Six
ans plus tard, Billy (Zack Galligan) et Kate (Phoebe Cates) ont
quitté leur petite ville de banlieue et sont en couple. Bizarrement,
elle dit vouloir attendre pour se marier d'avoir plus d'argent. Ils
vivent désormais à New York et bossent pour CCN dont le patron
Daniel Clamp (John Glover), un golden boy inspiré de Donald Trump (y
compris son nom), a imposé à ses employés de nouvelles règles.
Tout d'abord une surveillance constante, prolongeant la thématique
lancée par L'Aventure intérieure. Ainsi un pauvre employé
se fait virer pour avoir fait une pause (on pense à Charlot dans Les Temps modernes qui fume une clope et se fait engueuler par son
patron). Les inventions du père de Billy sont ici remplacées par la
technologie défaillante dont est équipé le building.
Il
est le pendant moderne et ultra libéral de Madame Deadle la mégère
du premier Gremlins. Il veut construire à Chinatown un complexe
ultra-moderne (paresse stéréotypée du scénario) en chassant le
vieux marchand (Keye Luke) propriétaire du mogwai. C'est Billy qui
dessine les plans de cette immense pagode qui va remplacer la modeste
boutique du vieil homme. Dans Gremlins 2 La Nouvelle génération,
Joe Dante ne s'embarrasse pas de raccords scénaristiques. Il fonce
et fait venir le petit Gizmo dans le building où travaille Billy et
Kate (elle fait visiter l'immeuble à des touristes). Gizmo se
retrouve au dernier étage dans un laboratoire étrange où l'on
pratique des recherches génétiques. Malin, il s'échappe, mais pas
futé, il se fait mouiller. Et c'est reparti pour un tour.
Rarement
Gizmo n'aura été aussi insipide, d'ailleurs il cède vite la place
aux méchants gremlins et quand il apparaît, c'est avec des effets
spéciaux d'une rare laideur. Les gremlins sont laids comme des
gargouilles, vicieux, démoniaques mais leur chef est plus malin.
Dans ce laboratoire secret dirigé par un savant forcément fou
incarné par Christopher Lee et assisté par deux jumeaux (Don et Dan
Stanton), les gremlins ingurgitent toute sorte de produits et l'un
acquiert la parole, un autre se transforme en électricité, un
troisième en arachnide géante ou encore un en vampire effrayant qui
attaque ce pauvre Murray Futterman (Dick Miller) venu rendre visite à
Billy. La chasse commence. Tout aura lieu dans le building de Clamp
qui sera petit à petit détruit.
Dans
cette année 1990 où le film sort, Joe Dante fait référence à
quelques films récents, bien sûr la franchise Batman relancée un an plus tôt par Warner Bros grâce à Tim Burton, mais
cet immeuble et les événements qui s'y déroulent rappellent aussi
Piège de cristal. Gizmo revêt un bandeau à la Rambo 2
après avoir vu le film à la télé (encore un effet désastreux du
petit écran) mais on pense plus à John MacLane. Gremlins 2 La
Nouvelle génération aborde également le passage dans les
médias américains à la tyrannie du direct et à l'immédiateté de
l'info. Deux émissions télé sont présentés comme des produits
épouvantables, celle des recettes de cuisine avec une Kathleen
Kennedy totalement ivre ou le vieux présentateur déguisé en
Dracula qu'est Robert Prosky.
Les
gremlins s'amusent à parodier les films des années 1930, l'un d'eux
grimpe sur une maquette de gratte-ciel tel King Kong, un autre porte
un masque tel le Fantôme de l'opéra, ou celui-ci déguisé comme
une vamp d'avant l'application du code Hayes (elle va d'ailleurs
draguer un sbire du savant fou). Mais soudain, sans crier gare, les
bestioles prennent le pouvoir sur le récit. La pellicule se met à
brûler en direct et le film s'interrompt, Joe Dante brise le
quatrième mur de son film, se rend dans une salle de cinéma où des
spectateurs protestent de l'arrêt du film, mais les gremlins veulent
voir, encore une fois, Blanche Neige et les sept nains, comme
leurs ancêtres six ans plus tôt, même si cela ne leur a pas porté
chance.
Brûler
la pellicule au milieu d'un film n'est pas une nouveauté même si
c'est rare, Ingmar Bergman le faisait dans Persona en 1966,
Monte Hellman dans Macadam à deux voies en 1972. Plus de 25
ans après le film, voir un DVD de Gremlins 2 La Nouvelle
génération évoquer ainsi la pellicule 35mm, la croyance dans
le cinéma est fort réjouissant. Joe Dante en profite pourtant pour
faire l'état des lieux du cinéma américain de la décennie
écoulée, de ET à Batman, celle du cinéma pour ados
boutonneux, de ses références cinéphiles, de ses rapports à la
critique (l'interview du chroniqueur Leonard Maltin qui avait
descendu dans son journal Gremlins) comme au public amateur de
suites et remakes (cette salle qui veut toujours revoir le même
film).
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