Dans
les derniers plans de Rogue One, Carrie Fisher « joue »
Princesse Leia. Non pas comme dans Le Réveil de la force de
J.J. Abrams où son personnage, comme l’actrice, a pris 30 ans.
Disney et Gareth Edwards ressortent l’imagerie des tous premiers
Star Wars et Leia apparaît ainsi comme il y a 40 ans, le
mensonge des effets spéciaux. D’ailleurs dans ce film, Peter
Cushing revient également à la vie, comme quoi, cette année
prétendument funeste avec tous ces acteurs et chanteurs décédés
ont une chance de revenir sur le devant de la scène grâce aux
effets spéciaux de ILM.
Carrie
Fisher est morte le 27 décembre. Sa carrière en dents de scie a été
marquée au fer rouge par les trois épisodes de Star Wars,
Leia princesse sexy prise dans les rets de l’inceste, de la
maternité contrariée et de la révolution. J’avais vu Shampoo
cette année où elle avait son premier rôle et en ce début de mois
de décembre ont pouvait la voir en épouse navrée de Tom Hanks dans
The ‘Burbs. Fine comédienne, elle jouait la meilleure amie
et confidente de Sally dans Quand Harry rencontre Sally de Rob
Reiner. Elle était revenue dans Le Réveil de la force, sous
les stupides moqueries de certains détracteurs du film à cause de
son physique.
Le
scénario de Rogue One n’est guère différent de celui du
film de J.J. Abrams. Trois personnages en quête de liberté, un
soldat rebelle (Diego Luna au lieu de Oscar Isaac), une jeune femme
au destin inéluctable (Felicity Jones au lieu de Daisy Ridley) et un
renégat de l’Empire, ici un robot (voix de Alan Tudyk), c’était
là un stormtrooper joué par John Boyega. Exactement comme il y a un
an. Toujours une étoile de guerre à détruire et quelques vieilles
connaissances dont Darth Vader dans une courte apparition insensée
où les scénaristes ne savent pas quoi en faire (un coup de laser,
un coup d'étranglement, un coup de menaces).
La
différence entre Gareth Edwards et J.J. Abrams apparaît assez vite.
Le recyclage du Réveil de la force laissait place à des
personnages inédits que J.J. Abrams présentait avec une clarté et
une simplicité digne d’Howard Hawks. Une simple tache rouge sur le
casque blanc du stormtrooper permettait de lancer une piste inédite
dans la saga Star Wars. Dans Rogue One, tout passe par
des tunnels explicatifs, les 20 premières minutes sont brouillonnes,
confuses et simplistes, tout ça pour un enjeu ridicule :
trouver une clé usb où le papa de la jeune femme a tendu un piège
aux chefs diaboliques de l’Empire.
Gareth
Edwards filme tout à la caméra à l’épaule et cela contraste
singulièrement avec les scènes de la seconde équipe des paysages
créés en effets spéciaux où la caméra ample filme avec de
souples mouvements d’appareil les univers (une planète marron
filmée comme un Christopher Nolan et un paysage tropical jaune). La
bataille finale, au ras du sol d’un côté et dans l’atmosphère
d’un autre côté rappelle rudement celle des Gardiens de la
galaxie, qui était l’anti Star Wars par excellence.
Ceux qui s’étaient ennuyé devant Le Réveil de la force
vont adorer Rogue One, ou inversement, comme moi.
La
présence de Donnie Yen, et dans une moindre mesure celle de Jiang
Wen, aurait pu me ravir. Las, Donnie Yen doit se contenter de jouer
les singes savants, soit une variation conformiste de moine Shaolin
aveugle qui ânonne son unique réplique en forme de mantra (encore
un truc sur la Force pour faire raccord avec les Jedi). Puis dans les
scènes de combat, il apparaît bridé dans le maniement de son bâton
avec cette chorégraphie indigne de la carrière passée de l'acteur.
Seulement voilà, il faut des stars de Chine pour avoir le marché
là-bas.
Cette
dernière semaine de l'année aura vu la disparition de Claude
Gensac, sympathique actrice que l'on connaissait tous, enfin, ceux
qui avaient regardé les films de Louis de Funès. Elle n'avait
jouait que trois fois Josépha Cruchot dans les Gendarmes (sur
les 6, mais elle est dans le meilleur, Le Gendarme en balade,
sommet du nanar surréaliste). Dans Hibernatus, Louis de Funès
prononçait son prénom « Edmée, Edmée, Edmée, Edmée »
quand il se mettait à péter les plombs, et Claude Gensac
écarquillait les yeux, penchait légèrement la tête et attendait
que son partenaire se calme pour sortir avec un grand sourire une
douce réplique, c'était son ressort d'actrice.
George
Michael n'a jamais de cinéma, il aurait été aussi médiocre que
dans la chanson. Faut être honnête, à part deux trois chansons de
WHAM! et de son premier album Faith en 1987, il n'y a pas grand chose
à sauver. Mais on peut retenir deux scènes où ses chansons sont
utilisées. Dans Zoolander, les quatre mannequins crétins
s'aspergent d'essence au son de Wake Me Up Before You Go Go, dans Les
Lois de l'attraction Paul et Dick (Ian Somerhalder et Russell
Sams) dansent sur le lit du deuxième en écoutant Faith. Bref, deux
images de la bêtise crasse de la jeunesse américaine de l'année
2002.
Mon
dernier film vu cette année 2016 a été Passengers. Morten
Tyldum avait commis précédemment ce film peu passionnant sur Alan
Turing. La première demi-heure de Passengers avec ce double
hommage à Stanley Kubrick (2001 l'odyssée de l'espace et
Shining – grâce au personnage de barman de Michael Sheen)
est un peu divertissante. Mais dès que Jennifer Lawrence rejoint
Chris Pratt, le film s'effondre, à l'image des avaries que subit le
vaisseau interplanétaire. De ce voyage censé durer 120 ans (une
année par minute à peu près) et qui va de panne en panne, on peut
voir une mise en abyme, involontaire j'imagine, de l'ennui profond et
de la narration chaotique de ce film.
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