Hier,
je parlais de Journal premier court-métrage de Sébatien
Laudenbach, pseudo-documentaire sexué de 11 minutes, j'ai vu depuis
son premier long-métrage qui fait une heure de plus. La Jeune
fille sans mains aborde le même genre d'animation, que je
pourrais définir a contrario, soit l'absence de ligne claire, une
ligne trouble. Il plonge son spectateur (à ma séance uniquement des
adultes) dans des dessins tout juste esquissés, tremblant,
clignotant parfois, des motifs en à plat qui procurent une étrangeté
accentuée par les traits des personnages.
La
caméra circule à travers les dessins de Sébastien Laudenbach comme
des travellings. Les personnages (les femmes ont des traits
africains) eux s’arrêtent momentanément sur les paysages qui
s'apparentent à des taches de gouache, leur contour se détachent et
laissent une trace éphémère, comme des souvenirs fantomatiques.
C'est finalement assez difficile de décrire ce qui se passe sur
l'écran, quelque chose d'assez inédit dans l'animation, surtout
française qui cherche la joliesse constante, la poésie instantanée
et l'éducatif à tout prix.
La
Jeune fille sans mains cherche à tout prix à faire l'inverse.
Il se coltine un récit d'une cruauté absolue où le prix de la
richesse est la mutilation d'une jeune fille (voix d'Anaïs
Demoustier) par son père. Un prix encore plus fort que celui de Peau
d'âne qui s'exile pour éviter un mariage incestueux. J'ai beaucoup
pensé au film de Jacques Demy, notamment pour ce qui concerne les
richesses du père de la jeune fille (voix d'Olivier Broche) et le
rôle de la rivière (voix éraillée d'Elina Löwensohn) qui
rappelle celui de la Fée des lilas, porteuse de conseils.
Quels
conseils ? Le diable veut acheter la jeune fille, c'est
l'incroyable voix ronde de Philippe Laudenbach, le papa du cinéaste,
qui incarne ce diable. Ses apparences sont trompeuses, un cochon, un
corbeau, prend l'apparence d'autres personnages, il troque les
lettres du prince (voix de Jérémie Elkaïm) à la jeune fille pour
annoncer qu'elle a donné naissance à un monstre. La rivière
conseille ainsi de quitter le monde, de s'abriter dans la montagne,
loin du monde et loin des richesses. Elle élèvera son enfant seule,
telle une mère courage et cultivera son jardin.
Il
est question d'une autre rivière dans La Jeune fille sans mains,
celle du meunier, son père très pauvre qui vend son âme au diable.
La rivière d'or se substitue à la rivière d'eau. Mais qui peut se
nourrir avec de l'or ?, ça ne se mange pas. La morale de
l'histoire est édifiante, tout comme le mélodrame extrême entre le
prince et la jeune fille, lui après des mois de guerre part la
retrouver. L'image se fait de plus en plus sombre, quasi noire, le
film est totalement sinistre, avant de finir vaguement dans un éclat
de couleurs plus lumineuses.
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