Le
hasard du calendrier fait que ceci est mon troisième texte cette
semaine sur Tom Hanks. Ça me donne presque envie de regarder
d'autres de ses films en ce mois de décembre, après tout j'aime
plutôt bien Tom Hanks et certains de ses films. Pour le dernier film
en date de Clint Eastwood (qui, à 86 ans, ne s'arrête pas de
filmer), il s'est laissé poussé une moustache et a fait teindre ses
cheveux en blanc. Logique, il joue un pilote d'avion qui exerce ce
métier depuis 42 ans (ah, la retraite aux USA, c'est encore pire que
chez nous).
Sully,
tout comme American sniper, est inspiré d'une histoire vraie,
de faits réels (comme presque tous les films du cinéaste depuis dix
ans par ailleurs). Un fait divers que j'avais totalement oublié,
Sully, le personnage de Tom Hanks, de son vrai nom Chesley
Sullenberger qui, le 14 janvier 2009, a fait amerrir son avion sur le
fleuve Hudson quelques minutes après le décollage. Son copilote
Jeff Skiles (Aaron Eckhardt) porte aussi la moustache mais a moins
d'heures de vol au compteur. 155 passagers à bord, 2 hôtesses de
l'air, l'avion allait en Caroline du Nord et tout le monde est sorti
indemne du crash.
Ce
n'est pas sur l'accident d'avion que Clint Eastwood place son
suspense. Il est déclaré immédiatement que tout le monde est
vivant, le film joue sur différents flash-backs sur ces 208 secondes
d'angoisse, tout comme il avance des visions cauchemardesque de
Sully, des images mentales de l'avion qui s'écrase sur les buildings
de Manhattan et notre héros (comme tout le monde l'appelle –
presse, passants, quidams). Clint Eastwood semble vouloir donner un
épilogue, 15 ans après, aux films post 11 septembre, en filmant un
happy end bigger than life.
Sully
doit, avec son copilote, être auditionné dans la commission
d'enquête sur l'accident. Car la compagnie US Airways a un souci sur
les raisons du crash. La tension porte sur l'incompréhension entre
Sully et ses contradicteurs, sur la bataille entre l'humain qui
pilotait et les ordinateurs qui ont simulé l'accident, sur la
position de héros ou celle de l'imposteur. La fabrication du héros
américain est le sujet de son cinéma depuis Mémoires de nos
pères. Le récit mélange les points de vue, les temporalités,
les avis parce qu'il suit le cerveau épuisé de Sully où tout
s'entremêle et se contredit.
Dans
ce scénario très formaté, ce que je préfère, ce sont les scènes
de l'accident disséminées dans le film qui ne suit pas la linéarité
de l'action, c'est ce qui lui donne son suspense malgré la fin
annoncée. La mémoire de Sully se lance suivant des signes qu'il
croise, un coup de téléphone à sa femme, une journaliste qui parle
dans la télé. Et ces scènes de l'accident, Clint Eastwood les
filme sans musique, sans effet grandiloquent, totalement à l'opposé
du cinéma d'action de Hollywood. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a
choisit Tom Hanks, le héros placide du cinéma américain.
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