Quel
film choisir aujourd'hui ? Mon cher Michael Haneke sort Happy
end, je l'ai vu il y a quelques semaines déjà et je n'en ai
déjà aucun souvenir (alors que je me rappelle parfaitement Benny's
video vu une seule fois en 1993) si ce n'est que le cinéaste
filme le dérèglement d'une famille française du Nord, tout bascule
quand un chantier s'écroule et qu'un ouvrier meurt. En guise de
happy end, Michael Haneke fait mourir Jean-Louis Trintignant poussé
par sa petite-fille dans la mer (l'affiche illustre le dernier plan
du film). Blade Runner 2049 dure 2h43, houla, c'est trop long
et le nouveau film de Stephen Frears passe dans un cinéma où je ne
fous pas les pieds.
Ce
n'est pas pour cela que je suis allé voir Le Sens de la fête,
j'aime bien le duo Toledano & Nakache, même s'il avait bien raté
Samba, vague tentative de faire du cinéma social populaire
autour des migrants. Le Sens de la fête, c'est Max
(Jean-Pierre Bacri) au centre du monde et ce monde c'est une
entreprise de catering. Leur objectif en début de film :
organiser un mariage dans un château pour un jeune couple qui veut
en mettre plein la vue. Le film se déroule dans les 24 heures de ce
mariage, de l'installation jusqu'au départ de la troupe. On s'en
doute bien, rien ne va se passer comme prévu.
La
troupe est le terme qui convient le mieux à cette boite que dirige
Max avec la vague impression qu'il se laisse marcher sur les pieds
par cette équipe de « bras cassés et de losers » comme
il le dira lui-même au milieu de la nuit excédé par les
dysfonctionnements. C'est le Bacri râleur mais pas que que l'on
retrouve tellement meilleur que dans Grand froid sorti cet
été, aussi râleur mais dans un scénario sans intérêt. Ah, ça
le sens de la fête, Jean-Pierre Bacri l'a sûrement, comme un choix
de casting tautologique, surtout quand il esquisse un sourire léger
tandis qu'il dirige tel un chef d'orchestre manchot ce mariage.
Dans
cette métaphore du monde du spectacle, deux classes s'affrontent,
dans les coulisses, les employés de Max obligés de porter une tenue
de laquais Louis XVI pour servir les plats et face à eux Pierre
(Benjamin Lavernhe), exemple parfait de parvenu qui pète plus haut
que son cul, prétentieux, imbu de sa personne. Le duo de cinéastes
vise probablement la méthode Renoir de La Règle du jeu dans
cette observation minutieuse et gentiment documentée (le service des
feuilletés à l'eau gazeuse) pour faire avancer le lot de petites
catastrophes attendues et espérées par le spectateur.
Max
doit ainsi faire face à Vincent Macaigne qui ne cesse de corriger
les gens dès qu'ils font une faute de français, à Gilles
Lellouche, DJ minable qui se croit le champion de l'animation, à
Suzanne Clément, sa maîtresse qui tente de la rendre jaloux à
draguant Kevin Azaïs, à Jean-Paul Rouve, photographe colérique
assisté d'un stagiaire, à Eye Haidara son assistante gueularde. On
le voit, les personnages ne sont pas dans cette lignée renoirienne
mais plutôt dans celle des séries des années 1980, celle de
Jean-Michel Ribes et Roland Topor, Palace ou du film à
sketches où chacun a droit à son petit quart d'heure de présence.
Le
meilleur dans Le Sens de la fête, c'est que ça marche, les
acteurs (j'ai oublié de parler d'Antoine Chappey que je n'avais pas
vu depuis longtemps) sont tous au diapason de ce chef d'orchestre
dirigeant une musique cacophonique. Chacun se voit offrir un gag, une
situation comique suivis d'un petit supplément de sentiment. Le
scénario ne sort jamais de ses rails contrairement à la fête de
mariage, chaque personnage est et reste un bras cassé ou un loser et
ne s'améliore pas pour ne pas créer de catastrophe. Certes, tout le
monde se tombe dans les bras au petit matin et on a droit à une
petite leçon de morale, mais au moins j'ai ri.
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