Ce
jeudi 1er décembre, The 'Burbs
sort en coffret prestige chez
Carlotta, double DVD, BluRay et livre sur le film, finalement l'un
des moins connus de Joe Dante et pourtant, The
'Burbs est un concentré de ce
cinéma des années 1980 que l'on aime tant que le cinéaste a tourné
entre L'Aventure intérieure
et Gremlins 2,
deux blockbusters bourrés d'effets spéciaux. Avec The
'Burbs, Joe Dante affirme un
cinéma plus humain, et plus critique sur la société américaine,
tout en gardant son style pince sans rire.
Le
titre américain, avec cette apostrophe devant burbs (diminutif de
suburbs), indique donc que l'on est dans les faubourgs d'une grande
ville, une banlieue ou un lotissement. De E.T.
de Steven Spielberg à Edward
aux mains d'argent de Tim
Burton, la banlieue est le lieu de tous les conformismes des WASP et
en conséquence les troubles qu'ils subissent par un élément
perturbateur, ici des voisins au nom étranger, les Klopek, en tout
cas selon les critères des Peterson, Rumsfield et Weingartner aux
noms plus anglo-saxons.
La
belle idée de Joe Dante est d'avoir confié à Tom Hanks le rôle de
Ray Peterson, un personnage fade, gentil père de famille (il a un
fiston), marié à une charmante épouse Carol (Carrie Fisher) et
maître d'un toutou dans sa niche appelé Vince. Il habite une belle
maison (ce décor et ces maisons des studios Universal serviront plus
tard à la série Desperate
Housewives) et entretient de
bons rapports avec ses voisins. Et quand commence le film, Ray est en
vacances et traîne en pyjama et robe de chambre chez lui.
En
cinq minutes chrono, Joe Dante croque tout le lotissement. Le
lieutenant Rumsfield (Bruce Dern) lève le drapeau chaque matin (mais
avec un gadget électrique), il est marié à Bonnie (Wendy Schaal)
une jeune femme bien plus jeune et très sexy. Le caniche de Walter
(Gale Gordon) vient déposer sa crotte sur la pelouse. Walter, homme
coquet qui porte une perruque, vit seul. Ricky (Corey Feldman), l'ado
rebelle et rock 'n roll reluque Bonnie, il doit repeindre les murs de
sa maison pendant l'absence de ses parents.
Et
puis enfin voici Art Weingartner (Rick Ducommun), le meilleur ami de
Ray s'incruste au petit déjeuner au grand dam de Carol, il mange
tout dans le frigo, il parle sans cesse. Joe Dante nous présente un
gros beauf, râleur, à la limite de la xénophobie, un archétype de
l'Américain du MidWest, où se déroule le film. Et ce personnage,
qu'on imagine votant à l'époque pour Bush père, va embarquer tous
ses voisins dans un périple un peu minable, ils ne quitteront jamais
leur lotissement, ne dépasseront jamais les limites de leur petite
vie.
La
chasse aux Klopek est lancée. Les voisins sont installés depuis un
mois dans cette maison, franchement vétuste et au jardin non
entretenu. D'ailleurs, que creusent-ils la nuit les Klopek dans le
jardin sous la pluie ? Et quelles sont ces lumières qui
jaillissent dans leur cave ? Que sont devenus les anciens
habitants ? Et où est passé Walter ? Alors Ray et Art
décident de sonner à la porte, Art transperce le perron en planches
et Ray actionne le loquet qui transforme leur numéro de rue en 666.
Courageux mais pas téméraires, ils s'enfuient en courant.
Comme
dans un bon film à suspense, Joe Dante retarde au maximum la
présentation de la famille Klopek. D'abord Hans (Courtney Gains) le
fiston rouquin à l'allure de monstre de Frankenstein. « Qui
sort les poubelles en voiture et les enfonce avec une pelle ? »
demande Ray. Précisément Hans, ce qui augmente encore plus
l'inquiétude. Puis, poussés par Carol et Bonnie, Ray et Rumsfield
osent enfin sonner à la porte, pour fouiller dans cette cave étrange
où Art s'introduit, le tout sous le regard moqueur de Ricky qui
organise une fête pour observer ses voisins.
Dans
le meilleur moment de The
'Burbs, Joe Dante mêle
adroitement la comédie burlesque (Ray mange des bretzels aux
sardines, Rumsfield déplace le tableau) à l'angoisse ironique.
L'oncle Reuben (Brother Theodore) avec sa gueule de travers et ses
réponses laconiques semble tout droit sorti des années 1930 tandis
que Werner (Henry Gibson), le chef de famille, également docteur,
sort enfin de la cave. Lui est particulièrement souriant, et Ray,
Art et Rumsfield concluent que ce sourire est trop large pour être
honnête. J'en ai déjà trop raconté, le mieux est de redécouvrir
The 'Burbs.
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