aurait pu me plaire, lors de la première course poursuite, on
entend Let's Go Crazy de Prince in extenso, mais les courses
poursuites fabriquées sous fond vert ou bleu, y a pas à chipoter,
c'est très moche, ça ne vaut pas celles de Mission Impossible
de Brian De Palma. Le film aurait pu me plaire, Channing Tatum joue
dedans, il est même sur l'affiche. Il arrive au bout de 30 minutes,
il reste un petit quart d'heure et là le scénario décide de le
cryogéniser pour tout le reste du film (il a dû lire le scénario
et partir vite fait tourner un vrai film). Le film aurait pu me
plaire, Julian Moore joue dedans, elle est une prisonnière des
années Happy Days. J'ai de plus en plus de mal à comprendre cette
manie de mettre ces actrices en super méchantes dans des films
d'action (Charlize Theron dans Fast and furious 8). Que dire
de plus ? Dans la navrant ou le ringard, on trouve Jeff Bridges
forcé de cabotiner le hillbilly de base (oh, oui, il crache), Elton
John et ses costumes des années 70 ont été sortis de la
naphtaline. Mais c'est évidemment là la démagogie et le cynisme de
ce film, chercher un peu dans toutes les décennies ce qui existe de
plus superficiel donc fédérateur pour plaire au plus grand nombre.
Comme le dit Taron Egerton, avec son jeu approximatif mais
terriblement poussif, « what the fuck ».
Coexister
(Fabrice Eboué, 2017)
EuropaCorp
et ses dirigeants exécutifs ont eu une réunion un soir, entre deux
cocktails de Spritz et deux bouchées de macaron salé, l'un d'eux a
eu une idée géniale. « Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu
a fait 12 millions d'entrées, la religion, le communautarisme, les
blagues racistes, ça marche au cinéma, à condition de faire rire
l'abonné au Pass Pathé, MK2 et UGC, j'ai une super idée. »
Et voilà comment Coexister est né. Pour un film EuropaCorp,
c'est un chef d’œuvre, le récit prend son temps, trop parfois, le
rythme est anormalement lent, les gags sont un peu tous les mêmes,
ça critique mignonnement la religion. Il faut d'ailleurs se poser la
question sur le fait que le personnage de Ramzy soit le seul à ne
pas être un religieux, comme si n'importe quel musulman pouvait
devenir un imam. La scène où les jeunes se lèvent tous quand il
revêt l'habit de l'imam est d'ailleurs significatif de différence
de traitement. Mais c'est pas grave, c'est juste du cinéma, comme
dit Christian Clavier pour se dédouaner.
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