To
tell the truth, c'est le nom du jeu télévisé auquel William
Abagnale Jr (Leonardo DiCaprio) participe en tout début de film,
juste après le fabuleux générique en animation inspiré de La
Mort aux trousses. Film sur le mensonge, sur les personnalités
multiples, sur la traque à travers les USA (et un peu en France),
dès le générique et l'ouverture de Arrête-moi si tu peux,
Steven Spielberg annonce le programme, son personnage a été
successivement professeur de français dans un lycée, médecin puis
avocat, le tout sans aucun diplôme et en usurpant ses identités.
Le
but du jeu du film est double et porteur d'enjeu dramatique et de
comédie comme rarement le cinéaste n'en a envisagé. Il s'agit de
mettre en scène un imposteur tout en le rendant extrêmement
sympathique, de montrer comment il se glisse d'un rôle à un autre.
Puis c'est le jeu du chat et de la souris auquel les deux
adversaires, Frank et Carl Hanratty (Tom Hanks) se livrent pendant un
peu plus de deux heures. Carl est un agent du FBI dans la
quarantaine, divorcé, plutôt banal et qui va consacrer six ans de
sa vie à traquer Frank qui avait 16 ans en 1963.
Mentir
est devenu l'activité de Frank. C'est son père (Christopher Walken)
qui l'a poussé dans cette manie. Un beau matin, le lendemain de
Noël, Frank et son père partent en voiture de leur petite maison
bourgeoise du New Jersey pour se rendre à New York. Frank Senior
veut convaincre un banquier de lui prêter de l'argent et demande à
son fiston de s'habiller comme un chauffeur de limousine et de
conduire le véhicule, histoire d'impressionner. Tout sourire l'ado
se prête au jeu, à ce rôle et à cette mise en scène.
Le
père, ce douloureux problème. Celui de Frank est un piètre homme
d'affaires, sa boîte est en faillite. Il divorce de sa mère
(Nathalie Baye) qui va se remarier avec le meilleur ami de l'ex
(James Brolin), mais le jeune Frank ne pourra jamais accepter ce
beau-père. Carl est le père de substitution de Frank, ce dernier
l'appelle au téléphone chaque soir de Noël, comme une tradition
qui s'établit entre eux que Steven Spielberg filme comme autant de
moments comiques qui versent au fil de la conversation vers le drame.
Dans
ces mensonges et ces escroqueries, il y a la volonté de réparer le
divorce de ses parents. Frank dès qu'il rencontre son père lui
demande des nouvelles de sa mère, il croit qu'ils vont se remettre
ensemble. La scène dans le restaurant chic où il offre un cadeau
coûteux à son père est des plus pathétiques, elle montre Frank
totalement hors du monde, complètement dans un monde factice où il
pense que le costume fait le professeur, le pilote de ligne ou
l'avocat. Mais le costume qui fait le fils a disparu avec le divorce
de ses parents.
C'est
précisément ce divorce qui lance Frank Jr dans ses personnages. La
première fois est traitée sur le ton de la franche comédie. Frank
doit intégrer un nouveau lycée. Deux de ses camarades de classe le
bousculent et se moquent de son uniforme. Arrivé dans la classe, il
profite de l'occasion pour se faire passer pour le prof. Et cela
pendant une semaine. « Il a même prévu une sortie scolaire »
dit le proviseur dépassé par ce cas où Frank a appris le français
à d'autres lycéens. Son père, complice de son fils, sourit à ces
facéties.
La
grande force du personnage est son adaptabilité, sa manière de se
fondre dans le moule. On le voit parfaitement dans la mise en scène
de Steven Spielberg quand il le filme en train de se cacher au milieu
des hôtesses de l'air en fin de film, tous les flics dépêchés par
Carl matent les filles et Frank passe inaperçu. Il en sera de même
quand il deviendra médecin dans le sud puis avocat, tout en
séduisant une jeune femme coincée (Amy Adams) et s'alliera avec son
nouveau père de substitution, le sudiste conservateur qu'incarne
Michael Sheen.
Tout
comme on sait que Frank mentira dès le début du film, on n'ignore
pas que Carl va l'arrêter. La linéarité des 6 ans de la longue
poursuite sont coupées par l'arrestation de Frank par Carl. Le film
montre avec habileté l'enquête qu'il mène comme une mission, la
collection des maigres indices, des méthodes d'escroquerie et de
l'identité de l'escroc. Le changement de ton est progressif tandis
que Frank est cerné et que Carl reprend la main, mais pas de
psychologie de bazar, pas de profiler dans cette histoire de
faux où tout est vrai.
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