Je
ne sais pas ce qui nous vaut l'honneur de la sortie en salles de Salt
and fire plutôt que Queen of the desert, présenté au
Festival de Berlin 2015 avec Nicole Kidman dans le rôle titre et
James Franco, Robert Pattinson et Damian Lewis à se côtés. Je me
demande bien ce que ce dingue de Werner Herzog aurait pu faire avec
eux. Mais un film de Werner Herzog, c'est toujours bon à prendre,
d'autant que le cinéaste se fait un peu rare, sauf en DVD puisque
Potemkine sort presque tous ses films (et c'est eux qui distribue
Salt and fire). Pour le cinéaste allemand, c'est un retour en
Amérique du sud, sa destination de prédilection (Aguirre la
colère de dieu, Fitzcarraldo, Cerro Torre), au
beau milieu d'un désert de sel situé en Bolivie.
Avant
d'arriver dans ce désert, les personnages sont dans un avion. Trois
scientifiques dépêchés par l'ONU. La solaire Paula Sommerfeld
(Veronica Ferres) mène sa troupe avec poigne. On les découvre
d'abord assis sur leur siège de première classe à boire du
Champagne, mais dès qu'ils se lèvent, on se rend compte qu'elle est
immense à côté des deux hommes de petite taille (Herzog joue avec
malice sur leur différence), à sa gauche le Dr. Fabio Cavani
(Gabriel Garcia Bernal), dragueur balourd qui ballade ses mains
partout et se fait rembarrer, à sa droite le très sérieux Dr.
Meier (Volker Michalowski). Ils viennent enquêter sur une
catastrophe écologique de grande envergure que Laura appelle Diablo
Blanco, chiffres, tableaux et graphiques à l'appui sur sa tablette.
Le
film est coupé en trois parties, la première est consacrée à ce
voyage dans l'avion et à d'autres trajets (avion, bagnole) vers une
propriété isolée où un étrange homme en fauteuil roulant
(Lawrence Krauss) les kidnappe et les mène en bateau (un étrange
comique de situation a lieu sur les bagages). La deuxième partie
voit Meier et Cavani disparaître du champ. Laura se confronte au
commanditaire de l'enlèvement. Riley (Michael Shannon, de retour
chez Herzog après le bizarre mais raté My son, my son what have
ye done) n’apparaît d'abord que portant une cagoule noire
(mais on reconnaît sa voix). L'affrontement est assez banal et pour
tout dire décevant, le suspense et la tension sont mous.
Une
discussion entre eux semble résumer le cinéma de Werner Herzog. Ils
observent des tableaux dont le sens n'apparaît pas au premier coup
d’œil. « Tout est confus et déformé mais quand on déplace
son regard, on découvre le sens ». C'est ce que Werner Herzog
pratique dans la dernière partie totalement différente du reste du
film. Laura se retrouve au milieu du désert que le cinéaste filme
magnifiquement. Un simple montage sol blanc et ciel noir, jour et
nuit, rappelle qu'il est un grand esthète et un formaliste. Laura
est abandonnée avec deux garçons aveugles aux prénoms incas. Rien
que cette demi-heure d'une puissance visuelle, alors qu'il ne se
passe presque rien, mérite la vision de Salt and fire.
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