C'était
l'un des premiers films des Straub que j'ai vu, à une époque (en
1999) où rien n'avait encore été édité en DVD. J'avais trouvé
une vieille VHS dans un coin du Crac Scène Nationale de Valence où
je bossais. C'était l'enregistrement d'une soirée sur Danièle
Huillet et Jean-Marie Straub sur Arte, il avait été diffusé
également Amerika rapports de
classes d'après Kafka. Trop
tôt trop tard est quant à
lui une lecture de textes de Friedrich Engels (né le 28 novembre
1820, il y a donc 196 ans aujourd'hui).
C'est
Danièle Huillet qui lit ces extraits qui évoquent la vie française
quelques temps avant la révolution française. Sa voix déclament le
nombre d'habitants, les métiers et d'autres renseignements sur les
communes filmées en panoramique. Puis la deuxième partie met en
rapport ces notes pré-révolutionnaires avec le discours de
l'écrivain égyptien Mahmoud Hussein. Là aussi des panoramiques
mais également des travellings sur les routes filment l'Egypte de la
fin des années 1970. C'est cela l'opposition entre le trop
tôt et le trop
tard.
L'ouverture
du film est l'une des plus mémorables de l'œuvre des Straub. La
caméra est embarquée dans une automobile. En son direct, sans
dialogue ni musique, la voiture, le temps d'une bobine 35mm – près
de 10 minutes, tourne autour de la place de la Bastille. Oui, c'est
bien cela la révolution, c'est un mouvement circulaire, et la
Révolution, ça tourne en rond une fois que c'est fini. Derrière
l'édification métaphorique, le spectateur peut voir à quoi
ressembler ce quartier parisien avant que Jack Lang et François
Mitterrand ne le fassent transformer.
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