Le
Dieu de la Cuisine (Stephen Chow), en chemise et en short, affublé de lunettes
de soleil va dîner dans un quartier populaire. Là, une femme (Karen Mok) lui
sert sans précaution un plat de nouilles pas très ragoûtant. La femme est aussi
laide que le plat. Des dents jaunes, un œil de travers, on imagine que Karen
Mok, une des plus belles actrices du cinéma de Hong Kong, a dû prendre un grand
plaisir à s'enlaidir. Mais le cinéma de Stephen Chow est suffisamment masochiste
pour se permettre ce genre de facéties qui feront penser à certains qu'il est
un grand misogyne. C'est qu'il joue un des personnages les plus sombres de sa
filmographie.
Son
plat de nouilles est dégueulasse et cela lui rappelle le bon temps où il était le
Dieu de la Cuisine. Membre du « France Cuisine Club », il méprise
ses employés et truque les concours de cuisine. Il humilie les chefs cuisiniers
qui s'affrontent en concoctant de beaux plats mais aucun ne lui convient. Il
est secondé dans sa position de monopole où il vend des plats tout préparés au
moindre coût par Ng Man-tat, qui joue un opportuniste de première. Arrive alors
un blanc-bec d'apparence naïve, un bon gros servile nommé Bull (Vincent Kok)
qui va se faire engager par Stephen Chow. Il s'avère que Vincent Kok et Ng
Man-tat ont comploté contre Stephen Chow pour prendre sa place.
Voilà
pourquoi le Dieu de la Cuisine se retrouve à bouffer de sales nouilles. Il
insulte Karen Mok et provoque la colère de tous les gens qui se trouvent dans
le quartier et notamment celle de Lee Siu-kei, un cuisinier voisin. Il se
dispute une recette de « crevettes qui pissent ». Après une belle
bagarre provoquée par Stephen Chow au sujet d'un mélange entre ces crevettes
qui pissent et des boules de bœufs, toute la bande décide de faire un
restaurant commun. L'ouverture est difficile mais petit à petit le succès
arrive. Stephen Chow y voit un bon moyen de restaurer le pouvoir qui lui a été
volé par Ng Man-tat et Vincent Kok. Une guerre sans merci est lancée entre les
concurrents.
The God of cookery est une formidable machine de mise en scène.
Stephen Chow et Lee Lik-chi utilisent un système d'opposition de toutes sortes.
Ng Mang-tat et Vincent Kok habitent en haut d'un immeuble chic, Stephen Chow et
Karen Mok sont dans les bas quartiers. Les vêtements de la bande à Stephen
Chow, ses habituelles trognes et autres crétins dégénérés, sont décontractés
alors que les sbires de Vincent Kok sont en costume cravate. Dans la monastère,
les moines dorés censés être pacifiques tabassent ce pauvre Stephen Chow venus
se réfugier. La puissance s'oppose à la pauvreté. On pourrait aussi évoquer les
couleurs, rouges, or et bleu qui peuplent de symboles le film.
The God of cookery l’un des films de Stephen Chow (et même du cinéma
de Hong Kong) parmi les plus riches en gags. Gags visuels, verbaux ou de
situation. Stephen Chow n'hésite pas à tomber parfois dans un mauvais goût qui
réjouit plus qu'il n'effraie. Le morceau de bravoure du film se trouve dans la
dernière demie heure. Un nouveau concours a lieu pour devenir le Dieu de la Cuisine.
Nancy Sit y sera la
maîtresse de cérémonie. Une maîtresse implacable mais hilarante. Le kung-fu se
mêle aux recettes des plats que les cuisiniers doivent concocter. Tout est délivré
sur le mode parodique. Tout cela fait que The
God of cookery est la comédie la plus drôle de Stephen Chow. Mais aussi la
plus noire.
PS : le film n'a jamais été édité en DVD ou BluRay en France. Amis distributeurs, une résolution pour 2017...
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